Viol collectif : Une pétition à plus de 12.000 signatures pour réviser le jugement
Des milliers de signatures en un temps record pour cette pétition de l'indignation

Des milliers de citoyens ont signé la pétition « Arrêtons les crimes contre les femmes et les enfants », lancée par l’écrivaine Yasmine Chami, pour protester contre « La sentence de la honte » dans le viol collectif de Ghezouana.  



L’opinion publique n’arrive toujours pas à « avaler » la sentence « dérisoire » contre les violeurs de la fillette de Ghezouana. Après l’émoi et la stupéfaction, personnalités publiques, associations féministes et citoyens passent à l’action. Si les uns ont choisi de publier des communiqués de dénonciation et d’indignation, d’autres tentent de faire entendre leur voix et initier le changement via les pétitions. L’écrivaine Yasmine Chami, elle, a choisi de lancer une pétition en ligne pour crier sa rage, son indignation mais surtout pour réclamer réparation du double préjudice.

La semaine dernière, la Cour d’appel de Rabat a condamné à deux ans de prison les trois auteurs d’un viol collectif dont la victime est une enfant de 11 ans. Les coupables âgés de 25, 32 et 37 ans ont violé, à répétition, la fillette originaire de Douar Ghzouana à Tifelt. La victime est, de surcroit, tombée enceinte de l'un de ses violeurs.

Révisez ce jugement !

« Nous citoyennes et citoyens marocains, indignés par le jugement ignoble qui condamne à deux ans de prison seulement des criminels qui ont violé une de nos enfants âgée de onze ans, devenue mère à douze ans après cette exaction abominable, Exigeons que le procès soit réouvert et la condamnation des violeurs révisée ! », proclame la pétition lancée sur la plateforme Change.org.

Un appel auquel plus de 12.290 signataires ont répondu en deux jours seulement... et ça continue. « Nous exigeons la justice pleine et entière pour ces deux enfants, la petite fille et son bébé, victimes d’une misogynie qui accable les mères, déresponsabilise les hommes de leur paternité, absout les violeurs et s’accommode des violences contre les enfants et les femmes, en général », revient à la charge l’écrivaine scandalisée par la « tolérance » de la justice par rapport à des crimes aussi abominables.

Mobilisons-nous !

« Svp, les amis, lisez et signez cette pétition. Il y va de la vie, de la reconstruction des victimes de violences sexuelles. Les souffrances dues aux traumatismes terribles que sont le viol, l'inceste, les grossesses non désirées sont inimaginables pour la majorité des personnes. Par ailleurs, le système judiciaire détourne le regard sur ces crimes et les condamnations demeurent toujours aussi légères pour les bourreaux », commente Madiha Hajoui, psychothérapeute analytique.

« Jusqu'à quand ce crève-cœur absolu, ce degré 0 de l'inhumain !? Qu'une justice éclairée soit rendue aux victimes et aux bourreaux. Les articles de loi existent, ils sont édictés mais non appliqués », charge-t-elle. « Votre soutien à cette pétition permettra une révision de ce procès aux conclusions amères pour les victimes et pour la société marocaine toute entière », encourage Hajoui sur facebook.

Un observatoire pour contrôler

Au-delà de la consternation et de l’amertume devant une « telle injustice », les signataires aspirent au changement : Le changement des mentalités, la perception de la violence contre enfants et femmes et le changement d’un système judicaire « mal contrôlé ». « Nous exigeons que soit mis en place un observatoire ou tout mécanisme indépendant et actif qui aura pour mandat de signaler tous les manquements de la justice dans les verdicts concernant les violences faites aux femmes et aux enfants », réclament cette pétition ambitieuse.

Sur sa page officielle facebook, Yasmine Chami mène une véritable campagne pour instaurer cette instance de contrôle, garante d’équité et de justice. « Unissons nos efforts pour que justice soit faite et pour obtenir la mise en place d’un observatoire des décisions de justice concernant les violences faites aux femmes et aux enfants. C’est notre société que nous construisons », insiste l’écrivaine en encourageant les citoyens à signer la pétition en masse. « Il faut continuer pour que le ministère de la justice et les juges mesurent notre indignation. Signez et faites circuler autant que possible. Le jugement va être révisé. Il faut maintenir la pression », s’enthousiasme l’écrivaine.

Nous condamnons !

Une hargne et une consternation largement partagée par les signataires de la pétition. Leurs commentaires sur Charge.org en disent long sur la profondeur du choc par rapport à l'atrocité du crime mais aussi par rapport à la légèrté du jugement.

« Je suis horrifié par la clémence du jugement. Mon cœur pleure pour cette petite dont l'enfance a été brisée et l'avenir sérieusement compromis », commente Adil Bouifrouri. Pour Soraya Othmani, « C’est tout simplement abominable ! Les Lois doivent changer et les criminels pédophiles doivent recevoir des peines extrêmes ». D’après Mehdi Salmouni Zerhouni, « Il faut enlever au juge son pouvoir d'appréciation. Il doit appliquer des peines fixes et précises aux crimes sexuels infligés aux femmes, aux enfants et aux mineurs ».

Pour Imane Merjane, « Toute violence doit être condamnée en fonction de sa gravité. Tous les pédophiles doivent être condamnés à des peines lourdes pour éviter les récidives ». Même avis du côté de Tarik El Boussouni : « Tant d’injustice me révolte et me mets hors de moi !!! Prison à vie pour ces violeurs ! », tranche ce pétitionnaire. Même rogne, même incompréhension et même accablement de la part de Souad Bennani, « C'est ignoble et le jugement est injuste. Il s’agit de vies détruites et de destins brisés ! ».

Ce cri du cœur des pétitionnaires sera-t-il entendu ? Le procès sera-t-il reconduis et la sentence révisée ? Affaire à suivre !