Entretien avec Abderrahim El Manar Esslimi «Benkirane a failli»
Abderrahim El Manar Esslimi, politologue, Professeur u00e0 lu2019Universitu00e9 Mohammed V de Rabat

L’Observateur du Maroc. Quelle lecture faites-vous de l’issue du bras de fer entre Benkirane et Chabat ?

Abderrahim El Manar Esslimi. Ce qu’a connu la scène politique est un exercice démocratique normal. Sa première étape était l’invocation par le parti de l’Istiqlal de l’article 42 de la constitution, ce qui était une erreur. Le différend entre deux partis de la coalition gouvernementale n’est pas synonyme d’une crise institutionnelle. Les désaccords touchaient plus les méthodes de prise de décision et le fonctionnement de la majorité. La deuxième étape c’est l’application de l’article 47. Maintenant, ce différend politique va être résolu par la voie constitutionnelle. Donc, au-delà de la polémique, cet exercice est normal et traduit l’application du texte fondateur de juillet 2011.

Qui sort gagnant de cette crise politique, le PJD ou l’Istiqlal ?

Si on observe profondément les choses, le constat est que le vrai perdant est le PJD.

Il est évident que ce parti n’arrive plus à bien gérer sa coalition et les différends qui peuvent surgir en son sein. Le Chef du gouvernement a des lacunes de communication et il n’arrive pas à convaincre ses alliés de son projet. Au final, c’est le PJD qui perd gros avec le départ de l’Istiqlal.

Le PJD peut-il se targuer de n’avoir pas plié face à Chabat qui ne pourrait plus placer ses hommes dans le gouvernement ?

Un professionnel de la politique n’est pas un homme de la rue qui gère ses bras de fer avec impulsivité. L’équation politique demande des concessions au bon moment, les communiquer d’une manière optimale et gérer les externalités qui en découlent. Au regard de ces critères, Benkirane a failli. Les signes de cet échec vont apparaître à court terme car nous entrons dans la phase déclinante du parti. La gestion gouvernementale du PJD se résume en la création sans cesse de conflits politiques. Cette approche vise à répondre à ce que le parti appelle « les agitateurs et déstabilisateurs de l’expérience en cours ». Avec le départ de l’Istiqlal, une nouvelle phase commence. Le PJD devrait maintenant s’atteler à gérer les affaires publiques. Cette mission ne va pas être chose aisé.

Que deviendra l’Istiqlal en revenant à l’opposition ?

L’Istiqlal va se retrouver plus fort dans l’opposition. Il sera le premier parti de l’opposition ce qui va équilibrer les rapports entre majorité et opposition. Par son expérience et ses cadres, le parti de Allal El Fassi est un parti rôdé à l’exercice de l’opposition comme du pouvoir.

Que peut apporter l’entrée du RNI au gouvernement ?

Contrairement à l’idée reçue, le RNI ne dispose pas de nombreux choix de ministrables. Il risque de reconduire de vieilles figures impliquées dans de diverses polémiques. создание репутации в сети интернет