Fatima Adoum : « Dans Hijack, j’incarne Rashida, une femme complexe pas du tout lisse »

Connue pour son rôle principal dans la série internationale The Team 2, l'actrice caméléon franco-marocaine Fatima Adoum nous parle de "Rashida", son nouveau personnage qu'elle incarne avec brio dans la série britannique Hijack au côté de la star britannique Idris Elba et Sam Nelson. Créé par Jim Field Smith et George Kay, le thriller sous tension diffusé sur Apple TV+ raconte l'histoire d'une prise d'otages dans un avion reliant Londres à Dubai, filmée en temps réel.

Dans la nouvelle série « Hijack », vous incarnez le personnage de Rashida. Qu’est ce qui vous a séduit dans ce rôle ?

Rashida est une femme du monde dont on comprendra peu à peu les motivations. Elle n’est pas du tout un personnage lisse mais une femme bien plus complexe qu’elle n’y parait au premier abord, ce qui m’a évidemment tout de suite séduit. Il fallait créer ce personnage qui est très différent de moi, nous avons donc essayé plusieurs perruques et tenues et soudainement Rashida était là. J’avais moi-même du mal à me reconnaitre et j’avoue que j’éprouve un plaisir extrême à me transformer.

J’aime beaucoup travailler à l’international et dans des langues différentes, donc quand des projets captivants comme celui-ci se présente, j’en suis ravie. J’ai évidemment aussi beaucoup d’admiration et de respect pour Idris Elba, comment ne pas en avoir ? (rires). Il a tout, le charisme, le talent et l’humilité. Donc collaborer avec de tels partenaires de jeu, c’est formidable. Je suivais également depuis un moment le travail de Jim Field Smith dont j’avais beaucoup aimé la série « Criminal » et j’ai également pu travailler avec un acteur dont je suis fan, Neil Maskell donc je dois avouer que c’était une belle surprise.

Comment avez-vous préparé le rôle ?

Comme toujours, j’aime travailler en priorité la backstory du personnage (l’histoire avant l’histoire) : quel est son passé et les raisons pour lesquelles « Rashida » agit de telle ou telle façon ? A partir de là, j’établis sa propre réalité émotionnelle. Ça se dessine dès la première lecture en ce qui me concerne, ça commence par la voix, la façon de dire le texte. La voix de mon personnage se met rapidement en place, presque automatiquement. A partir du timbre de la voix, de la diction, je commence à construire un rythme de vie, une façon d’être et surtout une backstory. Le passé que j’invente à mon personnage est très important pour la suite. Je veux comprendre Rashida sans la juger, trouver ses failles. J’ai également travaillé sa façon de bouger et de parler égyptien et anglais avec un accent égyptien. C’était très enrichissant de travailler avec le coach. Ce qui m’intéresse toujours le plus, ce sont les fragilités dissimulées car la force reste toujours une façade. J’aime jouer de la vulnérabilité du personnage très subtilement, petite touche par petite touche, ce sont des gestes, des regards, des respirations qui se jouent en filigrane. J’ai besoin de me connecter à mon personnage et de partager ses émotions en respectant ses motivations. J’ai toujours énormément d’empathie pour mes personnages, sans ça je n’arriverai pas à leur donner vie. D’ailleurs, j’ai beaucoup de tendresse pour Rashida.

Racontez-nous un peu votre expérience avec Idris Elba. Comment était-il sur le plateau ?

On a passé 6 mois ensemble dans un avion, c’est un très long vol (rires). Idris Elba, interprète Sam Nelson, un habile négociateur d’affaires. Il est également coproducteur de la série. C’est la star du show mais c’est aussi un homme simple qui a toujours une petite attention pour tout le monde. C’est une série britannique et le niveau de jeu des anglais est impressionnant, c’est une joie de travailler avec eux. Le cast est composé d’acteurs tout autant talentueux les uns que les autres et d’un humour so British dont je suis fan absolue.

Gardez-vous des anecdotes de votre tournage ?

Pour la petite anecdote, j’ai la chance de pouvoir me transformer très facilement. J’ai porté pendant 6 mois une perruque qui m’a beaucoup aidé dans ma transformation et je me suis amusée à faire des petits tests au début. J’ai fait la blague à mon chauffeur. Le premier matin lorsqu’il est venu me chercher, j’étais au naturel dans la voiture. Puis je l’ai croisé l’après-midi, j’avais mon costume, ma perruque et mon maquillage et je lui ai parlé en me faisant passer pour une autre, j’étais Rashida. Les anglais sont très polis, j’ai bien senti qu’il me répondait poliment mais qu’il se demandait pourquoi cette dame avec une mise en pli parfaite (rires) s’était approchée de lui pour lui parler de la pluie et du beau temps. Je lui ai avoué le soir en rentrant, il ne me croyait pas. Ma transformation fonctionnait, j’étais très contente.

Comment choisissez-vous généralement vos rôles ?

Le cinéma est un des rares métiers où on accepte volontiers de travailler 15h par jour et en redemander si l’aventure humaine est belle. Le cinéma est une histoire de désir et ce désir de collaborer, de s’amuser ensemble comme des enfants, doit être réciproque. Donc j’aime choisir et être choisie ou l’inverse.

Quels sont les rôles que vous aimeriez incarner dans le futur ?

Je suis ouverte à tous types de rôles même si j’ai une préférence pour les femmes de caractère (forte avec des failles). J’aimerais continuer à avoir cette chance inouïe de travailler en France et à l’international sur des projets excitants comme Hijack.

Comment avez-vous travaillé avec Jim Field Smith ? Et qu’attendez-vous généralement d’un réalisateur ? Préférez-vous être totalement dirigée ou alors avoir plus de liberté sur le plateau ?

J’aime faire totalement confiance au réalisateur et j’aime les réalisateurs qui ont confiance en leurs acteurs. Jim Field Smith est un de ces réalisateurs qui aiment les acteurs et qui est suffisamment expérimenté pour les laisser s’amuser. Il intervient discrètement pour des petits détails précis ou pour des raisons techniques essentiellement mais il laisse beaucoup de liberté sur le plateau, ce qui a mon sens est une des meilleures façons de diriger. Nous avons eu deux réalisateurs sur la série. Mo Ali est également un excellent directeur d’acteur. Il a réalisé les épisodes 3 et 4. Mo a énormément de respect pour les acteurs, il est délicat, précis, talentueux, vif, drôle. Immense joie et honneur également d’avoir été dirigé par Mo Ali.

Y-a-t-il un réalisateur marocain avec lequel vous aimeriez collaborer et pourquoi ?

J’aime beaucoup le cinéma marocain, il y a tellement de gens avec qui j’aimerais collaborer. La nouvelle vague qui s’affirme m’intrigue beaucoup. Kamal Lazraq par exemple est un cinéaste que j’ai vraiment envie de suivre et avec qui je serais ravie de collaborer. Faouzi Bensaïdi qui a un plus long parcours est également un réalisateur qui m’intéresse beaucoup. L’oeil aiguisé et l’esprit analytique de Asmae El Moudir m’attire également énormément.

Qu"est-ce que vous préparez pour votre public?

Après « Hijack », j’ai été invitée sur une nouvelle série Netflix qui s’appelle « Furies » où j’incarne Amythis, une femme que j’aime beaucoup, totalement différente de Rashida. J’ai hâte de voir le résultat qui va arriver très prochainement.

D’autres projets arrivent sur le grand et le petit écran bientôt. Le téléfilm « A Fleur de Peau », (Christian Bonnet,) où on m’a offert le poste de commandante de police (rires). Le long métrage « Petites Mains » (Nessim Chikhaoui) où je suis déléguée syndicale. 9.3 BB (Abd Al Malik) où j’incarne une ancienne star de la gymnastique. Et je rejoins cet été le casting de la nouvelle série Canal Plus sur la mafia corse intitulée « Plaine Orientale ». J’ai également mes projets personnels en tant que réalisatrice.