Instagram et Facebook limitent les pubs ciblant les adolescents
Les réseaux sociaux ébranlent l'estime de soi chez les jeunes sujets

Accusés de nuire à la santé mentale du jeune public, Instagram et Facebook vont interdire les publicités ciblant les adolescents en fonction de leur genre. Mais est-ce suffisant à prémunir les utilisateurs mineurs contre les méfaits des réseaux sociaux ?



Meta, la maison mère des réseaux sociaux Instagram et Facebook va dorénavant interdire aux annonceurs de cibler les adolescents en fonction de leur genre. C’est ce qu’elle vient d’annoncer sur son site officiel.

Nouvelles mesures

Ainsi à partir de février, les régies publicitaires ne pourront plus cibler les utilisateurs mineurs en se basant sur leur genre ou en s'inspirant des comptes Instagram et pages Facebook auxquels cette cible est abonnée. Une décision qui selon Meta s'inscrit dans sa stratégie visant à limiter les effets néfastes des réseaux sociaux sur la santé mentale du jeune public.

« Nous restreignons les options dont disposent les annonceurs pour toucher les utilisateurs mineurs ainsi que les informations utilisées pour leur montrer des publicités. Les adolescents ne sont pas forcément bien « outillés » pour choisir et prendre des décisions sur l'utilisation de leurs données en ligne à des fins publicitaires... », note le communiqué de Meta. Avec les nouvelles normes instaurées sur Facebook et Instagram, seuls l'âge et la localisation des adolescents seront utilisés pour le ciblage publicitaire. Des outils seront mis à la disposition de ce public pour régler leurs expériences publicitaires et choisir leurs thèmes préférés et ceux à rejeter.

Dans le collimateur

Quelques mois auparavant, Instagram s’est vu infliger une amende record de la part de l’Union Européenne. Méfait ? Un défaut de sécurisation des données des mineurs. Cette nouvelle mesure annoncée par Meta serait ainsi une manière d’éviter d’être à nouveau épinglée tout en répondant aux accusations récurrentes de nuire à la santé mentale des adolescents.

Des accusations qui ne sont d’ailleurs pas sans fondement. Une récente étude publiée dans la revue scientifique Nature en avril 2022, révèle en effet que l’utilisation de ces plateformes affecte davantage la santé mentale des jeunes. Et ceci pendant deux périodes précises. Si les effets négatifs des réseaux sociaux ne sont pas une nouveauté, ces impacts deviennent plus lourds sur le bien-être à certains âges. Portant sur 84.011 personnes âgées de 10 à 80 ans résidant au Royaume-Uni, l’étude montre que les réseaux sociaux peuvent avoir un grand impact sur la santé mentale à deux périodes charnières de la vie des jeunes : La puberté et le moment où ils quittent le domicile familial.

Mal être précoce

Les auteurs d'une enquête connexe, plus ciblée, menée auprès de 17.000 jeunes de 10 à 21 ans, ont constaté que les adolescents utilisant plus fréquemment ces plateformes lors de ces périodes ont obtenu des résultats inférieurs quant à leur satisfaction de la vie. Si pour les garçons, cela correspond à 14-15 ans, pour les filles le phénomène est plus précoce et concerne les 11-13 ans. A 19 ans, l’âge moyen vers lequel les Britanniques ont tendance à quitter la maison, le même mal être est constaté pour les deux sexes.

Les chercheurs ont cependant constaté que la durée et la manière d’utiliser les réseaux sociaux ne change pas considérablement ce ressenti négatif. Explication ? Que l’utilisation soit minime ou intensive, on enregistre la même faible satisfaction de la vie chez les adolescents, avec toutefois une prédisposition féminine. La confirmation de ces constats vient d’Instagram himself, dans une enquête interne dévoilée en septembre 2021 par le « Wall Street Journal ».

Le pire réseau social

Qualifié par la Royal Society for Public Health de « pire réseau social pour la santé mentale des jeunes », Instagram explique l’origine de la souffrance psychique des jeunes par « la pression de se conformer aux stéréotypes sociaux, de se comparer à la richesse et à la beauté physique des influenceurs. Ceci ajouté au besoin de validation par autrui avec via les vues et les likes et la hyper-sexualisation des filles». Chiffrant cet impact négatif, le réseau social explique qu’il « empire le rapport à son corps d'une adolescente sur trois et un adolescent sur cinq dit qu'Instagram le fait « se sentir moins bien », ajoute le rapport interne.

Même si les spécialistes reconnaissent le bon côté des réseaux sociaux dans la socialisation des adolescents, ils restent cependant assez méfiants par rapport aux multiples effets d’une utilisation ouverte sans contrôle parental. Aux États-Unis, Instagram et TikTok font l’objet d’enquêtes de la part des procureurs généraux par rapport à leur impact sur les adolescents. En Europe, le RGPD (Règlement européen sur la protection des données) reste particulièrement stricte lorsqu’il s’agit du jeune public. Qu’en est-il du Maroc, nos enfants sont-ils bien protégés sur ces plateformes ? A suivre !