Sécurité alimentaire en Afrique, intégration régionale et son rôle dans la résolution de ce défi, modèle agricole marocain… Vision de Martien van Nieuwkoo, directeur mondial du pôle agriculture et alimentation chez la Banque mondiale.
« L'insécurité alimentaire en Afrique a pris une ampleur considérable, aggravée par la pandémie de Covid-19 et les augmentations de prix dues au conflit en Ukraine », résume à l’Observateur du Maroc et d’Afrique, Martien van Nieuwkoo, directeur mondial du pôle agriculture et alimentation chez la Banque mondiale. Selon lui, « une grande partie de ce problème réside dans l'accessibilité. Les ressources financières font défaut à de nombreuses personnes, ce qui rend l'alimentation inaccessible ».
Martien van Nieuwkoo note par ailleurs que ce défi est davantage lié à l'accessibilité qu'à la disponibilité. « Les chaînes de valeur en Afrique sont insuffisamment intégrées, entraînant des pertes alimentaires équivalant presque aux importations céréalières du continent », ajoute-t-il.
Le directeur mondial du pôle agriculture et alimentation chez la Banque mondiale, estime que « l'accord de libre-échange continental africain offre un potentiel significatif pour résoudre ces problèmes. Il pourrait, d’après lui, garantir que l'offre réponde à la demande aux niveaux nationaux et locaux. « L'Afrique produit en réalité plus de nourriture que nécessaire, mais cela varie selon les régions. Cependant, les frontières compliquent le transport des denrées alimentaires d'un pays à l'autre, augmentant les coûts et compliquant la distribution d'intrants agricoles tels que les engrais », déplore le spécialiste.
En ce qui concerne le Maroc, Martien van Nieuwkoo souligne que « le pays se démarque par son secteur agricole dynamique. Il a un accès privilégié aux marchés d'exportation, notamment l'Union européenne, et a réussi à diversifier son agriculture en privilégiant les cultures à haute valeur ajoutée ». De plus, « le Maroc produit des aliments répondant aux normes de sécurité alimentaire nécessaires pour l'exportation vers l'Union européenne », assure-t-il.
Pour lui, « le modèle marocain offre un exemple inspirant pour de nombreux pays africains ». Le pays, selon lui, incite à améliorer la productivité, à renforcer la chaîne de valeur et à diversifier l"agriculture vers des produits à haute valeur ajoutée. En gros, « le Maroc joue un rôle essentiel dans le développement agricole du continent, et son modèle de succès mérite une attention accrue », conclut le même expert.