Deux questions se posent : l’eau de plus en plus rare et dont la mobilisation est de plus en plus couteuse, est-elle bien valorisée au Maroc? Le pays n'exporte t-il pas trop d'eau alors que la ressource tend à manquer ? Le spécialiste sénior de la gestion des ressources en eau à la banque mondiale, Rémi Trier tente de donner des éléments de réponse. Sur la base d’une étude portant sur la période 2011-2019 et utilisant une méthodologie d'évaluation de l'eau virtuelle développée par l’UNESCO, l’expert note que le Maroc dispose d'un bilan d'eau virtuel positif en agriculture en important 20.7 milliards de mètres cubes (MMm3) et en exportant 1.8 MMm3 par an. Le total de l'eau utilisée pour l'alimentation est estimée à 63.7 MM de m3 dont 38.5% est importée. L’eau utilisée en agriculture atteint 34.8 MM de m3 dont seulement 6.2% est exportée.

Selon l’expert, la majeure partie de l'eau agricole utilisée au Maroc est destinée à la production alimentaire consommée au Maroc (33 MMm3).

Sur la valorisation de la ressource eau, il ajoute que l'eau exportée (fruits frais, légumes, agrumes) est 8 fois mieux valorisée que l'eau importée (céréales, alimentation animale, oléagineux).

Trier reste par ailleurs convaincu qu’une souveraineté alimentaire accrue, dans un contexte de rareté de l’eau passe par une valorisation optimale de l'eau verte (eau de pluie consommée) en bour via l’agriculture de conservation et de l'eau bleue (irrigation) à travers l’irrigation de précision. Aussi, il insiste sur la nécessité d'augmenter ce ratio d'échanges d'eau virtuelle au-delà de 11 fois.