JO de Paris 2024 : Le Belem sélectionne les convoyeurs chargés de ramener la flamme olympique à Marseille

"Une aventure unique". Le Belem, célèbre trois-mâts classé monument historique, multiplie les navigations au large de Toulon en France pour sélectionner les convoyeurs chargés de ramener la flamme olympique d'Athènes à Marseille l'an prochain.

Ce fleuron du patrimoine maritime français a largué les amarres peu après 10H00 mercredi, avec à son bord seize membres d'équipage et des stagiaires, invités à participer à toutes les missions essentielles d'un convoyage: de la corvée de vaisselle au hissage de voiles, en passant par l'entretien des mâts.

L'ancien navire marchand, construit à la fin du 19e siècle et désormais bateau de formation, a quitté la rade de Toulon pour deux jours en mer à l'issue desquels un jeune apprenti doit être choisi pour effectuer un voyage un peu particulier.

L'année prochaine, après douze jours de navigation au départ d'Athènes, le Belem doit s'amarrer dans le Vieux Port de Marseille avec la flamme olympique à son bord, choyée par quinze jeunes adultes sélectionnés grâce à ces stages.

"Cela a du sens que cela soit ce voilier qui transporte la flamme olympique puisqu'il a été construit en 1896, l'année de la création des Jeux modernes. Ils sont nés en même temps", avance le commandant du navire Mathieu Combot.

Jusqu'en 1914, le Belem a effectué 33 campagnes commerciales, transportant des fèves de cacao du Brésil, et des marchandises de Guyane et des Antilles.

Sauvé de l'abandon par le duc de Westminster qui le transforme en élégant yacht de croisière, avant de le revendre ensuite au brasseur Arthur Ernest Guiness, il passera sous pavillon italien après la Seconde guerre mondiale.

Le trois-mâts long de 58 mètres a été racheté en 1979 par la Caisse d'Epargne, qui crée un an plus tard la Fondation Belem, embarquant à son bord des stagiaires, huit mois par an.

Mercredi, ce sont 26 jeunes originaires d'Ile-de-France qui ont appris les bases de la navigation. Candidat pour faire l'aller-retour en Grèce l'année prochaine, Hugo Girbal, 21 ans, se dit déjà "très heureux" d'avoir eu l'opportunité de participer à une "aventure unique".

"Quand on m'a proposé le stage, j'ai dit oui tout de suite", estime le jeune homme, apprenti vendeur dans un magasin de bricolage.

"Je me suis éclatée. Echanger avec l'équipage, c'est une expérience extraordinaire pour les apprentis comme pour les encadrants", témoigne Elizabeth Auffray, directrice de la Chambre des métiers et de l'Artisanat, organisatrice du stage avec la Caisse d'Epargne d'Ile-de-France.

Elle aussi s'est rapidement prise au jeu. "J'ai pas mal tiré sur les cordes" pour monter les voiles, raconte-t-elle enthousiaste. Dans l'après-midi, alors que le ciel se couvre sur la Méditerranée, des dauphins sortent brièvement de l'eau à proximité du bateau, devant les yeux ébahis de plusieurs apprentis qui n'avaient jamais vu la mer.

Si le roulis et les rafales à 90 km/h ont mis les nerfs et les estomacs des stagiaires à rude épreuve, la plupart "en garde un super souvenir", explique Maïssan Chekri, 18 ans, apprentie photographe.

A bord, il reste de petits aménagements à faire pour accueillir la flamme. "Mais les conditions de vie seront les mêmes", assure Delphine Moulin, directrice des célébrations pour Paris-2024. Pour protéger le bois du navire, "la flamme voyagera dans une lanterne complètement hermétique", ajoute-t-elle.

Le 8 mai prochain, une fois arrivé au Vieux-Port accompagné d'une armada de bateaux, le Belem déposera un porteur de la flamme sur un ponton installé spécialement pour l'occasion face à la Canebière.

Après une soirée de festivités à être admiré, le symbole olympique reprendra son chemin, sur terre cette fois, afin d'arriver à Paris pour la cérémonie d'ouverture des Jeux, le 26 juillet.

(Avec AFP)