Le Mali vise à renforcer ses relations économiques avec le Maroc
Mossadeck Bally, président du conseil national du patronat malien (CNPM).

Le Mali participe activement au FIAD. Quels sont ses objectifs escomptés ? Quelles perspectives de renforcement des relations économiques avec le Maroc ? Quels secteurs prioritaires sont mis en avant ? ...Le président du conseil national du patronat malien (CNPM), Mossadeck Bally, fait point.

L'Observateur du Maroc et d'Afrique: Quelle est l'importance de la participation du CNPM au FIAD 2024 ?

Mossadeck Bally: Le FIAD revêt une importance capitale pour nous. C'est dans ce genre de forum que l'on peut discuter du potentiel économique d'un pays, comme le Mali par exemple. Je suis très heureux de constater la présence d'une forte délégation malienne, comprenant des représentants de l'État malien, des agents gouvernementaux, des chefs de services publics, des dirigeants d'agences, ainsi que des patrons et des clients de la Banque internationale pour le Mali (BIM).

Aujourd'hui, ce forum rassemble plus de 40 pays et attire plus de 22 000 participants. C'est une occasion unique de faire du réseautage, de mettre en avant le potentiel économique de son pays, de créer des relations et peut-être de nouer des joint-ventures avec des investisseurs venus de divers continents.

Quelles opportunités économiques spécifiques espérez-vous explorer ou voir se concrétiser à travers votre participation ?

Le Mali est une puissance agricole endormie. Nous disposons de 43 millions d'hectares cultivables, de vastes ressources en eau souterraine et de surface, ainsi que d'une abondance de soleil et d'une population jeune. Le développement agricole est crucial pour notre pays, et nous souhaitons vraiment développer ce secteur primordial. Le Maroc possède une excellente expérience en matière de développement agricole, ayant réussi à devenir l'un des plus grands exportateurs de fruits et légumes vers l'Europe. Nous-mêmes, au Mali, bénéficions de l'expertise agronomique marocaine et souhaitons collaborer avec les entrepreneurs marocains pour développer ce secteur.

En outre, le secteur du tourisme et de l'hôtellerie est également une priorité. Le Maroc est l'un des leaders en Afrique dans ce domaine, ayant développé une expertise notable avec des institutions comme la SMIT. Nous aimerions développer les fondations de l'hôtellerie et du tourisme, ainsi que la planification des zones touristiques. Nous avons également le soutien d'acteurs clés.

Quelles sont les perspectives de renforcement des relations économiques bilatérales avec le Maroc ?

Nous avons une excellente coopération avec le Maroc sur le plan économique, et cela mérite d'être renforcé, surtout dans le domaine de la formation. Nous souhaitons que le Maroc accorde davantage de bourses aux jeunes Maliens pour venir étudier au Maroc. Nous espérons que Royal Air Maroc mette en place deux ou trois vols par jour entre Casablanca et Bamako et développe même des lignes intérieures au Mali, ce qui ouvrirait encore plus d'opportunités

Nous aimerions également que le Maroc s'intéresse à notre sous-sol, car le pays dispose d’une expertise avérée dans ce domaine. Nous collaborons déjà beaucoup dans le secteur des engrais. Et Il y a de nombreux domaines où le Maroc et le Mali peuvent améliorer leur coopération.

Comment envisagez-vous concrétiser ce renforcement des relations économiques entre le Maroc et le Mali ?

En tant que président du CNPM, j'ai eu ce matin, une rencontre très constructive avec le président de la CGEM et son équipe. Les discussions se poursuivront dans les jours à venir en vue de signer un protocole d’accord entre le patronat marocain et le CNPM pour renforcer les excellentes relations économiques entre le Maroc et le Mali. Comme vous le savez, de nombreuses grandes entreprises marocaines sont déjà établies au Mali, dont un cimentier marocain. Nous avons réellement l'intention de développer des joint-ventures avec d’autres entreprises marocaines grâce à cet accord, renforçant ainsi les partenariats solides entre les entreprises des deux pays.

Quel rôle jouera, selon vous, la ZLECAf dans la promotion de la coopération Sud-Sud ?

La ZLECAf est primordiale et extrêmement importante. Si nous parvenons à la mettre en œuvre avec succès, ce projet transformera l'Afrique, actuellement composée de 54 pays distincts, en un marché unique regroupant 1,5 milliard de consommateurs, et potentiellement plus de 2 milliards à terme. L'abolition des frontières douanières, aériennes et terrestres facilitera grandement les échanges commerciaux entre les nations africaines, stimulera la croissance économique et renforcera considérablement la coopération Sud-Sud. Cela permettra également de diversifier les économies nationales en encourageant la spécialisation et l'intégration des chaînes de valeur à travers le continent, favorisant ainsi une plus grande résilience économique face aux chocs externes et une industrialisation accrue des secteurs clés.