Un château pour une langue agonisante
Le château de Villers-Cotterêts où François 1er a imposé le Fraçais dans les actes juridiques

La présidence française a choisi la ville de Villers-Cotterêts pour y implanter la Cité de la langue française. C’est un rappel du roi François 1er qui avait imposé l’utilisation de la langue française dans les textes juridiques, en 1539. C'est bien, mais pourquoi Villers-Cotterêts?

Tout cela c’est bien, les francophones qui chantent, écrivent, se chamaillent en français ont donc une planque où ils pourront laisser éclater leurs talents. Et c’est l’Elysée qui l’assure: "Tous ceux qui, dans le monde entier, travaillent, créent, pensent, écrivent, jouent et chantent en français doivent se sentir chez eux à Villers-Cotterêts ». Le château vient juste d'être restauré moyennant 200 millions d'euros. Un gros investissement mais dont on attende beaucoup. On espère que la Cité de la langue française attirera 10 millions de visiteurs. Un bon coup sur la croupe de la ville. Hue donc!

Oh ça c’est mignon. Et pour s’y rendre c’est facile? Ben, cela dépend: si vous travaillez, créez, pensez, écrivez, jouez et chantez en français, en Europe ou en Amérique du Nord, c’est très facile, un billet d’avion et bien sûr une réservation dans un hôtel suffiront. Par contre, si vous travaillez, créez, pensez, écrivez, jouez et chantez en français en Afrique c’est un autre traitement.

Il vous faudra un visa que vous n’obtiendrez pas automatiquement. La France rejette plus qu’elle n’accorde de visas aux Africains. C’est déjà un problème. Et en plus du billet d’avion et de l’hôtel, les Africains devront payer pour le visa. Une grosse somme si on considère le pouvoir d’achat dans le contient.

Vous direz, et vous aurez entièrement raison, que c’est donc normal que de plus en plus de pays se sauvent de la francophonie, où on parle beaucoup et on travaille peu, vers l’anglophonie où on travaille plus et mieux.

Laissons cela de côté et voyons pourquoi le choix s’est porté sur Villers-Cotterêts. On l’a dit, c’est un hommage à François 1er, le lien monarchique n’a jamais été rompu, mais il y a autre chose. Cette ville qui est le fief de l’extrême droite croule sous la crise, avec un taux de chômage très élevé.

La Cité de la francophonie va lui permettre de relever la tête, grâce à l’arrivée des francophones du monde et aux événements qui y seront organisés. C’est donc une solution politique à un problème local. Voilà pourquoi des initiatives qui peuvent être excellentes peuvent échouer lamentablement.

Cela dit, il faut savoir que le premier pays francophone c’est la République démocratique du Congo avec ses 100 millions d’habitants et la première ville, eh bien, c’est sa capitale Kinshasa. La Francophonie aurait mieux gagné en installant la Cité de la francophonie à Kinshasa. Mais comme la France considère toujours la francophonie comme sa chasse gardée (bien que mal), elle veut que son territoire soit la Mecque de ceux qui travaillent, créent, pensent, écrivent, jouent et chantent en français. Enfin, ceux qui peuvent obtenir un visa.