France : les raisons de l’affaissement du centre
PH. AFP - Jordan Bardella

Emmanuel Macron avait-il d’autres choix, après les résultats des élections européennes, que de dissoudre l’Assemblée nationale ?

Les avis divergent, mais il l’a fait, ouvrant ainsi une nouvelle séquence qui révèle de nombreuses réalités ignorées depuis des années.

Cette nouvelle séquence n’est pas surprenante. La France est écartelée entre une gauche largement fragmentée, mais encore tenante d’une forme de résistance, et une droite dominée par l’extrême droite, qui a réussi à se normaliser, à se crédibiliser et maintenant à s’imposer.

Le centre, quant à lui, a plongé pour plusieurs raisons. D’abord, depuis des années, il ne répond pas aux attentes populaires sur des sujets qu’il a préféré élaguer. Ainsi, la question des services publics, violemment soulevée par les gilets jaunes, est devenue une simple opération comptable. Les problèmes posés par le traitement idéologique de la question de l’immigration représentent une énorme erreur.

Frappées de plein fouet par l’inflation, exclues des dispositifs d’aide destinés aux plus modestes et sans perspectives d’ascension sociale, les classes moyennes en France se tournent vers le Rassemblement national, qui a su mettre le doigt sur une des origines de leurs souffrances.

Dans un discours prononcé le 6 juin 1989 à l’Assemblée nationale, Michel Rocard s’était écrié : « Il y a, en effet, dans le monde trop de drames, de pauvreté, de famine pour que l’Europe et la France puissent accueillir tous ceux que la misère pousse vers elles. » Il n’était pas raciste.

Enfin, les effets ravageurs de la mondialisation sur les territoires n’ont été ni prévenus ni combattus.

Le centre et la gauche ont développé le faux étendard de l’arc républicain. Avec plus du tiers des intentions de vote, Jordan Bardella a toute la légitimité pour diriger la France. Toutes les formules en cuisine, du genre "tous contre Bardella”, sont idiotes parce qu’elles sont intenables. On agite l’article 16, qui donne les pleins pouvoirs au Président ; C’est une entorse grave à la démocratie qui pourrait avoir des conséquences incalculables.

Le seul moyen est de laisser la démocratie vivre avec les contre-pouvoirs constitutionnels.

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