Les propriétaires des cafés déclarent la guerre aux cafés mobiles
Gagne-pain de milliers de cafetiers ambulants, l'activité souffre du vide juridique

Les propriétaires des cafés et des restaurants sont aux sur leurs dents. En cause, la récente décision du Conseil de la ville de Casablanca autorisant l’activité des « food trucks ». Considérant cette activité "illégale", ils crient à la concurrence déloyale.

Les propriétaires des cafés et des restaurants sont en colère. L'objet de leur grogne ? La récente décision du Conseil de la ville autorisant l’activité des « food trucks » ou des camions restaurants. Une nouvelle qui a remué le couteau dans la plaie pour les cafetiers qui se plaignaient de la prolifération des buvettes ambulantes.

Secteur en crise

Rejetant l'autorisation annoncée par le Conseil de la ville,  les propriétaires de cafés et de restaurants s'indignent, par la voix de leur Fédération, face à l'explosion incontrôlée des cafés ambulants. " Ces cafés mobiles ne cessent de proliférer aux dépends d'un secteur souffrant largement éprouvé par la crise ", estime le bureau national de la Fédération dans un communiqué contestataire.

Fustigeant " le silence des autorités ", la fédération fait valoir l'aspect illégal de cette activité. Pour le président de l’Association des propriétaires des cafés et restaurants du Maroc (ANPCRM) Noureddine El Harrak, cette autorisation est un nouveau coup dur porté aux intérêts des cafés et des restaurants déjà en crise à cause des différentes décisions des communes et des charges sous lesquelles croulent les propriétaires.

La fédération rappelle le lourd impact de telles décisions en citant, à titre d'exemple, la hausse des taxes sur l’exploitation temporaire de l’espace public, appliquée par la ville de Rabat qui a atteint 700%.

Dans son communiqué, cette organisation professionnelle sonne l'alarme sur la situation critique du secteur en soulignant les fermetures de plus en plus fréquentes d'établissements en faillite.

"L’exemple de la ville de Fès est plus qu'éloquent. Plus de 320 cafés et restaurants ont mis la clé sous la porte durant ces quatre derniers mois tandis que d'autres risquent de subir le même sort en mettant en péril des milliers d’emplois", s'alarme la fédération. Cette dernière affirme cependant avoir saisi le ministère de l'Intérieur à propos des cafés ambulants sans pour autant avoir le feed back escompté.

Concurrence déloyale ?

Revenant à la charge, la fédération accuse les cafés ambulants et les food tracks à venir de concurrence déloyale. " Alors que les propriétaires des cafés et des restaurants croulent sous les charges et les pénalités notamment celles liées aux contrôles de la Caisse nationale de la sécurité sociale (CNSS), ils doivent subir en plus la concurrence d'une activité illégale ", déplore la même source.

Un argument réfuté par les propriétaires des cafés ambulants. " Nous n'avons certes pas d'autorisation pour pratiquer notre activité mais ce n'est pas de notre faute. Nous avons besoin d'un cadre légal pour pouvoir opérer en toute légalité et pour nous protéger de toute attaque ", nous explique Redouane.G, cafetier ambulant opérant au centre-ville de Casablanca, du côté de la gare de Casa Port.

 Redouane a trois enfants et prend aussi en charge ses parents. " Ce café mobile est mon seul gagne pain. Je me suis lancé dans ce projet durant la période "Corrona" et depuis ça représente ma principale source de revenus ", nous explique le jeune homme.

On veut un cadre légal 

Répondant aux arguments de la fédération par rapport à la concurrence déloyale, le cafétier affirme à L'Observateur du Maroc et d'Afqiue, que contrairement à ces allégations, lui et ses collègues ont également d'importantes charges. " Le moteur de la voiture doit tourner à plein régime tout au long de la journée pour générer l'électricité necessaire au fonctionnement de la machine à café. C'est au moins 100 dhs de carburant par jour. Ceci sans parler du matériel du travail, de son entretien, du café et des consommables tels les goblets et autres ", argumente Redouane.G.

Ce dernier fait d'ailleurs valoir le libre choix des clients et la loi du marché faisant que le meilleur gagne. " Les clients apprécient la très bonne qualité de notre café. De nombreux consommateurs troquent volontiers leur habituel café à 10 ou 15 dhs pour notre café ne dépassant pas les 5 ou 6 dirhams mais qui est nettement plus savoureux ", rétorque le cafetier ambulant.

Conscient de l'aspect " informel" de son activité et celle de ses semblables, Redouane.G espère toutefois que les autorités instaureraient bientôt un cadre légal pour les cafés mobiles. " Une autorisation en bonne et dûe forme délivrée par les autorités avec un impôt annuel c'est la meilleure manière de légaliser notre activité, de préserver des milliers d'emploi et de protéger des centaines de foyers du besoin et de la pauvreté ", conclut le cafetier. Son appel sera-t-il entendu ? A suivre

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