Moudawana: Les femmes victimes prennent la parole
Les femmes marocaines prennent la parole...

Tentative ultime des activistes féministes avant la validation finale de la nouvelle Moudawana. Une séance d’écoute publique des témoignages vivants de femmes « victimes » de l’actuel Code de la famille est prévue ce mercredi 3 juillets à Rabat.

Alors que le projet de la nouvelle Moudawana entre en dernière ligne droite avant sa sortie, la Fédération des ligues des droits des femmes (FLDM) et le réseau LDDF-injad organisent une séance d’écoute publique de témoignages vivants et poignants de femmes « victimes » de l’actuel Code de la famille.

La voix des femmes

« Des femmes qui vivent dans la souffrance et qui subissent de graves injustices à cause des lois inadaptées de l’actuelle Moudawana. Ce sont des victimes qui se sont réfugiées dans nos centres d’écoute et qui viennent aujourd’hui témoigner de vive voix et à visage découvert. Avec grand courage, elles partageront leurs histoires issues d’un vécu bien réel dans une société bien marocaine », nous explique au téléphone Samira Mouhiya, présidente de la FLDM.

« Sans tabous, écoutez-moi et rendez-moi justice !», c’est sous cet intitulé interpellant que la fédération organise cette séance ouverte au grand public ce mercredi 3 juillet 2024, à partir de 9h30 à la salle Allal Fassi  à Rabat. Vingt destins, vingt détresses racontées par les propres mots de vingt femmes venues des quatre coins du Maroc : d’Al Houceima, de Larache, de Fquih Bensaleh, Souk Sebt, Oujda, Ouarzazate, Mohammedia, Khouribgha… 

« Chacune de ces femmes dont le courage est à saluer, souffre d’une forme ou de formes complexes de violence basée sur le genre. Une violence légale, financière, familiale, sociale… ce sont des récits sur les problèmes liés au divorce, à la pension alimentaire, à la paternité, à l’héritage, aux droits des enfants et des femmes marocains », détaille Samira Mouhiya.

Réalité marocaine

Cette dernière insiste sur l’épithète « Marocains » et explique pourquoi. « Cette séance d’écoute publique est une réponse à tout ceux qui accusent les associations féministes de s’inspirer et de vouloir calquer les modèles occidentaux sur notre société », argumente la présidente de la FLDM avant de s’adresser aux détracteurs du changement.

« Venez écouter en direct ces femmes ayant souffert d'injustice, de discrimination et de marginalisation à cause des dispositions du Code de la famille. C’est un vécu bien marocain et c’est à partir de cette réalité que nous avons construit notre plaidoyer pour une Moudawana égalitaire et juste », plaide la militante.

Femmes, moteur de changement

Pour la FLDM, cette séance est une manière de faire de ces « victimes » un moteur de changement. En plus du grand public invité à cette rencontre, la séance d’écoute verra la participation d'acteurs politiques et parlementaires ainsi que de militants des droits humains et autres juristes. Selon la FLDM, cette invitation ouverte devrait permettre à tous de réagir aux contenus de ces témoignages et à formuler des plaidoyers. « A travers les échos de cette séance d’écoute, nous aspirons aussi à toucher les membres du Conseil supérieur des Oulémas et à les sensibiliser à la souffrance de ces femmes et de celles qui n’osent pas parler », ajoute Samira Mouheya.

A rappeler que le Souverain a donné, vendredi 28 juin 2024, ses hautes directives au Conseil Supérieur des Oulémas, pour examiner certaines questions contenues dans les propositions de l’Instance chargée de la révision du Code de la Famille. Ceci en se référant aux principes et préceptes de l’Islam et ses desseins tolérants et pour soumettre une Fatwa à leur sujet à la haute appréciation du Souverain.