Le pornographe de Marrakech arrondissait ses fins de mois avec ses vidéos
L'accusé risque de 5 à 20 ans de prison selon les dispositions de la loi 27-14

De nouvelles révélations dans l’affaire de l’ingénieur qui filmait des vidéos pornographiques dans son appartement à Marrakech. Production, diffusion, gains et chefs d’accusation… Les détails de l’affaire. 

L’affaire de pornographie ayant secoué Marrakech la semaine dernière continue de défrayer la chronique. L’accusé ne se contentait par de filmer des vidéos sexuelles avec ses partenaires à leur insu, il les diffusait ensuite sur des sites pornographiques en en tirant profit.

Détails sordides

L’affaire éclate suite à une plainte de l’ami de l’accusé. Ce dernier scandalisé par le comportement de son ami, va informer la police ainsi que des activistes de droits humains à propos de ses agissements criminels. Ingénieur informaticien, l’accusé attirait ses victimes en leur promettant le mariage ou en miroitant l’espoir d’embauche dans une administration avec un salaire alléchant.

Transformant son appartement en studio, il arrivait pourtant à filmer leurs ébats sexuels à leur insu et sans leur consentement, comme l’affirme l’enquête. D’après les premières informations, la perquisition dans le dit appartement à permis de saisir plus de 200 vidéos pornographiques. Une source proche de l’enquête de notre confrère Kifache.com affirme cependant que 40 vidéos réalisées par l’accusé ont été déjà diffusées sur des sites pornographiques. Fait choquant : L’une des vidéos met en scène une victime à besoins spécifiques. Des séquences qui ont enregistré des millions de vus selon la même source.

Chefs d'accusation

Détenu actuellement à la prison locale Loudaya à Marrakech, l’accusé Agé de 31 ans, a expliqué aux enquêteurs qu’il menait son « industrie pornographique » par besoin. Etant alcoolique, il essayait d’arrondir ses fins de mois en diffusant ces séquences sur des sites spécialisés, en contre partie de sommes d’argent. D’après kifache.com, ses revenus pouvaient dépasser 8000 dhs par mois. Il est poursuivi pour traite d’êtres humains et réalisation de contenu numérique pornographique. De chefs d’accusation qui peuvent lui valoir une lourde peine de prison allant de 5 à 20 ans, selon l’âge et la situation de ses victimes.

La loi 27-14 relative à la lutte contre la traite d’être humains pénalise en effet ce trafic par des peines allant de cinq à dix ans d’emprisonnement assorties d’amendes. Si les victimes sont de surcroît mineures ou atteintes d’une infirmité permanente, d’une maladie organique, psychique ou mentale incurable, la peine s’alourdit pour atteindre jusqu’à de vingt à trente ans d’emprisonnement.

Traite d’être humain en chiffres

Selon le dernier rapport annuel de la Présidence du Ministère public, le Maroc enregistre annuellement une hausse du nombre d’affaires de traite d’êtres humains. En 2021, les différents tribunaux du Royaume ont traité 85 affaires soit une hausse de 8 % comparé à 2020 (79 affaires). Aussi, le nombre des victimes a connu une hausse significative au cours des trois dernières années pour atteindre 719 personnes.

Le nombre de personnes poursuivies dans des affaires de traite d’êtres humains a également enregistré des hausses importantes : 200% en 2018 et 96% en 2019. Plus de 47% des victimes de ce trafic sont des mineurs. Toujours selon le rapport du Ministère public, l’exploitation sexuelle représente la forme la plus dominante de la traite des êtres humains au Maroc avec 283 cas, suivie de l’exploitation dans la mendicité avec 56 cas et le travail forcé avec 35 cas.