Des questions sans réponses sur la bonne gouvernance

rencontre La gouvernance vient d’être remise au centre du débat à l’initiative de l’Office de Coopération économique pour la Méditerranée et l’Orient (OCEMO) et le Centre pour l’Intégration en Méditerranée (CMI). L’occasion de se pencher sur de nouvelles pistes pour l’avenir en prenant en compte les

chamboulements à la fois économiques et sociopolitiques actuels.

C’est dans le cadre d’un atelier de réflexion, organisé le 6 juillet à Aix en Provence, que l’Ocemo et le CMI (plate-forme administrée par la Banque mondiale) ont choisi de relancer le débat sur la gouvernance publique dans le pourtour méditerranéen et dans la région Mena. En ouverture de la rencontre, se sont exprimés sur le sujet Kemal Dervis, co-président de l'Ocemo et vice-président directeur de la Brookingts institution; Philippe de Fontaine Vive, co-président de l'Ocemo et vice-président de la BEI ainsi que le directeur du CMI, Mats Karlson.

En économiste et homme politique averti, Kemal Dervis, qui a été ministre turc de l'économie de 2001 à 2002 a donné l’exemple de son propre pays pour montrer que l’impact de la bonne gouvernance est direct sur l’économie. « Après la réforme du système bancaire et la mise en place des mesures correctives nécessaires, l'inflation est passé en Turquie de 70 à 10% », a-t-il souligné. Il a aussi donné l’exemple, édifiant, de Turkish Airlines. Les changements de la réglementation nationale ont favorisé la libéralisation des prix et permis à la compagnie de devenir la première aujourd’hui en nombre de pays desservis. Sans être partisan d'une gouvernance purement technocratique, l’orateur a montré que l’économie gagne à s’éloigner de l’ingérence du politique. « Il faut lier les mains des politiques, à l'image de ce qui se pas dans la Bourse », a-t-il martelé. Pour Dervis, la démocratie qui marche est celle qui comprend le mieux le fonctionnement des marchés. Et de conclure : « L'Etat-nation à beaucoup moins de leviers qu'auparavant et la démocratie ce n’est pas seulement les élections. »

De son côté, Mats Karlson a souligné que l’ère de la « pseudo gouvernance » est bien révolu. « Quand un Etat fait semblant de bien gérer les affaires et que les contribuables font semblant d’être bons citoyens, c’est l’échec assuré », a-t-il affirmé en mettant le lien avec les révolutions déclenchées en Egypte, en Syrie... Le directeur du CMI estime que le changement passera par le dialogue avec la garantie de la participation des citoyens, dont les jeunes, dans la prise des décisions majeures touchant l’économie. « Il est impossible de rétablir la confiance à laquelle nous aspirons si nous ne créons pas au préalable les conditions favorables », a-t-il noté. Et l’accès à l’information en est une.

Pour sa part, Philippe de Fontaine Vive est allé plus loin en tentant de présenter un modèle de bonne gouvernance. Et c’est le modèle suédois qui semble le plus le convaincre. Lequel a su, d’après lui, dissocier ce qui est régalien de ce qui relève de la gestion politique avec le système des agences spécialisées. Le co-président de l'Ocemo et vice-président de la BEI a loué l’expérience marocaine des Offices et agences spécialisées. « Un modèle maroco-suédois n'est-il pas en train d'être créé ? », s’est-il interrogé. Le Maroc est revenu aussi dans l’exposé présenté dans cet atelier par l’universitaire Fahmi Ben Abdelkader sur la gouvernance et la séparation des pouvoirs. Il en ressort que le pays a encore du chemin à faire.

Par ailleurs, abordant le Printemps Arabe, Philippe de Fontaine Vive a relevé deux constats essentiels : la réaffirmation de l'édification de la démocratie nationale avec le changement de la notion de la nation. Sur cette base, ce sont des questions plutôt que des réponses qu’il a émis quant aux pistes possibles pour une meilleure gouvernance dans les pays concernés : « Comment faire de partir d'un débat national pour intégrer l'économie dans un cadre régional vital ? Comment s’y prendre pour le faire ensemble dans le cadre de la Méditerranée ? » Et de conclure : « Nous sommes encore dans le temps des questions. »

Des indicateurs clés ont été présentés par Patricia Augier professeur chercheur AMSE Aix Marseille Université/Femise, Paul Chaffard Chambre de commerce et d'industrie de Marseille-Provence et Emmanuel Noutary, délégué général d'Anima investment network. Tous montrent la nécessité d’une meilleure connaissance des réalités de terrain pour améliorer les partenariats existants entre les pays des deux rives de la Méditerranée. Pour ce faire, le débat sur des questions majeures comme la gouvernance devra se poursuivre dans des cadres nouveaux de dialogue comme celui offert par l’Ocemo. Rendez-vous est pris à Marseille en novembre prochain pour la suite du débat купить монитор 24 дюймов