Casablanca. L'espace public?... MDR!
Anatole France. Le lycée qui squatte tout le territoire

L’occupation des trottoirs à Casablanca est un problème persistant. Chaque fois qu’un nouveau responsable arrive, il commence par promettre de libérer l’espace public. L’exécution laisse penser que le projet ne risque pas d’aller jusqu’au bout. Et effectivement il n’a jamais abouti.

Généralement, on s’attaque aux petits commerces qui, il faut le reconnaître abusent vraiment. Mais on ne s’approche pas des gros morceaux. Et il y en a plusieurs. 

On peut évoquer les stationnements sur les trottoirs qui sont devenus la norme dans une ville où même un commissariat squatte un trottoir pour lui tout seul obligeant les piétons à se risquer sur la chaussée. 

Et tout paraît normal à ces fonctionnaires, censés veiller justement au respect de la réglementation. Un abus de pouvoir que personne ne relève. Et c’est d’ailleurs contraire aux directives de la Direction générale de la sûreté nationale qui, au contraire, oblige ses effectifs à respecter le citoyen. 

Sur des voies très célèbres comme le boulevard Zerktouni, on peut autoriser une activité de réparation automobile qui va ensuite étendre son territoire à tout l’espace qui se trouve devant l’atelier. Là aussi, tout le monde descend sur la chaussée. Quoi de plus normal? 

Ailleurs, si quelqu’un veut ouvrir une petite mosquée, rien ne l’empêche. Il s’achète un garage même trop exigu pour la pratique de la foi, sachant qu’il a tout le trottoir qu’il peut interdire aux gens à chaque prière. Tout le monde se tait, la religion!

On a aussi des commerce très modernes et très « classe » qui préfèrent que personne ne vienne les déranger. Alors qu’ils avancent sur l’espace public créant une sorte de propriété inviolable qui peut servir aussi de parking. La paix!

Mais là où on est un peu déroutés c’est quand on constate que dans les quartiers des villas, il n’y a tout simplement pas de trottoirs. Tout est gazonné et agrémenté de belles plantes. 

Quand on parle d’espace public, on ne doit pas être sélectif. Chacun aura strictement ce à quoi il a droit pas un millimètre de plus. 

A Casablanca, cela ne semble pas le cas. Il y a des citoyens et des citoyens. 

Avançons encore dans cette ville mal « gouvernancée ». Tout le monde peut remarquer qu’il y a une sacrée différence entre les établissements scolaires publics d’une part et les missions et les établissements privés d’autre part. 

Devant les missions, tout est nickel, trottoirs bien faits, passages piétons devant les portails, protection contre les voitures et en plus parking exclusif pour le personnel. Sur la chaussée publique. Comme on le voit au Lycée Anatole France où les trottoirs sont réservés sur deux façades. Personne ne stationne même les week ends et jours fériés. De quel droit? Justement, il n’y a pas de droit. En plus, chaque fois qu’il y a une réunion des parents, la chaussée est réservée, on stationne partout où on veut, les voitures qui doivent passer n’ont qu’à faire un détour. Franchement est-ce vraiment dur?

Cet aspect pose un grand problème pour l’Education nationale. Pourquoi tolérer que certains enfants aillent dans des écoles décrépies, mal entretenues, à proximité d’espaces sales et anarchiques? Ils n’ont ni trottoirs ni passages piétons ni protections contre les véhicules. Si on comprend bien, la vie de certains enfants vaut plus que celle d’autres. Quand on veut créer une communauté, on veille çà ce que tout le monde soit traité de la même manière. 

Enfin, parlons un petit peu de ce fait accompli qui ne dérange aucun édile. La plupart des immeubles ont des parkings en sous sol. C’est un fait. Normalement la propriété commence après le trottoir, on peut vérifier sur le titre foncier. Pourquoi alors la descente du parking commence-t-elle à partir de la chaussée? Maintenant, un piéton ne peut plus passer. Et il y a même certains qui ajoutent des barrières de chaque côté du portail pour protéger les voitures contre ces satanés piétons qui surgissent à n’importe quel moment. C’est une catastrophe. 

Il faudrait faire cette petite expérience. On peut suggérer aux « gouvernanceurs » de Casablanca de prendre une poussette et faire un tour dans les rues casablancaises sous l’objectif d’une caméra. On verra comment se déroulera la balade.