La détention provisoire continue d’engorger les prisons marocaines
La détention provisoire exacerbe le surpeuplement dans le milieu carcéral

La population carcérale s’approche des 100.000 individus et plus de 40% des détenus sont emprisonnés à titre préventif … D’autres chiffres et détails sont dévoilés par le dernier rapport de la Délégation générale à l'administration pénitentiaire et à la réinsertion (DGAPR). 



En 2022, les prisons marocaines ont compté 97.204 détenus. 41% de cette population est constituée de prisonniers en détention préventive. Quant aux nouvelles arrivées dans les établissements pénitentiaires, elles étaient de 116.922, dont 95% sont des détentions provisoires.

C’est ce que révèle le dernier rapport de la Délégation générale à l’administration pénitentiaire et à la réinsertion (DGAPR). Rendu public lundi, ce rapport annuel dévoile des chiffres et autres données concernant la population carcérale dans les 71 établissements pénitentiaires du Maroc.

Population carcérale en évolution

Après avoir enregistré une baisse lors de la crise sanitaire liée au Covid-19 en 2020, le nombre des détenus est reparti à la hausse. Passé de 86.384 en 2019 à 84.990 en 2020, ce nombre atteint 88.941 en 2021 et s’est établit en 2022 à 97.204 détenus. D’après les prévisions de la DGAPR, ce chiffre devrait baisser ultérieurement à 96.414. En 2024, la population carcérale atteindra les 98.963 détenus puis 101.512 en 2025. Toujours selon les projections de la DGAPR, cette tendance haussière se confirmera au cours de 2026 avec plus de 104.000 prisonniers.

En genre et en nombre

Le nombre des détenues femmes a également augmenté de 13% entre 2021 et 2022. Elles représentent ainsi 2,42% de l’ensemble de la population carcérale tandis que les mineurs et les personnes en situation de handicap en constituent respectivement 1,21% et 0,34%.

La population carcérale est plutôt jeune avec 48,18% des détenus âgés de moins de 30 ans et 2,04% de personnes âgées. En termes de « typologie de délits », le nombre des inculpés pour délits de droit commun s’est établit à 41.016 alors que 31.920 des condamnés l’ont été pour des affaires liées aux crimes financiers.

Toujours selon le rapport de la DGAPR, 12% des détenus libérés en 2022 l’ont été par décisions de mise en liberté : Par acquittement et annulation du procès public ou dans le cadre de peines non privatives de liberté telles les amendes ou la prison avec sursis.

Casse tête

Les chiffres révélés par ce rapport 2022 démontrent que la détention préventive et sa durée continuent d’aggraver le surpeuplement des prisons au Maroc. Une problématique qui contraint la DGAPR à construire de nouveaux établissements pénitentiaires avec les charges financières inhérentes.

A noter que Mohamed Salah Tamek, le délégué général de l’administration pénitentiaire, ne rate pas les occasions pour « critiquer » le pourcentage trop élevé des détenus provisoires. Abdelatif Ouahbi, le ministre de la justice, a déjà annoncé l’adoption du bracelet électronique comme alternative à la détention préventive. Une mesure qui rentre dans le cadre de la réforme du code pénal et qui devrait aider à désengorger les prisons marocaines. Avec un ratio de 251détenus pour 100.000 habitants, le Maroc reste bien devant l’Espagne (116), la France (106) et l’Italie (94).