Casablanca. Féminicide chez des sans-abri

Ce meurtre dont a été victime une «sans domicile fixe» (SDF) pourrait faire réfléchir celles et ceux qui regardent la «communauté» des marginaux grossir en genre et en nombre dans certaines grandes villes marocaines sans daigner même la voir.

Vendredi 19 avril, Boulevard 2 mars à Casablanca, non loin du Rond-point d’Europe, entre un magasin de produits informatiques et un immeuble d’habitation, l’odeur de la mort se répand. Au milieu de l’après-midi, le corps d’une trentenaire a été trouvé ensanglanté, sans vie, caché sous des débris de briques, des restes de béton, des sachets et de bouts de carton dans un coin d’un terrain vague d’une soixantaine de mètres carré.

Dépêchés sur les lieux, des policiers en civil, Talkie walkie à la main et d’autres en uniformes délimitent la scène du crime par le ruban jaune d’usage. Après le constat du meurtre, au vu des traces laissées sur le cadavre de la jeune femme, des éléments de la police scientifique, reconnaissables à uniforme, prélèvent tout élément trouvé sur place pouvant aider à élucider ce crime.Ce ratissage terminé, des ambulanciers emmènent la victime à la

Morgue dAïn Chok. Des sapeurs pompiers procèdent ensuite à un nettoyage express des  traces noirâtres de sang.

Les premiers éléments de l’enquête, toujours en cours, poussent les enquêteurs vers la piste du crime passionnel. Des témoignages concordants laissent supposer qu’un SDF comme sa victime et provenant du quartier Hay El Mohammedi comme elle, s’est vengé sur la trentenaire en la frappant à mort après avoir eu vent de ses relations sexuelles avec un autre sans-abri. L’assassin reste encoure introuvable.

Tout se serait passé dans le secret de la nuit et si ce n’était l’odeur nauséabonde du cadavre qui avait mis la puce à l’oreille d’un curieux, ce crime aurait tardé à être découvert.

Cette histoire met en lumière une facette macabre d’un phonème que les Casablancais voient tous les jours. Des groupes de marginaux grossissent en nombre et en genre au fil des jours à vue d’œil. Dans cette «communauté» de plus en plus de jeunes filles, des bouts de sachets en plastic imbibés de colle de rustine rivés au nez, se promènent en portant des bébés sur le dos ou entre les bras. Elles sont à la merci de leurs compagnons d'infortune. La plupart des passants se limitent à les qualifier de clochards et tournent leur regard ailleurs.Devrait-il y avoir des crimes en série, après celui découvert vendredi, pour qu'on daigne enfi. agir en trouvant d'autres solutions que les rafles d'usage ?