Code de la famille. Accepter la modernité

Dans le brouhaha qui nous sert de débat autour de la réforme du code de la famille, il y a d'abord certaines vérités à rappeler. La première, c’est que SM le Roi lui-même a parlé, dans un Discours Royal, de la nécessité de réformer la version 2004 du code de la famille. À partir de là, et c’est normal, un débat s’est installé. Chacun y allant de sa conception.

Puis, le Roi, au nom d’Imarat Al Mouminine, institution respectée de manière unanime, a mis en place la commission qui devrait lui présenter ses propositions avant la fin du mois. Cette commission, très multipartite dans sa composition, a reçu toutes les tendances sociales pour discuter de leurs revendications. Nul doute que le résultat sera une réforme constituant une avancée dans la voie vers la modernité, en accordant plus de droits à la femme, une égalité devant le divorce, en particulier.

Entre temps, le débat est chaud. Chacun fait avancer ses propositions et c’est de bonne guerre. Tenter de faire pression, dans le cadre d’une réforme en préparation, est normal en démocratie. Nous sommes une société très diverse et on ne peut avoir l’illusion d’un consensus sur le rôle de la femme. Seulement, et le Discours Royal a été clair là-dessus, il faut que la réforme soit dans le sens de la modernité en respectant les fondamentaux.

Cependant,  il n’est pas acceptable d’agiter les peurs quant à une éventuelle volonté de porter atteinte à l’identité marocaine, en particulier son aspect religieux. 

Ces peurs n’ont pas lieu d’être. Il faut néanmoins arrêter d’opposer la religion à la modernité. Celle-ci est inéluctable dans le monde où nous vivons et qui n’est plus celui des siècles passés. La population marocaine est très jeune et vit dans son temps, c'est-à-dire qu’elle est très connectée, ouverte sur le monde, avec des aspirations semblables à celles de la jeunesse mondiale. 

Cela ne signifie pas qu’elle a renoncé à la spiritualité de l’Islam ou à sa culture tolérante. Ce n’est pas rendre service à la religion que d’en faire un mur contre la modernité. Celle-ci est mue par des nécessités historiques. L’accepter c’est libérer les ressources créatrices de notre jeunesse et c’est l’avenir de notre pays.