Il y a quelques décennies la part de marché de la France en Afrique dépassait 12%. Aujourd’hui, elle est à moins de 7%. Ce n’est pas qu’elle vend moins, au contraire, mais elle n’a pas pu suivre l’évolution de ce gros marché qui a pourtant quadruplé. Le président français a préparé ses valises pour une autre tournée africaine. Saura-t-il éviter ses dérapages passés?
La secrétaire d'Etat française chargée du Développement, Chrysoula Zacharopoulou, lance une évidence: "Aujourd'hui, les pays africains choisissent leurs partenaires librement et souverainement, et c'est tant mieux", dit-elle, à la veille d’une visite, mercredi prochain, du président français dans quatre pays africains, le Gabon, l'Angola, le Congo et la République démocratique du Congo (RDC).
Et donc, elle pense que Paris doit faire évoluer sa posture "vers plus d’écoute et d’humilité". Une nécessité, vu la propagation du sentiment anti-français en Afrique francophone.
Le président français va essayer de gratter un peu de prestige lors de sa visite, sachant qu’il a déjà commencé en juillet dernier avec le Cameroun, la Guinée Bissau et le Bénin. Il exécute ainsi son plan de visites de "quasiment tous les six mois, voire davantage », en Afrique.
La récente visite va être introduite par un discours que le président Macron va consacrer à la stratégie diplomatique et militaire de la France sur un continent où son influence est contestée, dit l’AFP. On va voir comment il va présenter sa vision et comment il va exprimer son « écoute » et son « humilité ».
Les analystes vont devoir analyser ce discours et comprendre si la France veut vraiment collaborer avec des pays africains ou seulement riposter aux autres pays qui ont réduit sa présence dans le continent. Ce n’est pas la même chose. Dans sa réthorique la France accuse certains pays de se laisser prendre dans le piège des mercenaires russes du groupe Wagner.
C’est certain. Mais alors, dans ce cas, les Russes n’auront fait que reproduire une pratique française déjà bien rodée. Les mercenaires de Bob Denard et d’autres n’étaient pas des ONG défendant les droits des oiseaux en Afrique. Le président français qui avait dénoncé le « projet prédateur de la Russie » en Afrique, voulait sans doute montrer que la France, elle, ne cherchait que le bonheur des Africains. Mais alors pourquoi a-t-elle échoué avec de si belles intentions?
Des analystes français, comme le directeur de la rédaction du Figaro, Guillaume Roquette, expliquent que c’est dû au manque de démocratie dans la plupart des pays africains alors que la France avait lié sa coopération à l’évolution démocratique au moment où d’autres pays, Chine et Russie ne s’embarrassaient pas de ces hauts principes. Si ça ne marche pas c’est à cause des dirigeants Africains qui s’accrochent à leurs habitudes néfastes, corruption, truquage des élections...
L’analyste oublie que la France a été, pendant très longtemps, le soutien non pas des peuples mais de dirigeants illégitimes. Elle l’est toujours pour certains pays et c’est justement pourquoi la contestation vient surtout des citoyens et des nouveaux régimes (Mali, Afrique centrale, Guinée, Burkina Faso) qui ont pris le pouvoir justement parce que leurs prédécesseurs étaient trop dociles. Sans oublier la révolution plus soft du Gabon qui a préféré rejoindre le Commonwealth plutôt que de perdre son temps avec une francophonie qui n’apporte rien.
Il y a 54 pays en Afrique, pour une population de 1,4 milliard d'humains. Le potentiel de croissance est énorme vu l'abondance des ressources de toute sorte. on comprend que tous les pays veuillent y aller et faire prospérer leurs entreprises. Quoi de plus légitime? Et dans cette course effrénée au chiffre, ceux qui parlent beaucoup je sont pas ceux qui gagnent. Par exemple, l'Allemagne ne fait pas beaucoup de bruit, mais elle dépasse la France.