Appels pour l'annulation de Aïd Al-Adha
Renoncer au rituel, le Maroc l'a déjà fait à trois reprises

Un hashtag pour l'annulation de la fête du sacrifice est en train de prendre sur les réseaux sociaux depuis quelques jours. La crise, le pouvoir d'achat affaibli et les craintes d'une nouvelle flambée des prix du mouton sont les principaux arguments de ses initiateurs.

À l'approche de Aïd Al- Adha, les appels se multiplient sur les réseaux sociaux pour son annulation. Largement partagé, le hashtag # Pour_l'annulation_de Aïd_ Al Adha est en train de prendre en provoquant des réactions contradictoires parmi les internautes.

À quelques semaines de la fête du sacrifice, tout comme l'année dernière, les partisans de l'annulation du Aïd reviennent à la charge et multiplient les appels en défendant leur cause tandis que les pro-fête eux s'indignent en condamnant le renoncement à l'un "des rituels sacrés de l'islam".

Pour et contre

Si les premiers évoquent " l'impact de l'inflation, des années successives de sécheresse et l'éventuelle flambée des prix du mouton qui ne manquera pas d'éprouver davantage la bourse du pauvre citoyen ", les deuxièmes eux restent intransigeants par rapport au respect d'un rite à la forte symbolique religieuse et sociale au Maroc. " Ce n'est pas la réception de  votre mariage pour l'annuler. C'est un devoir que vous devez honorer ", tranchent-ils.

" Vous parlez de pouvoir d'achat affaibli, pourtant les malls et les supermarchés sont pleins à craquer et les gens ont les moyens d'acheter des objets et des choses qui ne sont pas de grande nécessité. C'est parfois du pur gaspillage. Pourquoi vous n'activez cette logique que pour le seul sacrifice qui ne coûtera pas plus que ce que vous déboursez pour une soirée entre amis ? ", s'insurge un internaute.

" Fête casse-tête "

" Cette fête doit être une source de joie et non pas une cause de stress et de galère pour le citoyen. Je connais des gens qui ont contracté des crédits consommation pour acheter le mouton : c'est une aberration. Ça ne profite qu'aux spéculateurs et aux éleveurs qui n'ont aucune pitié pour les petites gens ", riposte un internaute en appelant à renoncer à " cette fête casse-tête " comme la qualifie-t-il.

Un débat houleux qui rappelle celui de l'année dernière et qui s'est déclenché la veille de la fête à propos de son annulation, à cause notamment des prix très élevés des moutons. De nombreuses familles ont par ailleurs renoncé au rituel en 2023 car incapables de débourser des sommes faramineuses pour la bête à sacrifier.

Le même scénario, se répétera-t-il encore cette année ? Si les éleveurs et le gouvernement rassurent par rapport à la disponibilité des ovins, les observateurs, eux, indiquent par contre qu'il y a de fortes chances que les prix soient relativement élevés. Ceci à cause notamment des effets de la sècheresse ainsi que l’augmentation des prix du fourrage ayant doublé cette année.

Parade de l'Etat

S'exprimant dernièrement à la Chambre des Conseillers lors d'une séance de questions orales, le ministre de l’Agriculture Mohamed Sadiki, a indiqué que son département a lancé un appel d’offres pour l’importation de 600.000 têtes de mouton réservées à l’Aïd Al Adha. D'après le ministre, l’importation des ovins pour la deuxième année consécutive est une mesure nécessaire pour protéger, restructurer et régénérer le cheptel national.

Sadiki a indiqué également que 100 importateurs se sont engagés à importer des moutons en contrepartie d’une subvention de 500 dirhams pour chaque tête d’ovin. Mustapha Baïtas, le porte-parole du gouvernement, a de son côté expliqué le 25 avril lors du point de presse hebdomadaire, que les importations d’ovins sont ouvertes à tout opérateur souhaitant s’impliquer dans ce circuit " dans l'objectif d’assurer une offre abondante à des prix abordables ".

Le Maroc l'a déjà fait 

À rappeler que le Maroc a déjà renoncé à Aïd Al-Adha à trois reprises sous le règne de feu Hassan II. Déjà en 1963, le défunt Roi a appelé les Marocains à renoncer au rite à cause des répercussions économiques de la Guerre des sables. En 1981, c'était à cause de la sécheresse et de son impact socio-économique. Le même scénario se répète en 1995 pour la même cause : une saison agricole catastrophique à cause de la sécheresse.