Premier mai à la française. La manip dans la manif
Les ultras sont-ils infiltrés par la police? Photo AFP

C’est classique, pour les manifestations, les chiffres des autorités ne coïncident jamais avec ceux des organisateurs. Toutefois les différences entre les deux peuvent signaler le degré de démocratie dans un pays donné. Sur le front politique, on s’étripe joyeusement avec toutes sortes d’accusations.

En France, la Confédération générale du Travail (CGT) annonce 2,3 millions de manifestants le jour du premier mai. Pour le ministère de l’Intérieur ils n’étaient que 782.000. Grosse différence, 1,516.000 manifestants se sont évaporés. Cette nouvelle journée de protestation a été placée sous le signe de l’unité et de la colère contre la très décriée réforme des retraites.

A Paris, quand le syndicat parle de 550.000 manifestants, la préfecture de police n’en recense que 112.000. Différence, 438.000. C’est beaucoup là aussi. Evidemment, le gouvernement essaie de minimiser l’importance de la mobilisation syndicale, ce qui est de bonne guerre, mais là c’est trop exagéré. Des différences de plus des deux tiers, il faut oser.

En matière de blessés, il y a aussi une bataille. Les autorités font état des membres des forces de l’ordre blessés, les organisateurs recensent leurs militants. Pour les autorités, il n’y a eu que 61 blessés parmi les manifestants, mais pour l’Observatoire des Street-Medics, un groupe d’enquête indépendant, ils étaient plus de 200.

Mais ce n’est pas tout, les autorités doivent aussi montrer la violence des manifestas, à travers le nombre des policiers blessés, 406 dont 259 à Paris.

Bataille politique

Sur le front politique ces questions de chiffres et de violences font débat. Chacun essaie de décrédibiliser l’autre et cela fait une belle pagaille médiatique.

Les Républicains et le Rassemblement national ont dénoncé le silence de Jean-Luc Mélenchon, chef de file de La France Insoumise (opposition) sur les violences, un sénateur LR va même jusque’à parler de complicité.

Or, des responsables LFI ont bien condamné les violences contre les forces de l'ordre et contre les manifestants.

Par ailleurs, l’opposition s'interrogeait sur l'efficacité de la prévention, sachant que « le renseignement territorial annonce à l'avance le nombre et l'armement prévus des black blocs ». Plus encore, certains pensent que les ultras, présumés auteurs des violences sont infiltrés par la police. Si c’est vrai, cela voudrait dire que les autorités manipulent les casseurs pour donner une mauvaise image sur l’opposition.

La technique est connue depuis longtemps, il faut le reconnaître. Mais au moins, cette fois-ci personne n'a été éborgné.

Avec AFP