Déficit français. Alger vaut bien une messe
Le ministre français offre le casque des gardes au patron de l'armée algérienne

Après tout, la politique du gouvernement français n’est pas difficile à comprendre, elle est même très évidente. Le pays a subi le déficit commercial le plus profond sur les biens. Un nouveau record à 164 milliards d’euros en 2022. Ce n’était déjà pas lumineux l’année précédente où le déficit était de 84,7 milliards d’euros. La France importe plus qu’elle n’exporte et cela dure depuis 2002. C’était la dernière année où il y a eu un léger excédent de la Balance des biens.

"On est malheureusement dans la continuité des années précédentes", a commenté le ministre du Commerce extérieur Olivier Becht, cité par l’AFP. Oui et donc la cause n’est pas le renchérissement des produits énergétiques, même si leurs prix ont été multipliés par 2,1 par apport à 2021. Le mal est structurel et n’a donc rien à voir avec l’énergie qui a eu certainement sa part de responsabilité dans cette contre-performance.

Et si la France en pâtit aujourd’hui, elle ne peut s’en prendre à personne. Le fait de réduire le nucléaire dans l’offre énergétique a mis la France dans une situation difficile, y compris politiquement, ce qui n’est pas une mince affaire. Le gouvernement a dû jongler avec les « principes de la république » pour trouver une source d’énergie à moindre coût. Il n’est pas allé très loin pour en trouver, l’Algérie était prête à aider et deux fois plutôt qu'une, offrir le gaz et acheter du matériel militaire. Mais là, il y avait bien sur des contreparties.

L’Algérie veut que la France la soutienne dans son entreprise cinquantenaire de séparation du Maroc. Effectivement, il semble que la France a acquiescé et même avec beaucoup de zèle. L’affaire du journaliste de BFMTV qui a été limogé pour avoir prononcé l’expression Sahara marocain l’explique très bien. En plus, ce sont des parlementaires européens français qui étaient à l’origine de la résolution du Parlement européen contre le Maroc. On a essayé d’expliquer que ces Parlementaires sont élus et donc libres de leurs actes, comme l’a fait l’ambassadeur de France au Maroc. Comme si personne ne savait que des élus pouvaient agir en sous main du gouvernement. Les marchandages politiques, on connaît.

Douloureux sacrifices

Mais, la France a pu quand même sauver les meubles, grâce aux services, principalement le tourisme, qui lui ont rapporté 50 milliards d’euros. Ce n’est pas suffisant pour résorber les pertes sur les biens, mais c’est mieux que rien. Or, comme on sait le tourisme est un secteur fragile. Dans un pays où la délinquance augmente, où les chauffards ensanglantent les routes et où les risques d’attentats sont toujours d’actualité, il y a un sérieux risque. Sans parler de la recrudescence des grèves, une spécialité française, qui perturbent les transports et les services touristiques.

Ce n’est donc plus un mystère si le président français fait la courbette aux militaires algériens fermant les yeux sur leurs exactions contre les citoyens, les activistes des droits de l’Homme et les journalistes algériens. Alger vaut bien quelques sacrifices. L’image est torpillée, personne ne croit plus à l’histoire de la France pays des droits de l’Homme. Sauf si l’Homme a du gaz.

Le gouvernement essaie d’expliquer aux Français, dans la rue en ce moment contre la réforme de la retraite voulue par leur président, que c’est la guerre en Ukraine qui est la cause de ce terrible déficit. Mais il n’y avait pas la guerre en 2018, ni en 2010, ni en 2003.

Alors, oui, la France peut offrir le casque des gardes républicains au généralissime algérien. Certes, les Algériens se sont sentis humiliés au point de recommander aux médias officiels et non officiels d’oublier cet épisode. Mais ce qui est fait est fait. Le zèle mène parfois à des bourdes.