Ayant fait ses premières armes dans le street art, le plasticien marocain, de son vrai nom Mohammed Amine El Bellaoui, a gardé le pseudonyme avec lequel il signait ses graffitis dans la rue : Rebel Spirit. Pourtant, s’il y a une chose contre laquelle se rebelle cet artiste, c’est bien l’empire du contemporain et du suivisme de ceux qui surfent sur la vague de la mode.

L’artiste qui vit à Casablanca est très attaché à une féerie populaire, enracinée dans la ville de Casablanca, et appartenant au passé. L’insouciance d’antan, l’imagerie du XXe siècle, et les marqueurs culturels de naguère l’intéressent tout particulièrement. Son univers se compose d’ingrédients que l’on qualifierait aujourd’hui de vintage.

Dans son exposition, Rebel Spirit revient sur sa découverte, aux hasards d’une déambulation dans le marché de Derb Ghallef, d’affiches relatives au Prix International d’automobile de Casablanca qui s’est tenu sur un circuit d’Aïn Diab, en 1957 et 1958 ; la dernière édition de 58 ayant figuré au championnat du monde de Formule 1.

Ces affiches que l’on qualifierait aujourd’hui sans doute de vintage le bouleversent par leur charte graphique des plus audacieuses : des contre-plongées vertigineuses, des formes géométriques arrondies se détachant sur des aplats de couleur rouge surmontés de l’étoile marocaine. Comment ne pas se réapproprier cette inventivité graphique en la remettant au goût du jour ?

Pour Olivier Rachet, l’auteur du texte du catalogue d’exposition, la peinture de Rebel Spirit est d’essence exclusivement narrative : « S’y racontent pêle-mêle des virées nocturnes, des voyages convoquant le genre cinématographique du road movie, des courses-poursuites menées tambour battant par des jeunes filles dans le vent, mais aussi des moments de pose plus alanguis qui doivent toute leur raison d’être aux impératifs d’apparition des réseaux sociaux. Tout un attirail vintage (disques vinyles, radiocassettes, lunettes de soleil en plastique) convoque les albums photos de familles des années 80 dans lesquels chacun pouvait bomber le torse, arborer les tenues les plus clinquantes ou poser aux côtés d’une voiture avec une fierté de swagger. »

A la fois férus de street art et de culture urbaine, Rebel Spirit a les yeux rivés vers les productions graphiques et les modes vestimentaires des sixties, des seventies et des eighties. « Un temps où les images n’étaient pas encore numérisées et où l’on ignorait ce qu’était leur dématérialisation ».

Né en 1989 à Casablanca, Mohammed Amine El Bellaoui, alias Rebel Spirit, a fait ses classes dans le graffiti. Il étudie le graphisme à l’École des Beaux-Arts de Casablanca et choisit la bande dessinée comme domaine de recherche. Street artiste engagé et original, il se distingue par des choix esthétiques et un univers qui attestent du caractère et du tempérament propices à une grande carrière dans les arts plastiques.