Poursuivi pour viol, Gerald Darmanin: « Je suis sans doute un sale con ».
Abuser de sa position pour profiter sexuellement, pas bon tout ça

La justice française se prononce mardi sur le recours d'une femme contre le non-lieu rendu en faveur du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, l'une des figures du gouvernement, qu'elle accuse de l'avoir violée en 2009. Des SMS mettent le ministre dans l’embarras.

Sophie Patterson-Spatz, 50 ans, a déposé une première plainte pour viol contre G. Darmanin au printemps 2017, pour des faits qui se seraient produits à Paris en 2009.

Selon la plaignante, Darmanin a exigé d'elle une relation sexuelle en échange d'un appui, alors qu'il était chargé de mission au service des affaires juridiques du principal parti de droite, l'UMP (Union pour un mouvement populaire) devenu aujourd'hui Les Républicains.

Elle souhaitait alors faire réviser une condamnation de 2005 pour chantage et appels malveillants à l'égard d'un ex-compagnon.

Selon elle, il lui avait fait miroiter lors d'une soirée son possible appui via une lettre qu'il s'engageait à rédiger auprès de la chancellerie.

La plaignante et le ministre reconnaissent tous les deux un rapport sexuel.

Mais Sophie Patterson-Spatz estime avoir été contrainte de "passer à la casserole" avec Gerald Darmanin quand celui-ci, alors âgé de 26 ans, lui aurait dit: "Vous aussi, il va falloir m'aider".

De son côté, le ministre de l'Intérieur affirme avoir "cédé aux charmes" d'une plaignante "entreprenante".

Un échange de SMS entre eux neuf mois plus tard est au coeur du dossier. Patterson-Spatz lui écrit: "Abuser de sa position. Pour ma part, c'est être un sale con (...) Quand on sait l'effort qu'il m'a fallu pour baiser avec toi. Pour t'occuper de mon dossier".

Réponse de Darmanin: "Tu as raison, je suis sans doute un sale con. Comment me faire pardonner?"

Dans son ordonnance de juillet, la juge d'instruction, qui a rendu un non-lieu, avait estimé que la plaignante avait "délibérément choisi d'avoir une relation sexuelle avec lui dans le but de voir son affaire pénale rejugée" et que Gérald Darmanin a "pu légitimement se méprendre sur les intentions" de la plaignante.

Le 13 décembre, le parquet général a requis la confirmation du non-lieu, estimant qu"il ne peut être considéré qu'(elle) n'a pas consenti à l'acte sexuel".

L'avocate de la plaignante, Me Elodie Tuaillon-Hibon, évoquait au contraire un "viol par surprise" et un rapport sexuel "extorqué", "ni libre, ni consenti".

Une habitante de Tourcoing (Nord) avait aussi accusé M. Darmanin, alors ministre des Comptes publics, de l'avoir contrainte à des relations sexuelles en échange d'un logement et d'un emploi. L'enquête a été classée en 2018.

La question maintenant est de savoir si le ministre qui exige une contrepartie sexuelles à ses services, n’en fait pas autant pour d’autres trésors. Après tout c’est toujours de la corruption.

Avec AFP