Scénaristes en grève. Hollywood plonge dans la morosité
Membres du Writers Guild of America (WGA) et du Screen Actors Guild (SAG) manifestent leur mécontentement (Photo AFP)

L'affaire "Treegate" qui a déclenché la colère des professionnels de Hollywood, en grève historique depuis le mois de mai, n’est en réalité qu’un simple arbre qui cache une série de dysfonctionnements dans l’industrie cinématographique qui connaît pourtant un essor remarquable depuis des décennies.

Les critiques se sont succédé contre le géant du cinéma et de la télévision "NBCUniversal" qui a tenté d'empêcher les acteurs et scénaristes en grève de manifester devant ses studios à Los Angeles en coupant des arbres qui fournissaient de l'ombre sous des températures torrides.

La société a payé une amende imposée par le conseil de la ville suite à ce geste, considéré par certains comme un défi face aux revendications des syndicats.

Inégalités des salaires et intelligence artificielle

Le mouvement de protestations a commencé lorsque 11.500 membres du syndicat américain des scénaristes "Writers Guild" ont entamé la grève en mai.

Durant les quatre derniers mois de l’année, le taux d’activité a baissé de 28 pc par rapport à la même période l’an précédent, selon des statistiques de l’office du cinéma à Los Angeles.

La grève a pris de nouvelles dimensions avec l’adhésion du syndicat des acteurs de la télévision (Union des acteurs de la télévision et de la radio américaines) au mouvement de protestation pour la première fois depuis 1980 suite à la non-conclusion de nouveaux accords avec les grands studios.

La grève déclenchée par le plus grand syndicat professionnel à Hollywood (160.000 membres) a vivement menacé les industries cinématographiques et télévisuelles à cause de la suspension de toutes les productions.

Le principal point de discorde actuel porte sur le montant que les acteurs et les scénaristes devraient toucher lorsque leurs émissions et leurs films sont diffusés par des plateformes de streaming.

La montée en puissance de Netflix et d'autres plateformes similaires a bouleversé des pratiques commerciales de plusieurs décennies qui ont amené les travailleurs à croire que le modèle hollywoodien actuel n'est plus adapté à la nouvelle situation.

Récemment, tous les espoirs de voir cesser les grèves avec l’avènement du Labor day sont partis en l’air, car toutes les négociations ont échoué.

Le syndicat des scénaristes a rejeté une proposition portant notamment sur l’augmentation des indemnités, la qualifiant de demi-solution et insuffisante pour répondre aux attentes de 11500 scénaristes en grève depuis quatre mois.

Barbenheimer

La fièvre de Barbenheimer, un phénomène internet ayant commencé à circuler avec la sortie aux USA de deux films diamétralement opposés en genre à savoir Barbie et Oppenheimer et qui se sont partagés le box office tout l’été, n’a pas réussi à étouffer la colère des grévistes.

A l’exception des recettes engendrées par ces deux films ( 2,13 milliards dollars), les guichets ont vécu une période de morosité cet été, qui n’a pas pu être dissimulée par la fièvre de la couleur rose qui a envahi vêtements et accessoires toute la période estivale.

Le mouvement de débrayage a également impacté les postes d’emplois (-17.000) dans ces secteurs. Selon le rapport sur l’emploi d’août, les industries du cinéma et de l’enregistrement sonore ont accusé une perte de 16 800 emplois.

Durant les dernières années, l’image de Hollywood a été affectée par une série de crises qui a terni un monde déjà sous les feux depuis que le Mouvement #MeToo a visé plusieurs icônes Hollywoodiennes.

L’industrie cinématographique, qui n’avait pas échappé non plus aux répercussions de la crise sanitaire, est confrontée aujourd’hui à une grève.

The show must go on

Sur la célèbre "Walk of Fame" à Los Angeles, les touristes affluent malgré tout en grand nombre sur les commerces pour acheter des souvenirs. Chacun d’eux a en mémoire un souvenir qui le lie au monde de Hollywood: un film d’enfance ou une star hollywoodienne dont il a longtemps conservé les photos magazines.

Sur cette place, les visiteurs se mettent près des étoiles de leurs stars préférées pour se prendre en photo, d’autres font même la queue à côté des étoiles de grande légende hollywoodiennes.

L’étoile de Sylvester Stallone disparaît sous l’effet des travaux en cours dans le bâtiment à côté. Les fans ne peuvent malheureusement pas se prendre en photo avec leur star préférée.

Solution pour octobre 

Les producteurs tiennent à la reprise des productions, les responsables exécutifs ressentent un certain désarroi vu les impacts catastrophiques de la poursuite de la grève pour une période plus longue: la saison télévisuelle et la production des films pour l’été prochain sont apparemment tous compromises.

Pour les analystes, il est primordial de parvenir à une solution au plus tard en octobre. Les propriétaires des sociétés de divertissement, eux, subissent de fortes pressions à caractère politique.

C’est dans ce contexte que la responsable du département des finances de l'État de Californie, Fiona Ma, a adressé des messages forts aux responsables des Studios dont le directeur exécutif de Disney, Bob Iger et Brian Roberts, président du directoire de Comcast, propriétaire de NBCUniversal.

De son côté, la maire de Los Angeles Karen Bass a proposé ses bons offices pour faciliter les négociations.

Dans l’attente de voir disparaître le nuage de la grève qui plane sur l’industrie cinématographique, Hollywood cherche désespérément le scénario adéquat pour sortir de ce bras de fer et relancer la machine de production.

Avec MAP

**related_articles[9755]**