Législatives françaises. Le régime victime de son arrogance
Image affligeante de la descente aux caniveaux de la politique française (Photo AFP)

L’avenir de la France est en train de se jouer et ce n’est pas une joie que de voir comment les choses évoluent. Le Rassemblement national est la vedette incontestée des législatives de dimanche prochain et du deuxième tour qui aura lieu le 7 juillet.

Le Rassemblement national était déjà la grand gagnant des Européennes avec un score que les sondages avaient prévu. Et certains s’inquiètent que le parti, encore appelé d’extrême droite, réédite l’exploit.

Si le RN réussit de manière aussi éclatante c’est que des Français veulent qu’il en soit ainsi. Ils veulent changer de régime. Le régime en cours a montré ses limites.Il ne peut plus rien offrir aux Français. Et c’est le président Emmanuel Macron qui le reconnaît lui-même. Comme des élus et ministres de sa majorité, qui n’existe plus, puisqu’il a décidé de dissoudre l’Assemblée nationale.

Maintenant ce qui se passe dépasse l’entendement. La gauche extrémisée, puisque associée aux extrémistes de la France insoumise et d’autres encore plus durs, manifeste dans les rues contre le RN.

Les magistrats menacent de lever le pied si ce parti arrive au pouvoir, les fonctionnaires ont fait de même et tout le monde en face menace. L’arrivée du RN serait la porte ouverte à la guerre civile, suggère le président. La guerre civile! ce n’est pas rien. On est dans une ambiance de pays sous-développé où on change les régimes par des coups de force. 

Parce que justement quand on se révolte conte le verdict des urnes, on est dans ce cadre. Les magistrats représentent un pouvoir à part, indépendant qui ne devrait pas intervenir en tant que tel dans les choix politiques des citoyens.Sinon, de quelle séparation des pouvoirs parle-t-on?

Quant aux fonctionnaires, leur mission est d’exécuter les décisions politiques et faire appliquer les lois. Le patron est le politique, c’est lui qui fait marcher la boutique. Du moins c’est ce qu’on apprend quand on étudie la démocratie. 

Par conséquent, se révolter d’avance contre un pouvoir particulier menace la démocratie elle-même. C’est cela le grand risque, pas un gouvernement dirigé par le RN. Il faut rappeler surtout qu’un parti ne se réduit pas à ses dirigeants. C’est l’expression de millions de Français qui ont des choix et qui pensent que le régime actuel ne répond pas leurs aspirations. 

La France est en ce moment divisée en deux blocs, le RN et les anti-RN. Nouveauté cependant, l’attitude de « surtout pas le Front populaire », l’ancienne appellation du RN, qui a poussé des ennemis politiques à voter les uns pour les autres aux deuxièmes tours des présidentielles et des législatives passées ne semble plus opérer.

Car en face, il y a la gauche et le clan présidentiel qui se détestent plus qu’ils ne détestent le RN. Quand on pose la question à des politiques du centre de savoir pour qui voter en cas de deuxième tour entre la gauche et le RN, plusieurs d’entre eux n’arrivent pas à répondre ou affirment qu’ils ne voteront pas ou qu’ils voteront blanc.

Certains se contentent de dire qu’ils ne voteraient pas pour le Nouveau front populaire rendu infréquentable à cause de la France insoumise et son chef de file. 

Le RN se trouve dans une situation plutôt confortable et les sondages lui accordent une grande avancée. Son problème n’est pas d’arriver en tête, cela il en est certain, mais d’avoir la majorité absolue pour pouvoir gouverner et mettre en oeuvre son programme.

Les autres, que ce soit la gauche ou le centre macronien se battent pour limiter la casse. Les stratégies sont différentes. La campagne des deux se base fortement sur la diabolisation du RN. Leur seule promesse est d’empêcher le RN de gouverner.

Parce qu’ils essaient de faire croire aux Français que le RN au gouvernement c’est le chaos, le déluge, bref, la fin de la France.

Mais est-ce que la France est encore debout et surtout peut-elle encore marcher? 

Pas sûr. Sur le front économique, c’est un désastre. Gros déficit budgétaire, endettement stratosphérique, baisse du pouvoir d’achat et de la compétitivité internationale, perte de marchés et de sources de matière premières à cause de la politique extérieure catastrophique, surtout en Afrique… 

A l’international, le décor n’est pas plus gai. Les positions vis-à-vis du conflit russo-ukrainien, de la guerre au Proche-Orient, le double jeu avec l’Iran, les dérapages en Afrique compliquent la situation. La France a perdu en crédibilité à l’international et c’est une grosse perte qui a ses conséquences en interne. 

Lorsque S&P dégrade sa note souveraine c’est une sanction infligée à sa politique économique qui compliquera encore plus ses finances. 

Finalement, la France est la victime de l’arrogance du pouvoir qui continue à penser que le pays peut tout faire. La réalité a montré que non et la confrontation frontale avec la puissante Russie ne laisse aucun doute là-dessus.