OCDE : « Prêts pour la prochaine crise ? »
Serons-nous prêts à affronter efficacement les prochaines crises ?

La crise liée à la pandémie Covid-19 a dévoilé la fragilité et la non- résilience des systèmes de santé dans la plupart des pays. Le monde est-il prêt pour la prochaine crise ? Le dernier rapport de l’OCDE tente de répondre à cette question délicate.



La crise sanitaire liée à la pandémie Covid-19 a été révélatrice à plus d’un titre. Les systèmes de santé de la plupart des pays n'étaient pas assez résilients. Mis à rude épreuve, ils se sont avérés « fragiles » face aux chocs. C’est ce qu’affirme le dernier rapport de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

Les leçons de Covid-19

Intitulé « Prêt pour la prochaine crise ? Investir dans la résilience des systèmes de santé », l’analyse du OCDE tente de tirer les bonnes leçons de la pandémie. Les auteurs du rapport émettent également des recommandations susceptibles d’éviter de subir de plein fouet les prochaines crises qu’elles soient des pandémies, des crises économiques ou encore les effets et les catastrophes naturelles liée au changement climatique.

« La pandémie de Covid-19 est une tragédie », affirme le rapport. Plus de 6,8 millions de décès dans le monde à janvier 2023. En plus des décès « directs », une surmortalité a été constatée avec 18 millions de décès liés à la pandémie. L'espérance de vie a diminué dans de nombreux pays de l'OCDE en 2020 et 2021. « Il y a eu une perturbation généralisée de la société et de l'éducation. Le PIB a chuté de 4,7 % en 2020 dans les économies de l'OCDE », constate la même source.

Au-delà des ses lourds impacts directs, la crise sanitaire a dévoilé les vulnérabilités ayant miné la résilience des systèmes de santé dans les différents pays de l’OCDE et au-delà.

Quelles sont ces vulnérabilités ?

A l’avènement de la crise sanitaire, les systèmes de santé étaient sous-préparés. Les dépenses de prévention ne représentaient que 2,7 % des dépenses totales de santé dans les pays de l'OCDE en 2019. Outre l'âge, l'obésité et les maladies chroniques telles que le diabète étaient des facteurs de risque d'un impact grave sur la santé publique. Plus d'un tiers (35 %) de la population âgée de plus de 16 ans dans les pays de l'OCDE souffrait de maladies ou de problèmes de santé de longue date avant la pandémie. La prévalence était encore plus élevée (43 %) chez les personnes à faible revenu.

La pauvreté, le chômage et les vulnérabilités socio-économiques étaient fortement associés à de mauvais résultats en matière de santé. Au cours de la première année de la pandémie, le risque de mourir du Covid -19 a doublé pour les personnes vivant dans les zones les plus défavorisées et pour les populations des minorités ethniques. Les symptômes de dépression ont doublé chez les jeunes dans plusieurs pays de l'OCDE en 2020-2021, par rapport à 2019.

Les systèmes de santé accusaient un déficit flagrant en personnel. La pandémie a profondément éprouvé le personnel de première ligne et des soins de longue durée. Ils étaient débordés, épuisés voire esquintés par la trop lourde charge de travail. « Une situation qui a mené à une exode massive. Cela aggraverait la pression sur ceux qui sont restés et épuisait les ressources nécessaires à la prestation de soins de haute qualité, notamment pour répondre à l'augmentation substantielle des besoins en santé mentale », ajoute le rapport.

Comment y remédier ?

« Des investissements intelligents et ciblés dans la résilience du système de santé sont nécessaires pour améliorer les prestations de santé et faire en sorte que le prochain choc soit moins perturbateur et moins coûteux », recommande l’OCDE.

Pour renforcer la résilience des systèmes de santé, il faut un investissement annuel ciblé de 1,4 % du PIB dans les pays de l'OCDE par rapport aux dépenses de 2019. Le principal investissement, environ la moitié, devrait concerner les personnels de santé. Les pays doivent notamment s’attaquer à la pénurie de main-d’œuvre dans leurs hôpitaux, améliorer leur approvisionnement en matériel médical et miser sur une meilleure coopération internationale en matière de recherche médicale et de distribution équitable des ressources et du matériel médical ( l’OCDE cite là l’exemple de la distribution des vaccins à l’échelle mondiale).

« Les populations vulnérables rendent les systèmes de santé vulnérables », tranche le rapport en recommandant de s’attaquer aux problématiques socio-économiques tels la pauvreté et le chômage. « L’amélioration de la protection sociale et la santé des populations vulnérables tout en faisant la promotion des modes de vie sains sont essentielles pour atténuer l'impact des chocs futurs sur les systèmes de santé », dixit le rapport.

D’autres recommandations ?

Investir dans l'infrastructure numérique améliorera également les performances du système de santé entre les crises. « Sans les bonnes données, les décideurs opèrent à l'aveuglette », explique le rapport. Pour les crises futures, les données devront être collectées et reliées au-delà du système de santé, en tenant compte des interdépendances qui surviennent pendant une crise, recommande l’OCDE.

L’OCDE conseille également de cultiver « la confiance dans les institutions » qui est nécessaire pour la cohésion sociale face aux crises. « La désinformation et la mésinformation sape les réponses sociétales. Il est essentiel de lutter activement contre ça tout en privilégiant la transparence », conclut l’OCDE.