Drame d'El-Hajeb, appels pour l'ouverture d'une enquête
Les travailleurs agricoles sont transportés comme des "marchandises"...

Appels pour l'ouverture d'une enquête suite au drame d'El Hajeb ayant emporté la vie de 9 travailleurs agricoles. La Coalition civile pour la montagne déplore les conditions catastrophiques du travil et du transport de cette cétagorie.

Dans un communiqué au ton indigné, la Coalition civile pour la montagne exprime sa "grande inquiétude par rapport aux incidents répétitifs survenant dans les régions montagneuses et emportant à chaque fois de nouvelles victimes ". Reflétant la souffrance des habitants de ces régions, comme le note la coalition, ces accidents ne font que confirmer la situation extrêmement vulnérable des populations de ces zones. " Le dernier en date est le terrible drame d'El Hajeb ayant fait 9 morts et 6 autres blessés dont 5 dans un état grave ", déplore la coalition civile dans son communiqué.

Un énième accident

Survenu le mercredi 20 décembre 2023, ce nouvel accident de la route se rajoute à la longue liste des drames ayant emporté des travailleurs et des travailleuses agricoles. Un douleureux rappel des "conditions inhumaines et catastrophiques " de travail et de transport de cette catégorie, fustige la même source.

Revenant à la charge, la colaition note que " la récurrence de cette série funeste d'accidents et de drames, malgré les alertes et les appels réitérés de divers intervenants, souligne de manière prégnante la dangerosité des moyens de transport employés dans ce secteur ". Un constat qui est par ailleurs confirmé par l'aspect tragiquement répétitif de ce type d'accident et dont les principales victimes restent des travailleuses et des ouvriers agricoles.

Pour la Coalition, la responsabilité de cet état des lieux est partagée entre plusieurs acteurs. " Les autorités publiques semblent inconscientes de la gravité et de l'ampleur de ces tragédies à répétition. Une situation qui reste d'ailleurs en flagrante contradiction avec le respect de la dignité humaine et du droit fondamental à la vie ", déplore le communiqué.

Une enquête en urgence 

Appelant ces dernières à " traiter cette situation avec sérieux et fermeté", la coalition réclame des mesures immédiates pour mettre fin à l'hémorragie. " Nous en appelons les autorités à examiner les moyens de sécuriser les conditions de travail et de transport de ces travailleurs et de prortéger leur droit à la vie ", insiste-t-on auprès du collectif qui réunit une centaine d'associations actives dans les régions montagneuses.

En parrallèle, la coalition demande également l'ouverture d'une enquête exhaustive et immédiate sur l'incident ainsi que l'identification des différents responsables. Aussi la prise des décisions nécessaires pour obliger les propriétaires des domaines et des coopératives agricoles à " assurer des conditions de transport humain conforme aux normes de sécurités et respectant les lois en vigueur ", insiste la Coalition.

Liste morbide

Rappelons que l'accident d'El Hajeb n'est pas le premier ni le dernier drame à faucher les vies des travailleur(euse)s agricoles. Moulay Bouselham, Oulad Tayma, Larache, le Gharb, Essaouira... la liste s'allonge avec chaque nouvel incident.

En septembre 2022, l’Association Marocaine de Droits Humains (AMDH) a lancé une alerte par rapport à « la dégradation continue des conditions de travail des femmes rurales dans les champs agricoles ». Victimes d’exploitation à tous les étages, « ces dernières sont transportées dans des conditions inhumaines manquant totalement de sécurité» constate l'étude réalisée dans la région Marrakech-Safi.

De son côté l’Observatoire des droits des femmes travailleuses du secteur des fruits rouges (géré par l’association Mains Solidaires et la Fédération de la Ligue démocratique des droits des femmes avec le soutien de l’ONG Oxfam), 1 910 violations du Code du travail ont été enregistrées rien qu’en 2013. Plus de 380 cas concernant l’embauche sans contrat de travail, 374 de non-paiement des heures supplémentaires, 350 de mauvaise condition de transport, 216 la non-déclaration à la CNSS, 177 le non-respect du SMAG, 112 les insultes et châtiments, 68 les licenciements abusifs et 2 cas de viol.

D’après Oxfam, 25% de ces femmes affirment avoir subi de la violence pour la période 2013-2014. Un chiffre que l’on soupçonne largement sous-estimé vu le poids de la peur du scandale et de perdre son gagne-pain. Le manque d'études et de données actualisées participe largement à la persistance de pratiques portant atteinte à la sécurité et à la dignité de ces travailleurs.