Les Assises du féminisme, pour une Moudawana égalitaire
Carrefour des féministes marocaines, l'événement se veut une force de proposition

La première édition des " Assises du féminisme " s'est tenue samedi 16 décembre à Rabat en présence d'un large panel de spécialistes, experts et militantes des droits des femmes. Au programme, débat et échange pour répondre à la question centrale " Quelle réforme du Code de la famille voulons-nous ? "

Plus de 200 participants et 26 intervenants et modérateurs ont répondu présents à l'appel ce samedui 16 décembre. Activistes de la société civile, associations féministes, juristes, médecins, islamologues, historiens, anthropologues, économistes, managers, romanciers, influenceur/ses, artistes, analystes et experts se sont donnés rendez-vous à l’occasion de cette première édition des " Assises du Féminisme ".

Organisé par l’Association pour la promotion de la culture de l’égalité (APCE) fraichement créée, l'événement se veut un espace de réflexion pour débattre des enjeux liés au féminisme marocain vingt ans après la première réforme du Code de la famille.

L'inspiration

" L'idée a commencé à germer il y a quelques mois suite au discours royal appelant à la révision du code de la famille. Suite à cette annonce, il s'est passé un laps de temps où il ne s'est rien passé de concret " constate Aicha Zaïmi Sakhri, fondatrice et présidente de l’Association pour la promotion de la culture de l’égalité (APCE). Une situation qui n'a pas manqué de susciter son intérêt en la poussant à agir.

" En parfaite connaissance de l'actualité du féminisme marocain, je savais pourtant que les revendications et les plaidoyers ne manquaient pas par rapport à la question féminine mais aussi par rapport à la refonte du code de la famille. Ceci dit, ces associations travaillaient chacune dans son coin ", explique-t-elle à l'Observateur du Maroc et d'Afrique.

Une réflexion qui inspire la journaliste militante pour donner le jour à un événement fédérateur. " J'ai donc pensé à créer un événement qui réunira l'ensemble du mouvement féminin progressiste aussi bien l'ancienne que la nouvelle génération pour pouvoir échanger, partager; débattre, s'écouter et se sentir plus fortes. En voyant aujourd'hui cette assistance et le nombre de personnes qui ont été intéressées par l'évenement et par sa thématique, ça me conforte dans l'idée de la nécessité d'une telle initiative ", se réjouit l'initiatrice des assisses.

Thème d'actualité

Une idée inspirée qui a été aussitôt concrétisée en lançant les Assises du féminisme. Le choix de la thématique de cette première édition s’est d'ailleurs imposé comme nous l'explique Zaïmi Sakhri. " Il y a un besoin réel de s'écouter, de se comprendre, de débattre à propos de la réforme du Code de la famille. Les instructions royales ouvrent la voie à tous les citoyens pour donner leurs avis, exprimer leurs visions et participer au changement car la moudawana  concerne l'ensemble de la société ", ajoute la présidente de l'APCE.

Faut-il revendiquer des amendements du Code de la famille en vigueur ou envisager une refonte globale pour une législation égalitaire et entraîner par là un cercle vertueux et dynamique de réformes de l’ensemble du corpus juridique ? Quel code de la famille pour davantage d’égalité, de justice et de dignité ? Comment adapter la loi à la nouvelle réalité de la famille marocaine ? Autant de questions qui se posent en marge de la réforme en cours actuellement et auxquelles les participantes des Assises ont tenté de répondre, chacune de part son expérience, sa spécialité, sa vision et son angle d'attaque.

Revendications féministes

" A l'ordre du jour aussi les principales revendications des associations féministes à savoir l'interdiction définitive du mariage des mineures, la garde des enfants accompagnée de la co-tutelle ou de la tutelle, le droit de garde pour l'homme divorcé, l'abolition de la polygamie, la question de l'héritage qui génère des situations inégalitaires et qu'il est temps de réviser ", détaille Sakhri.

D'après cette dernière, les débats et les échanges de cette journée seront synthétisés ultérieurement dans un rapport spécial. Un document qui sera remis à toutes les instances concernées par la question féminine et familiale. " Ca sera notre pierre portée à l'édifice du changement et de la refonte. Espérons toutefois que notre voix sera entendue et prise en considération ", souhaite Aicha Zaïmi Sakhri.

En plus de la préparation d'un plaidoyer fédérateur, cette rencontre a été également l’occasion de faire une rétrospective des moments forts du mouvement féminin marocain, d’analyser les mutations sociologiques, démographiques, technologiques de la famille et de la société marocaine. De faire le point sur les nouvelles formes de mobilisation féministe, de trouver des moyens pour plus de " justice sociale "et comment protéger les femmes dans l’héritage.

A propos de l'APCE

Créée en 2023, l’Association pour la promotion de la culture de l’égalité (APCE) a pour principal objectif la promotion des droits des femmes et l’égalité. A travers ses différentes actions, l’APCE veut contribuer à la diffusion de l’égalité entre les genres et sa promotion et être un lieu de recherches, d’échanges, de rencontres, d’apprentissage, de formation mais aussi un initiateur d’événements.

Dans ce même sens, l’Association organisera chaque année les Assises du Féminisme et produira périodiquement du contenu digital, des bulletins périodiques de même que des plaidoyers. Cette première édition des « Assises du Féminisme », verra la naissance d'Egalitémag, un nouveau média indépendant, féministe et engagé. Sa mission ? Contribuer à l’émancipation des femmes et militer pour l’égalité et la liberté.