Enquête : 57 % des Marocains espèrent l'annulation de Aid Al Adha
Aid al Adha, le dilemme !

Presque la moitié des Marocains préfèrent ne pas fêter Aid Al Adha cette année et 57 % espèrent son annulation. Ce sont les résultats de la nouvelle enquête d'opinion réalisée par le Centre marocain pour la citoyenneté à la veille de la fête du sacrifice. Détails

Aid Al Adha, serait-il devenu une source de soucis et un casse-tête financier pour les familles marocaines ? À en croire les résultats du dernier sondage d'opinion réalisé par le Centre marocain pour la citoyenneté, on est porté à croire que ce rituel sacré n'est plus synonyme de joie et de fête pour les ménages marocains.

Alors que plusieurs voix se sont élevées dernièrement pour réclamer son annulation cette année à cause notamment de la crise et des difficultés rencontrées par de nombreuses familles pour fournir ces dépenses exceptionnelles, le CMC a donné la parole aux citoyens. Réalisée entre le 21 et le 31 mai 2024, cette enquête d'opinion a été menée auprès de 1007 Marocains de toute tranche d'âge et représentant l'ensemble des régions du Royaume du Maroc, comme l'affirme le CMC.

Dilemme

Deux chiffres marquants ressortent de cette enquête. Ils sont révélateurs du malaise et du dilemme de plusieurs familles marocaines prises entre le marteau de la crise et l'enclume du rituel. Si 57 % des Marocains espèrent l'annulation de Aid Adha cette année, 75 % considèrent cependant que cette fête est l'occasion la plus importante pour renforcer les liens familiaux actuellement.

Un attachement exceptionnel à cette fête ! Au-delà de sa forte portée sociale, sa célébration reste essentiellement liée au facteur religieux comme le démontrent les chiffres de l'enquête. Ainsi, 82 % des participants considèrent que c'est la portée sacrée de cette fête qui les pousse à la respecter.

Un contraste est toutefois révélé par l'enquête du CMC qui nous apprend qu'en termes de perception, 61 % des participants au sondage estiment que la majorité des familles marocaines ont une motivation plutôt sociale pour acheter le mouton sacrificiel. Dans ce même sens, 60 % pensent que les familles marocaines ne peuvent pas renoncer à l'achat du mouton sacrificiel pour ne pas priver leurs enfants de l'Aïd.

Mesures "inadéquates" 

Ceci dit 48 % des sondés préfèrent ne pas célébrer la fête cette année alors que 44 % le désirent. 57 % estiment que l'annulation de la fête, cette année, va les soulager du "fardeau" du mouton et allégera considérablement la pression. Sur ce même registre, 85 % sont certains que les prix des bêtes seront largement plus chers cette année.

Quant aux mesures prises par le gouvernement, 75 % estiment qu'elles seront sans véritable impact pour les consommateurs. Pire, 64 % trouvent que ces mêmes mesures versent plutôt dans l'intérêt des éleveurs et des commerçants aux dépens du citoyen. Pour confirmer cette vision, 82 % estiment que l'Etat aurait dû verser ces aides financières directement aux familles économiquement vulnérables ; au lieu de les offrir aux importateurs de moutons.

D'où vient l'argent du mouton

Quant aux sources de financement du sacrifice, l'enquête nous apprend que 49,7 % des sondés financent les dépenses de l'Aïd avec leur salaire mensuel, 29,6 % par leurs économies, 3 % reçoivent une prime de leur employeur, 5,3 % empruntent à des connaissances, 3,7 % dépendent du soutien familial et environ 2 % obtiennent le mouton sacrificiel grâce à la famille, aux bienfaiteurs ou via des prêts auprès d'institutions de crédit. Le financement de L'Aid est un véritable casse-tête pour la plupart des sondés. Si 55 % le trouvent vraiment difficile, 23 % le qualifie de relativement dur alors que 17 % seulement n'y rencontrent aucune difficulté.

Cette enquête a été réalisée par le CMC à l'aide d'un formulaire en ligne diffusé principalement sur les réseaux sociaux, notamment Facebook et WhatsApp. " Une contribution à l'animation du débat public en impliquant les citoyens ", note le Centre marocain pour la citoyenneté dans sa présentation de cette enquête inédite. " La participation à cette enquête était cependant volontaire. Par conséquent, d'un point de vue scientifique, les résultats ne représentent que les opinions des participants. Toutefois, ils peuvent être considérés comme un reflet des tendances de l'opinion publique", tient à préciser le CMC.