Transition vers l'AMO : Quel avenir pour les courtiers d'assurance ?
Le passage à l'AMO risque de coûter cher aux intermédiaires de l'assurance.

Les courtiers d'assurance sont préoccupés par la transition vers l'AMO, prévue prochainement, qui menace leur avenir. Ils demandent un délai prolongé et cherchent des alternatives pour minimiser les pertes. (Vidéo)

Les courtiers d'assurance expriment de vives inquiétudes quant à leur avenir. La transition vers l'Assurance Maladie Obligatoire (AMO), risque de leur coûter cher. Les pertes sont estimées à quelques 400 MDH. « Certains intermédiaires seront plus affectés que d'autres, notamment ceux dont une grande partie du portefeuille concerne l'assurance maladie. Certains pourraient perdre jusqu'à 30-40 % de leur portefeuille, ce qui représente de nombreuses années de croissance qui s'évaporent soudainement », alerte le président de la FNACAM, Farid Bensaid lors de 8ème rencontre des agents et courtiers d’assurances tenue à Casablanca sous le thème : l’avenir de l’intermédiation d’assurance : entre la généralisation de l’AMO et les nouveaux métiers pour le réseau de la distribution ».

Des conséquences inévitables

Le président de la FMA, Mohamed Hassan Bensalah, est catégorique : ce transfert ne se fera pas sans conséquences pour toutes les parties prenantes, qu'il s'agisse des assurés, des intermédiaires ou des compagnies d'assurance. « Les entreprises et les salariés vont voir leurs cotisations augmenter de manière significative. Selon nos estimations, il faudra payer en moyenne 1 % de plus de la masse salariale en HT pour basculer à la CNSS, sans compter le coût de la complémentaire et celui des couvertures décès et invalidité », explique-t-il.

Il ajoute également que pour les compagnies d'assurance, ce ne sont pas moins de 4 milliards de dirhams de primes qui vont disparaître. « Sans oublier nos nombreux collaborateurs actuellement dédiés à l'assurance santé », précise-t-il.

À la fin de 2023, l'assurance maladie liée à l'article 114 représente 13,3 % de l'assurance non-vie et contribue, pour certains courtiers, à plus de 30 % des commissions perçues, avec la même problématique que les compagnies d'assurance quant aux ressources dédiées. « La situation est plutôt inquiétante et nous ne pouvons pas nous permettre de rester les bras croisés », souligne le président de la FMA.

Appel à la concertation

Farid Bensaid demeure persuadé que des solutions sont possibles, mais il insiste sur la nécessité d'une coopération étroite entre la FNACAM, les intermédiaires, le régulateur, les compagnies d'assurance et la CNSS. Afin d'atténuer l'impact de cette transition, les intermédiaires d’assurances réclament un prolongement du délai de mise en œuvre jusqu’en 2029. « Il est crucial de fixer une échéance la plus lointaine possible pour nous permettre, ainsi qu’à nos clients, de nous préparer adéquatement », préconise le président de la FNACAM.

Il ajoute également que « les compagnies d'assurance peuvent jouer un rôle clé en augmentant la commission des intermédiaires pour les encourager à vendre des complémentaires ». Une autre solution jugée cruciale est d'aborder la question de la TVA sur la complémentaire, avec la possibilité de l'exempter, comme pour d'autres risques.

Vers de nouvelles perspectives

Les avis sont unanimes : La diversification des métiers du réseau des agents et courtiers offre des perspectives prometteuses pour l’avenir de nos intermédiaires et pourrait être une alternative pour compenser les pertes futures. « En Europe, nous voyons déjà des intermédiaires adopter de nouveaux métiers, et nous allons tenter de suivre cet exemple.

Ces nouveaux services renforceront notre capacité à répondre aux besoins évolutifs du marché », note F.Bensaid ajoutant que « bien qu'un décret ait introduit deux nouveaux métiers, il est important que d'autres soient proposés pour compenser les pertes à long terme. Cependant, cela prendra du temps, car ces changements ne se mettent pas en place du jour au lendemain.

Une chose est sûre selon Bensalah : il est essentiel de ne pas s'écarter trop du cœur de métier de l'assurance. « Nous sommes des spécialistes de la gestion des risques, et nos réseaux doivent demeurer orientés vers le développement de nos produits », rappelle-t-il. Il annonce également qu'une étude a été lancée en collaboration avec l"ACAPS pour explorer de nouveaux leviers de développement du secteur.

Bensalah propose par ailleurs de rendre obligatoire la responsabilité civile habitation et de faire preuve de plus de créativité pour explorer de nouveaux horizons et prendre des risques sur des garanties jusque-là peu exploitées. Il cite ainsi l’exemple de la micro-assurance, de certaines responsabilités civiles professionnelles, et des garanties affinitaires.