Les GRANDS perdants

Le conflit ouvert depuis des mois entre les directions respectives des partis du PJD et de l’Istiqlal vient de connaître son dénouement le plus logique. Les ministres Istiqlaliens ont présenté leur démission au chef du gouvernement, qui selon les dispositions de la constitution doit les remettre au Roi.

Cela met fin à une situation perturbatrice, celle d’un parti qui a annoncé son retrait de la majorité il y a deux mois, mais dont les ministres continuaient d’assumer leurs fonctions et dont le groupe parlementaire vote avec discipline. Le recours à l’article 42 était sûrement une erreur, parce qu’il ne s’agissait pas de conflits entre les institutions, mais uniquement entre deux partis alliés.

Quoi qu’il en soit, les deux mois n‘ont pas été mis à profit par les belligérants pour trouver un accord qui aurait pu éviter le divorce, qui est définitivement consommé. La solution la plus probable est l’intégration du RNI, en remplacement de l’Istiqlal. Ce parti a mis une seule condition, très logique, c’est la confection d’un nouveau programme gouvernemental et son adoption par le parlement. C’est une demande logique parce qu’il ne s’agit pas d’un remaniement technique, mais d’un vrai changement d’alliances, avec l’entrée d’un parti qui a voté contre le programme gouvernemental initial.

Depuis le début de la crise, nous avons estimé que cela fait partie de la vie démocratique et qu’il n’y avait aucun drame. Les faits nous donnent raison puisque c’est dans le cadre des institutions et de la constitution que la solution a été trouvée et qu’il n’y avait donc aucune impasse institutionnelle. Les reclassements que cela induit, le retour à une alliance Istiqlal-USFP qui va rééquilibrer l’opposition, sont eux aussi normaux en démocratie. D’ailleurs, si on sort de la politique politicienne, sur des dossiers importants, le RNI n’est pas tout à fait loin du PJD. Ainsi, en est-il de celui de la caisse de compensation. L’approche démantèlement contre aide directe prônée par les islamistes a été rejetée par l’Istiqlal, qui en a même fait une ligne rouge. Le RNI, dans l’opposition, n’a pas été aussi catégorique. Il appuie le principe comme une hypothèse de travail mais en conteste les modalités.

S’il ne s’agit ni de catastrophe, ni de drame au niveau institutionnel, il faut tout de même soulever la question du temps, qui n’est pas du tout neutre. En effet, il y a des urgences à la pelle. Le gouvernement est face à l’élaboration de la loi de Finances la plus sensible de la législature. Elle doit entamer le redressement des comptes publics, parce que tous les voyants sont au rouge et que toute détérioration serait fort dommageable pour l’économie marocaine, qu’elle plongerait dans une vraie récession et non pas dans une déclaration de la croissance. Elle doit par ailleurs entamer la réforme fiscale, en particulier par rapport à l’agriculture et fixer le cadre de celles des caisses de retraite et du système de la compensation.

Les politiques doivent avoir à l’esprit ces urgences et donc raccourcir les délais des tractations, en vue de constituer le nouveau gouvernement. C’est d’ailleurs l’existence de ces urgences au niveau de l’exécutif qui explique que l’ensemble des observateurs excluent l’option d’élections anticipées. Celles-ci, bien que prévues par la constitution, immobiliseraient l’exécutif pendant des mois. Or le Maroc ne peut se permettre ce luxe. Le changement de majorité, plus facile à digérer est la solution la plus souhaitable, parce que la moins coûteuse. C’est donc le choix responsable

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