Rita El Khayat, l’écrivaine qui lutte contre toute forme d’extrémisme
La psychiatre, anthropologue et écrivaine Rita El Khayat.

Auteur de nombreux essais sur la condition féminine dans le monde arabo-islamique et fervente militante des droits de la femme, la psychiatre, anthropologue et écrivaine marocaine a été récompensée en novembre dernier à Rome (Italie) par une «mention spéciale» pour son parcours scientifique et littéraire remarquable et sa défense de la question féminine sur la scène nationale et méditerranéenne.

Avec trente-sept livres à son actif, Rita El Khayat, l’écrivaine prolifique qui a marqué les esprits avec son premier essai « Le Monde arabe au féminin (1985) », a été primée en novembre 2023 à Rome, dans le cadre du Prix international de la femme d'exception «Stand out Woman», pour son engagement en faveur de l'émancipation de la femme aux niveaux national et régional.

Œuvrant pendant des années pour l'égalité des sexes et pour la protection et la valorisation de la femme, la psychiatre, anthropologue et poète marocaine confie que «La défense de l'égalité des sexes est un combat de vie que je mène passionnément pour la protection et la valorisation de la femme, qui est capable de relever les défis et contribuer activement au développement de la société». Passionnée par l’écriture, la musique, la photographie et la peinture, la militante marocaine a toujours salué l'évolution «positive et rassurante» de la situation des femmes au Maroc, sous le Leadership du Roi Mohammed VI, relevant que le Souverain a placé, depuis le début de Son règne, la promotion et la protection des droits de la femme au cœur de Ses priorités.

Consciente des initiatives phares du Royaume, l'un des premiers pays arabes à consacrer le rôle de la femme, garantissant son accès au leadership dans différents domaines, elle souligne l'importance de l'éducation, «une clé de voute, dit-elle, pour la réussite et l'émancipation de cette moelle épinière de la société».

Entre science et culture

Éprise de littérature, de philosophie et de dessin, elle est aussi journaliste et auteure de plus de 150 articles scientifiques et artistiques et a écrit des livres sur la condition féminine dans le monde arabo-islamique. Elle a enseigné, fait plusieurs fois le tour du monde et donné des conférences dans de très nombreux pays. Spécialiste en médecine du travail et médecine aérospatiale, elle a aussi étudié l’anthropologie à l’École des hautes études en sciences sociales à Paris. Exécrant le mensonge et l’hypocrisie, luttant contre toute forme d’extrémisme ou de violence, son franc-parler dérange : « La bonté et l’honnêteté sont les deux seules vraies valeurs », soutient-elle.

Elle se consacre aujourd’hui à l’exercice de la psychiatrie et de la psychanalyse, à la critique d’art, à la fiction et à la poésie, tout en enseignant à l’Université de Chieti (en Italie), l’anthropologie de la connaissance.

En plus d’être l’auteure de 37 livres et de nombreux essais sur la condition féminine dans le monde arabo-islamique dont « Le monde arabe au féminin » (L’Harmattan, 1985), « Le Maghreb des femmes » (Eddif, 1992), « Le somptueux Maroc des femmes » (Dédico, 1994), « Une psychiatre moderne pour le Maghreb » (L’Harmattan, 1994), « Le livre des prénoms » (Eddif, 1996), » Les sept jardins » (L’Harmattan, 2000), « Métissages culturels »,… elle a également participé à l’écriture d’une vingtaine d’ouvrages collectifs. Elle fut productrice-Radio-Télévision-Cinéma et présidente du 3ème Festival National du Film de Meknès (Maroc). En 2007, elle a reçu le prix Maiori pour la Paix en reconnaissance de ses écrits. Et en 2008, elle a été membre du jury à la 8ème édition du Festival International du Film de Marrakech. Elle a aussi été proposée pour le Prix Nobel de la Paix et a enseigné dans plusieurs universités italiennes.

Un franc-parler qui déroute

Rita El Khayat, porte une réflexion dense et profonde sur la culture et la société, en général. D’un point de vue esthétique, dans son œuvre, on retrouve une créolisation de langages qui s’associe à la tendance à considérer l’action créatrice comme le lieu d’une liberté totale et d’une vitalité qu’il est impossible de contenir et ou d’enfermer dans des limites.

Au niveau thématique, cette liberté d’expression porte l’écrivaine à aborder des questions aiguës et taboues telles que le suicide, la folie, la condition féminine et le travail féminin dans le monde arabe, la sexualité, la migration, en passant toujours du plan de l’individu à celui de la collectivité.

Des titres de communications comme « Culture arabe et développement des enfants : constats, mythes et prospectives », « Tradition et modernité dans la Médecine marocaine » ou « Le complexe de Médée, les mères autour de la Méditerranée », donnent un aperçu des perspectives d’une pensée qui s’appuie sur la réalité du terrain pour se construire en un système cohérent et à plusieurs foyers.

Fondatrice des Editions Aïni Bennaï, Rita El Khayat est à la tête d’une œuvre de quelques trente ouvrages.

Elle est l’auteur de plusieurs romans, recueils de nouvelles et de poèmes, dont « Le sein », L’œil du paon, Les arabes riches de Marbella, La liaison et La Nonagénaire, ses chèvres et l’îlot de Leïla.