Projet SOliD. Appel insistant à une troisième phase
Vue de la séance de clôture du projet Solid II avec mise en exergue de notre interviewé Luc Triangle

Des partenaires sociaux du nord et du sud, du Maghreb et du Machrek ont appelé, le 12 juillet à Bruxelles, au parachèvement du programme SOLiD par une troisième phase. Celle de l’application des recommandations issues des deux premières phases. La balle est désormais dans le camp européen. La Confédération Syndicale Internationale a appuyé cet appel, comme le confirme son secrétaire général à L'Observateur du Maroc.

SOLiD pour «South Med Social Dialogue» (Dialogue Social Sud Méditerranée) est, comme son nom l’indique, un projet pilote dont l’objectif est la promotion du dialogue social dans le voisinage sud-méditerranéen de l’Europe. Il a été mis en œuvre dans sa première phase (SOLiD I) au Maroc, en Tunisie et en Jordanie, avant d’être étendu au Liban, à l’Algérie et à la Palestine. La société civile y a été intégré en tant que partenaire à part entière, aux côtés et au même niveau que les organisations d'employeurs et de travailleurs, soulignent ses initiateurs pour bien mettre en exergue sa particularité.

SOLiD I (2016-2019) et II (2020-2024) ont permis non seulement de cerner les problèmes qui se posent en matière de dialogue social dans les pays ciblés, mais aussi de leur trouver des solutions concrètes et pratiques en proposant des outils pédagogiques promouvant le dialogue apaisé y compris des vidéos didactiques. Le tout avec comme aboutissement souhaité la réalisation des douze Objectifs de Développement (ODD) fixés par l’ONU.

La diversité du consortium qui coordonne ce projet dans sa globalité a aidé à l’enrichissement de sa production qui a été, de bout en bout, le fruit d’une démarche largement participative. Le Conseil économique, social et environnemental marocain (CESE) y a pris part aux côtés de la Confédération syndicale internationale (CSI), la Confédération syndicale arabe (ATUC), l'Union Méditerranéenne des Confédérations d'Entreprises (BUSINESSMED-UMCE), le Réseau des ONG arabes pour le développement (ANND), l'Institut syndical italien pour la coopération et le développement (ISCOS), Progetto SUD, l'Association des industries du Portugal (AIP), SOLIDAR et la Conseil national belge du travail (CNT Belgique).

Le financement de 3,750 millions d'euros, déboursé à 80% pour la première phase par l'Union européenne et à 20% par la Confédération syndicale internationale, auquel s’est ajouté près de 3,334 millions d’euros pour la deuxième phase a été rigoureusement suivi. Il a permis la tenue de nombreuses réunions au Maroc, au Liban, en Jordanie, en Belgique et dans d’autres pays où les jeunes, les femmes et les catégories vulnérables de travailleurs ainsi que l’informel, entre autres, étaient au cœur du débat. 

L’appel de Bruxelles

La séance de clôture de la phase II de SOliD a été tenue le 12 juillet à Bruxelles. Plus de 100 recommandations, pratiques, ont été adoptées à cette occasion. Pouvant servir de feuille de route pour les pays du sud de la Méditerranée, ce fruit du brainstorming lancé dans le cadre des deux phases nécessite une troisième étape qui sera celle de l’application. C’est ce qu’a déclaré la directrice du projet SOLiD, Hind Ben Ammar. Son appel a été réitéré par l’ensemble des parties prenantes dont font partie, du côté marocain, la CGEM, l’UGTM et la CDT. La Confédération syndicale internationale est favorable pour une phase III de SOLiD, comme l’a expliqué son secrétaire général, Luc Triangle, à L’Observateur du Maroc. Cette organisation qui regroupe 338 syndicats implantés dans près de 170 pays et territoires, représentant quelque 200 millions de travailleurs, ne prévoit pas de changement de cap concernant cette coopération avec les pays du sud, malgré les changements politiques survenus au sein de l’Union européenne. Au passage, Triagle souligne l’importance de la préservation de la relation Maroc-UE.

En tout cas, ayant participé à la séance de clôture de SOLiD II, le Directeur général de l’organe en charge du voisinage et des négociations d"élargissement au sein de la Commission européenne, Stefano Dotto ; le président du Conseil économique et social européen, Thomas Wagnsonner et le Directeur des affaires sociales, Business Europe, Maxime Cerutti ont été des témoins directs de l’enthousiasme des représentants des pays du sud à couronner ce projet par une nouvelle étape. Eux-mêmes ont salué le franc succès des deux précédantes phases, comme l’ont fait le président de Businessmed, Tarek Tawfik ; le président Confédération Syndicale Arabe, Shaher Saad et le président de la commission Sociale de la CGEM, Hicham Zouanat.

Certes, dans les coulisses, des craintes ont été tout de même exprimées pour l’avenir de ce projet unificateur au vu de de la reconfiguration que sont en train de connaître les organes décisionnaires de l’UE après la fulgurante montée de l’extrême droite en son sein. Toutefois, tous nos interlocuteurs européens et sud-méditerranéens affirment garder espoir, estimant qu’il est de l’intérêt des européens d’encourager la paix sociale dans la rive sud de la Méditerranée. Anticipant le changement d’agenda, certains ont souligné que la future phase souhaitée du projet SOLiD pourrait servir de plateforme idoine pour débattre de la question migratoire qui s’impose partout en Europe comme l’un des sujets de préoccupation majeurs. La balle est donc désormais dans le camp européen.

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