Mariage des mineures : Plus de 20.000 demandes en 2022
mariage Min

Le fléau du mariage des mineures n’est pas prêt de prendre fin.  Plus de 20.000 demandes d’autorisation de mariage ont été enregistrées en 2022 et 13.652 ont été acceptées par les tribunaux marocains, selon le dernier rapport du Ministère public.



Malgré son interdiction par la loi, les juges marocains continuent de faire des dérogations et d’accorder des autorisations pour convoler en justes noces avec des mineures. C’est ce que vient de révéler El Hassan Daki, Procureur général du Roi près la Cour de cassation et président du Ministère public à l’occasion de l’ouverture de l’année judiciaire 2023.

De 20.097 demandes au total, seulement 6445 ont été refusées. Malgré les efforts déployés pour limiter le phénomène, la Moudawana qui a fixé l’âge légal du mariage à 18 ans, laisse pourtant la porte ouverte aux dérogations à travers les autorisations accordées par les juges. Ainsi plus de 102.000 unions avec des filles mineures ont pu avoir lieu entre 2004 et 2014, selon les données du Haut commissariat au plan (HCP). Rien qu’en 2019, 27.623 demandes d’autorisation de mariage de mineures ont été déposées auprès des tribunaux du royaume. « Des chiffres hautement inquiétants », commente auparavant El Hassan Daki, président du Ministère public.

Pourquoi les juges autorisent-ils ces mariages ?

Une étude récente du Conseil national des droits de l’Homme (CNDH) a dévoilée les explications avancées par les juges marocains pour autoriser le mariage des mineures. Dix raisons ont été ainsi recensées par les auteurs de l’étude. En tête vient le «respect» des traditions et des us locaux qui font que les filles doivent être mariées précocement. « Pour les protéger de toute déviance, préserver leur moralité et pour ne pas rater le coche du mariage », justifie-t-on.

Les filles ont également tendance à être mariées précocement lorsqu’elles sont orphelines ou lorsque l’un des parents est absent. Une raison qui rejoint une autre avancée par les familles et acceptée par les juges : La vulnérabilité socio-économique des filles objet de demande. Les mineures sont également autorisées à convoler en justes noces avant 18 ans lorsque le prétendant est un parent proche, un cousin ou autre.

L’étude révèle que l’abandon scolaire reste l’une des principales raisons avancées par la justice pour autoriser ce type de mariage. Cette enquête montre que de nombreux parents désireux de marier leurs filles, avancent comme argument la «sagesse précoce malgré leur jeune âge ». Autre cause avancée par les juges marocains pour justifier ce type de mariage : Le viol. Malgré l’abolition du controversé article 475, les tribunaux reçoivent toujours des demandes de mariage de filles mineures à leurs violeurs.