Dérapage diplomatique. La France se mêle toujours de ce qui ne la regarde pas
L'histoire de chaperon rouge version Macron

Mettons les choses au point, dans cette affaire personne n’est défendable. Ni le président tunisien qui s’est arrogé tous les pouvoirs, ni la France qui croit toujours qu’elle est encore assez puissante pour sermonner les pays du tiers-monde.

« La France exprime sa préoccupation face aux récentes vagues d’arrestations en Tunisie, et appelle les autorités tunisiennes à veiller au respect des libertés individuelles et des libertés publiques, notamment la liberté d’expression ». C’était dit par la porte-parole du ministère français de l’Europe et des Affaires étrangères, vendredi 24 février 2023.

On retient le verbe appeler.

« La Tunisie a fait des progrès considérables en matière d’État de droit et de libertés publiques depuis 2011. Ces acquis démocratiques doivent être préservés ».

On retient le verbe devoir.

Le président tunisien est prévenu, s’il n’obéit pas, la France va, sans doute, lui tirer les oreilles. C’est la France pardi, exécution! Ça tombe mal, Kais Saied a l’oreille dure. Il s’attaque aux pays donneurs de leçons. « Nous n’avons pas envoyé de correspondances ni émis de communiqués pour exprimer notre préoccupation quant à la situation des libertés dans ces capitales qui émettent ce type de communiqués ». Juste. Mais trop tard.

il fallait profiter du mouvement des gilets jaunes pour exprimer des préoccupations face à la violence policière contre les manifestants. Certains ont perdu la vue, d’autres des bras ou des jambes. Pourquoi cela n’a pas été fait? La France s’en sort bien, en faisant passer le message que ces gilets jaunes étaient des destructeurs, des comploteurs... Et comme elle peut mobiliser ses médias dociles, elle est arrivée à étouffer la révolte et ses ambitions.

C’est bien de répondre du tac au tac à cette France qui croit devoir intervenir sur tout ce qui ne la concerne pas. A condition bien sûr d’avoir le derrière propre. Kais Saied va encore exploiter l’ingérence étrangère à son avantage. Or dans ce genre d’affaires, on ne peut donner raison à personne. La France ferait mieux de revoir son langage, elle peut se préoccuper si cela lui fait plaisir, mais donner des ordres non. Kais Saied ferait mieux d’écouter le peuple et rentrer dans la légalité.

On comprend que cela puisse être difficile pour la Tunisie, puisque les Islamistes qu’il a chassés du pouvoir manoeuvrent contre lui et profitent de la légitimité du combat. On sait ce qu’ils ont fait quand ils avaient le pouvoir. Ils ont soumis tout le monde à leurs lois et sous leur mandat, il y a eu beaucoup d’assassinats politiques. Et maintenant, ils essaient de se blanchir. Le président s’est mis tout le monde à dos. D’où son malheur.

Mais tout cela doit rester une affaire interne à la Tunisie, aucun pays n’a le droit de lui dicter la marche à suivre. C’est en mettant son nez dans des affaires qui ne la concernent pas que la France se fait expulser petit à petit de l’Afrique. Elle n’a plus rien à offrir, son modèle est dépassé et sa politique internationale ne peut pas faire un pas sans l’accord des USA.

Même en Europe, elle n’a plus assez d’influence, dépassée par l’Allemagne, l’Espagne ou encore l’Italie, surtout avec l’actuelle présidente du Conseil, Giorgia Meloni qui sait parler à son homologue français, Emmanuel Macron.

Il ne faut surtout pas oublier que c’est par son comportement d’ex-puissance, que la France a poussé des pays africains à chercher d’autres partenaires.

Donc, si chacun peut fouetter ses chats et laisser ceux des autres tranquilles, ce ne serait pas un luxe.