Etude : La solitude augmente le risque de décès
La pire des solitudes c'est d'être isolé tout en étant entouré

Se sentir seul serait aussi dangereux que de fumer 15 cigarettes par jour. Pire encore, la solitude augmente le risque de décès prématuré de près de 30 %. C’est ce que nous révèle une sérieuse étude américaine. Vous sentez-vous seuls  ? Il en va de votre bien être et votre longévité !

La pire des solitudes c'est d'être isolé tout en étant entouré


La solitude est mortelle... Ce n’est pas une métaphore ! C’est le résultat surprenant d’une sérieuse étude scientifique américaine. Les détails de ce rapport sur « la nouvelle épidémie » sévissant aux Etats unis ont été dévoilés, début mai 2023, par le médecin en chef Dr Vivek Murthy. Le spécialiste y affirme que la solitude, qui a tendance à se généraliser actuellement, est aussi dangereuse pour la santé que le tabac. En termes plus précis, se sentir seul est aussi nocif que de fumer 15 cigarettes par jour... Rien que ça !

Seul, tu mourrais prématurément !

Facteur prédisposant, la solitude augmente également le risque de décès prématuré de près de 30 %. Explication ? L’absence de contact ou les mauvaises relations sociales augmentent le risque d’accident vasculaire cérébral et de maladie cardiaque... Même chez les jeunes sujets.

« Les humains sont par essence des êtres sociables qui ont un besoin vital de contact, de partage et d’interaction avec autrui. Etre seul et se sentir seul constitue de ce fait une souffrance. La solitude affecte progressivement la santé de la personne en touchant son système psychosomatique qui se défend moins et mal contre les maladies et les différentes agressions du monde extérieur », nous explique Bernard Corbel, psychologue clinicien à Casablanca.

Enorme ? L’impact de ce sentiment négatif dépasse l’entendement en effet. D’après les données de l’étude américaine, le corps, en sentinelle éveillée, envoie différents signaux de détresse lorsque l’esprit va mal. Une alerte sous forme de symptômes psychosomatiques, des maux physiologiques qui résultent et traduisent une souffrance émotionnelle résultant d’un profond sentiment de solitude.

Epidémie de la solitude

Un moral en berne qui impacte négativement et profondément la bonne santé du corps... Comme l’affirme l’étude américaine. « Le sentiment de solitude est un signal que le corps nous envoie lorsque quelque chose dont nous avons besoin pour survivre nous manque » déclare Dr Vivek Murthy à l’Associated Press.

La fausse sociabilité des réseaux sociaux approfondit le sentiment de solitude


Ce dernier affirme d’ailleurs que l’épidémie de solitude touche particulièrement les jeunes de 15 à 24 ans. Cette catégorie a vu la durée du temps passé avec les amis baisser de 70%. Toujours d’après ce rapport, les gens auraient rétréci le cercle de leurs amis pendant la pandémie du coronavirus. Ils ont également réduit la durée du temps passé à leurs côtés.

Covid, réseaux sociaux ... Les coupables

En publiant les résultats de ces travaux, le chercheur américain lance une alerte par rapport à un mal qui ronge en silence des millions de personnes en Amérique et ailleurs. Ceci tout en augmentant ostensiblement le coût de la prise en charge sanitaire. Une situation aggravée selon cette étude par les retombées de la crise sanitaire liée au Covid-19 et par l’effet des réseaux sociaux. Paradoxalement, ces derniers, retranchent les individus loin des liens sociaux réels et les piègent dans des bulles de solitude aux fausses allures sociables.

Une étude internationale révèle que le temps passé connecté sur les réseaux sociaux impacte profondément l’état psychique des individus. Ainsi les personnes qui passent plus de deux heures par jour sur ces réseaux étaient deux fois plus exposés au sentiment de solitude que celles qui y passent 30 minutes ou moins par jour. Mais qu’en-est-il de la situation au Maroc, dans une société qui se targue de ses liens sociaux solides et de sa cohésion sociale à toute épreuve ?

Mutation

« Les liens familiaux ne sont intéressants et bénéfiques que s’ils contiennent les principes de bienveillance, de respect, d’empathie, d’écoute et de sensibilité accrue », explique Bernard Corbel. D’après le clinicien, les liens familiaux n’ont pas toujours les qualités requises pour produire les effets « spectaculaires » escomptés. « La famille traditionnelle marocaine est confrontée, par le biais des réseaux sociaux, à d’autres modèles familiaux et de liens intrafamiliaux. De ce fait, il peut y avoir une mise à mal du modèle traditionnel si comparaison il y a, surtout en présence de comportements négatifs au sein des familles », analyse le psychologue.

Irrespect, manque de commination, violence verbale ou physique... Sont autant de facteurs qui poussent les individus à se tourner vers les réseaux sociaux pour s’y « réfugier ». « Une « fausse » impression d’être en contact direct avec autrui alors que rien ne peut se substituer à l’interaction et l’échange réels avec des êtres en chair et en sang », nous explique le psychologue.

D’après les résultats de l’étude américaine, ces « échanges » virtuels, libres d’accès et disponibles à coup de clics, laissent une impression de vide doublée d’une frustration accentuée. Un ressenti qui exacerbe le sentiment de solitude et l’approfondit au fil d’utilisation et du temps.

La grande solitude

« La société marocaine est en pleine individualisation. C’est un processus qui n’est pas du tout positif car générant de l’égocentrisme et un retrait social. L’accès à l’autre est marqué par une marchandisation des relations. Tout est faux comme cette notion d’amis sur facebook ! C’est complètement dramatique d’appeler amis de simples contacts », ajoute le psychologue.

Marcher, communiquer, s'éloigner de l'emprise des réseaux sociaux ... pour retrouver "le vrai autre"


Avec une construction « un peu pathologique » du monde, comme la qualifie Corbel, il y a une grande tendance à cultiver la solitude. « Des personnes atteintes de certains troubles mentaux tendent à se retirer des sphères familiale et amicales pour consommer de la « fast-sociabilité » servie par les réseaux sociaux ; le plus souvent dans leurs chambres, dans des plateau-repas comme de grands malades », décrit le clinicien.

La solution ?

Comment échapper au piège de la solitude dans ce cas de figure ? « La clé d’un certain bonheur et d’une « bonne » santé réside dans la qualité des interactions », conseille le psychologue. Pour ne pas tomber dans la solitude, il faut intégrer des groupes de paroles, de lecture, de théâtre, de sport... « Des activités collectives avec des liens interpersonnels de bonne qualité à pratiquer en petits groupes... C’est extrêmement salutaires », affirme Corbel.

Pratiquer des activités avec autrui pour échapper au piège de la solitude


Le spécialiste encourage d’ailleurs à se retrouver en « bonne compagnie » pour des activités conviviales. « Pour déguster un repas, boire un café ou même pour une promenade à deux ou à plusieurs... Des interactions instructives et constructives qui permettent d’être réellement connecté aux autres. C’est ce qui va renforcer le système immunitaire des personnes », conclut le clinicien.