Gitex: En Afrique, l'e-santé a un potentiel énorme mais sous-exploité
Souef Kamalidine, ministre des postes, des télécommunications et de l'économie numérique de l'Union des Comores.

Rencontré en marge du Gitex, le ministre des postes, des télécommunications et de l'économie numérique de l'Union des Comores, Souef Kamalidine, a exposé sa vision sur l'e-santé en Afrique, mettant en avant son potentiel prometteur ainsi que les défis à relever pour son développement.

L’Observateur du Maroc et d’Afrique : Quelle est votre vision de la santé électronique en Afrique ?

Souef Kamalidine: La santé électronique en Afrique représente un domaine d'une importance capitale, avec un potentiel énorme mais encore largement inexploité. Nous avons tous conscience de ce potentiel, mais il est essentiel de souligner qu'il ne peut se concrétiser sans des efforts soutenus et une approche stratégique. Les défis sont nombreux et complexes. Et la coopération internationale revêt une importance capitale dans ce domaine. Elle permet de partager les connaissances, les ressources et les technologies nécessaires à la transformation du secteur de la santé en Afrique.

Quels sont les principaux défis à relever pour le développement de l'e-santé en Afrique ?

Il y a différents défis à relever. Il y a d'abord le défi des textes réglementaires, qui doivent être harmonisés au niveau national et continental. Ensuite, il y a le défi des infrastructures. Nous ne pouvons pas parler d’initiatives d’e-santé sans les infrastructures nécessaires, qu'il s'agisse de connexions internet ou de l'accès aux technologies. La connexion peut exister, mais il faut que la population puisse y accéder, tant en termes d’équipements que de coûts.

Un autre défi majeur concerne la sauvegarde et la sécurisation des informations et des données. Ce défi doit être relevé à la fois au niveau national et continental. Il est essentiel d'établir des cadres de référence au niveau continental pour que les différents pays, qui ne sont pas tous au même niveau de développement, puissent s’y référer. Par exemple, l'Union internationale des télécommunications a placé le Maroc en tête de liste, très loin devant de nombreux autres pays africains. Il est donc crucial d'avoir des standards de référence pour guider chaque pays.

Le coût d'accès est également un enjeu, tant pour les populations que pour les pays, car les investissements nécessaires sont colossaux. Il faut aussi penser au renforcement des capacités : nous ne pouvons pas avancer sans les ressources humaines nécessaires. Cela inclut tout le monde, car personne ne doit être laissé pour compte. Il est important de développer une culture numérique dès le plus jeune âge, en intégrant ces compétences dans les cursus scolaires et universitaires, mais aussi pour les professionnels qui n'ont pas eu de formation en informatique.

Comment ces défis pourraient être surmontés, selon vous ?

En matière d'e-santé, il y a trois acteurs principaux à considérer : les bénéficiaires, les prestataires de services et les payeurs. Les bénéficiaires comprennent toutes les catégories de la population, y compris ceux qui ne peuvent pas payer, comme les enfants et les personnes âgées. Les prestataires de services incluent les hôpitaux, cliniques, pharmacies, laboratoires, etc. Enfin, les payeurs, qu'il s'agisse des individus ou des entreprises, doivent être pris en compte.

Pour surmonter ces défis, il est impératif de renforcer la collaboration et la coopération à tous les niveaux, tant au sein des pays africains qu'entre les nations. En favorisant l'échange de bonnes pratiques et en investissant dans les infrastructures numériques, nous pourrons créer un environnement propice à l'essor de la santé électronique en Afrique.

Pouvez-vous nous donner un aperçu des liens entre le Maroc et l’Union des Comores?

Les relations bilatérales entre le Maroc et l’Union des Comores sont particulièrement solides. Nous avons déjà bénéficié d'une coopération fructueuse, notamment par la formation de nombreux cadres comoriens au Maroc, dont moi-même et des responsables de haut niveau comme le chef de l'État. Les Comores doivent beaucoup au Maroc dans ce domaine. Chaque année, le Maroc accorde plus de 300 bourses aux jeunes Comoriens dans divers domaines d'études, ce qui est inestimable. Nous ne pourrons jamais assez remercier le Maroc pour son soutien. Pour l"avenir, je suis convaincu que le Maroc et les Comores peuvent encore renforcer et diversifier leur coopération bilatérale dans différents secteurs.