ZLECAF. L'impact significatif se manifestera à partir de 2025
L'impact économique de la ZLECAF ne se fera sentir qu'à partir de 2025.

La ZLECAF est officiellement devenue opérationnelle en 2021, mais l'impact économique significatif ne se fera sentir qu'à partir de 2025. Quels impacts économiques attendus ? Quel sera le coût lié à l’implémentation ? Quid des défis à relever ?...Casablanca Finance City Authority (CFCA) publie un rapport abordant ces questions.

«La ZLECAF promet un impact économique significatif à partir de 2025, avec des estimations suggérant une augmentation du PIB continental de 3,5 à 4,2 % d'ici 2035 », souligne Casablanca Finance City Authority (CFCA) dans son dernier rapport « CFC Africa Insights» où les opportunités et les défis liés à la Zone sont exposés. Le rapport ajoute que « la réalisation de ces gains dépendra de la volonté des décideurs de favoriser une intégration économique plus profonde ». Des études soulignent que la simple suppression des tarifs ne suffira pas, nécessitant une attention particulière aux barrières non tarifaires et la pleine mise en œuvre des accords sur la facilitation des échanges (AFE). « L'expérience passée montre que les accords ne sont que la première étape, avec des litiges commerciaux dans certaines communautés économiques régionales. Malgré ces défis, les projections indiquent des bénéfices sociaux importants, notamment la réduction de la pauvreté extrême pour des millions de personnes en Afrique », ajoute le rapport.

La ZLECAF promet des bénéfices économiques pour l'Afrique, mais ces avantages seront inégalement répartis. Selon la Banque mondiale, la Côte d'Ivoire connaîtra la plus forte augmentation des revenus réels, (de 13,4% d'ici 2035), suivie du Zimbabwe (hausse de 11,9%), du Kenya (hausse de 11,2%) et de la Namibie (hausse de 10,6%). Le rapport indique que « les disparités dépendent de la taille des économies et des niveaux tarifaires actuels. Les barrières persistantes entre régions francophones et anglophones sont notables. De plus, l'accord favorisera les économies situées aux frontières des régimes commerciaux existants ». La pleine mise en œuvre de la ZLECAF incluant les accords sur la Facilitation des Échanges, est cruciale pour réaliser ces projections.

Principaux effets économiques

Bien que la ZLECAF aura divers impacts, CFCA a mis en avant trois canaux clés qui auront un effet économique positif sur l'Afrique. Tout d'abord, le rapport publié note que l'accord réduira les coûts d'importation, offrant un choix élargi aux consommateurs et atténuant l'inflation dans certaines économies. Ensuite, il encouragera la diversification économique et la création de chaînes de valeur transfrontalières, visant à surmonter les limitations des petits marchés africains. Aussi, « la ZLECAF réduira la dépendance de l'Afrique vis-à-vis des marchés étrangers, offrant une plus grande résilience face aux fluctuations de la demande mondiale, notamment chinoise », ajoute le même rapport ajoutant que « la mise en œuvre complète de l'accord est cruciale pour réaliser ces bénéfices, notamment dans le secteur manufacturier, où la création d'emplois est estimée à 16 millions à travers le continent ».

Coûts de la mise en œuvre

Bien que l'effet global de la ZLECAF soit d'accroître la production économique totale dans la région, le rapport estime que l'accord n'est pas sans coûts. Il anticipe trois principaux impacts économiques négatifs lors de sa mise en œuvre. « Premièrement, les économies devront faire face à des perturbations temporaires à mesure que les flux commerciaux se réorientent, provoquant des ajustements face à la nouvelle concurrence », explique CFCA dans son rapport. La réduction des prix à l'importation suite aux baisses tarifaires bénéficiera aux consommateurs mais pourrait nuire aux producteurs locaux établis sous l'ancien régime commercial. Alors que les économies s'ajusteront progressivement et que la capacité productive sera réallouée, cette perturbation initiale peut entraîner, d’après CFCA, du chômage à court terme et une production réduite dans certains secteurs. L'ampleur de cette perturbation pourrait être atténuée par des paiements provenant du Fonds d'ajustement.

Autre effet négatif relevé : un défi financier lié à la réduction permanente des recettes tarifaires qui nécessitera une révision approfondie des sources de revenus gouvernementaux et une mise en œuvre judicieuse de mesures budgétaires afin de compenser cette diminution. Les tarifs, bien qu'ils augmentent les prix à la consommation et découragent le commerce, représentent une source significative de revenus pour les gouvernements africains, en particulier dans les économies moins développées. Cette dépendance est illustrée par le fait que les tarifs constituent 27,3 % des revenus gouvernementaux en République centrafricaine (RCA), mais seulement 3,6 % en Afrique du Sud.

Enfin, le rapport ajoute que les décideurs politiques seront confrontés au défi de soutenir des industries clés sans recourir aux tarifs. « Bien que les tarifs soient parfois critiqués comme des obstacles au commerce, ils peuvent également jouer un rôle vital dans le développement de secteurs émergents avant leur exposition à la concurrence étrangère », note le même document ajoutant que « cette compétition accrue peut poser des défis aux industries des pays moins industrialisés de la ZLECAF situées près des économies centrales du continent. Dans ces situations, les décideurs auront la possibilité de protéger des industries cruciales en utilisant la "liste exclue" pour maintenir des tarifs sur certains biens ».

Rôle du Maroc

En gros, CFCA reste convaincue que la ZLECAF encouragera la création de pôles économiques régionaux. « Bien que les avantages se feront sentir dans toute la région, les économies africaines plus industrialisées, telles que le Maroc, l'Afrique du Sud, le Kenya et la Côte d'Ivoire, seront mieux placées pour répondre à la demande croissante », précise-t-elle. Elle ajoute également que la cette zone peut contribuer à combler le fossé entre l'Afrique du Nord et l'Afrique subsaharienne et que l'accord encouragera le commerce à travers cette frontière conceptuelle, souvent perçue comme divisant le continent en deux zones économiques distinctes et sans rapport. « Le Maroc est bien positionné pour bénéficier d'une plus grande interaction entre les régions nord et sud de l'Afrique », conclut le rapport de la CFCA.