Le Roi Mohammed VI et son frère le président Tebboun

Aux Nations Unies, lorsque le représentant permanent du Maroc parle des Algériens il parle de frères et lorsqu’il parle des dirigeants il parle de S.M Mohammed VI et « son frère Son Excellence le président Tebboun ». C’est ce que le Roi a d’ailleurs déjà exprimé dans nombre de ses discours et pour tout dire, cela laisse entrevoir une lueur d’espoir quant à la fin de ce grand et pernicieux malentendu entre les deux pays.

Le Maroc officiel a toujours parlé de l’Algérie et de ses dirigeants avec respect et considération. Le pays a son histoire, a ses problèmes comme tout autre pays et c’est un grand voisin. C’est pourquoi l’Etat marocain a toujours gardé un espace pour l’espoir et pour qu’on puisse se retrouver et discuter ensemble à tête reposée sans pression d’aucune sorte. 

Nous savons que les influences sont grandes et nombreuses, que certains pays extérieurs à la région font tout ce qu’ils peuvent pour maintenir cette séparation incompréhensible et anachronique entre des peuples que tout unit. Tout cela est connu et on le comprend. 

Chaque pays doit comprendre les contraintes de l’autre afin que le dialogue soit serin et franc. Il n’y a aucun mal à ce qu’on se dise toutes les vérités possibles, autour d’une table, c’est même la base de tout dialogue utile et productif. Les Algériens connaissent aussi les contraintes du Maroc. 

La question du Sahara est non négociable et de toute façon un Sahara marocain ne porte aucun préjudice à l’Algérie. L’Atlantique n’est pas un problème et l’Algérie peut y accéder dans une entente cordiale avec le Maroc. Ce dernier n’ira jamais jusqu’à interdire quoi que ce soit à son voisin, nous l’avons vu. Il n’a pas riposté à l’interdiction de l’espace aérien, ni à la fermeture des frontières, ni à la fermeture du gazoduc. Il laisse toutes les portes ouvertes. 

L’avenir est une question d’intelligence. Des questions aussi importantes que le marché des puces électroniques, la recherche pharmaceutique, les matières premières stratégiques, la supraconductivité, l’espace, les énergies renouvelables exigent une association efficace entre les pays du Maghreb. Le vrai pouvoir aujourd’hui est détenu par des hommes d’affaires qui peuvent permettre ou non l’expression des opinions alors qu’ils n’ont été ni élus ni désignés par des corps élus pour décider en cette matière.

Le monde a complètement changé et les politiques sont soumis aux influences de ces hommes d’affaires qui, grâce à leurs fortunes et leurs produits, sont devenus des « modeleurs » de l’opinion. Ils en jouent comme on joue avec de la pâte à modeler. Ils ont aussi le pouvoir d’envahir tous les systèmes informatiques et les paralyser complètement. Les batailles du monde moderne se déroulent sur un terrain invisible. Des batailles virtuelles, certes, mais qui ont un impact certain sur la vie des humains où qu’ils vivent. C’est dans ce contexte que le Maroc et l’Algérie évoluent et doivent trouver un modus vivendi qui leur assurera un avenir fort, sûr et riche. 

Alors qu’est-ce qui empêche les Algériens de qualifier les Marocains de frères? Qu’est-ce qui empêche le président Tebboun de dire « mon frère Sa Majesté le Roi Mohammed VI »? Est-ce si difficile à prononcer? Le Roi a déjà fait la moitié du chemin, il suffit d’avancer un peu. 

Juste une remarque très importante avant de finir. Bien sûr on va dire que sur les réseaux sociaux, certains Marocains insultent copieusement les Algériens et leurs dirigeants. Oui c’est vrai. Et les Algériens ne se privent pas non plus de descendre le Maroc et les Marocains. Tout cela est vrai. Mais dans un cas comme dans l’autre ce sont des individus qui en représentent qu’eux-mêmes et qui s’expriment en fonction de ce qu’ils pensent et ressentent. C’est peut-être une bonne chose après tout, les deux peuples apprennent des choses les uns sur les autres. A la fin, ils seront les meilleurs amis du monde.