Amnistie royale, quel impact sur la vie des cultivateurs de cannabis  
Grand soulagement pour les cultivateurs poursuivis ou recherchés

L’amnistie royale pour les cultivateurs de cannabis ne changera pas seulement la vie de ces derniers ; mais aussi celle de toute une communauté ayant longtemps vécu dans l’inquiétude et l’instabilité à cause de l’illégalité de leur activité. Zoom sur l’impact social de la grâce royale.

A l'occasion de l'anniversaire de la Révolution du Roi et du peuple, le Souverain a gracié 4 831 personnes condamnées, poursuivies ou recherchées pour des affaires liées à la culture du cannabis. « L’amnistie royale accordée aux cultivateurs de cannabis marque un tournant crucial pour les régions concernées, avec des implications profondes sur les plans social et économique » analyse Chakib El Khayari, coordinateur du Collectif pour l’usage médical et industriel du cannabis.« Environ 60 000 familles, représentant près de 400 000 personnes, dépendent de la culture du cannabis pour leur survie. Cette mesure répond aux attentes des habitants et des organisations de la société civile en signalant un changement significatif dans la politique de régulation du cannabis au Maroc », poursuit-il.Une « Epée de Damoclès » éliminée Au-delà de son aspect humanitaire, l’amnistie royale accordée aux cultivateurs de cannabis aurait une dimension sociale d’une importance capitale comme l’explique l’acteur associatif à L’Observateur du Maroc et d’Afrique. D’après El Khayari, en mettant fin aux poursuites judiciaires contre les cultivateurs, la grâce royale améliorera leur qualité de vie en éliminant la menace constante d'incarcération et de poursuites judiciaires. « Cela créera un environnement plus stable, propice à l'expression libre des aspirations des habitants et au développement communautaire. La levée des poursuites juridiques facilitera également l'intégration socio-économique des cultivateurs en leur offrant des opportunités économiques légales », ajoute El Khayari. Ce dernier n’oublie pas l’impact sur les familles des cultivateurs amnistiés. « Ces dernières seront soulagées du stress, de la pression psychique et sociale et des difficultés liées à ces poursuites. Cette amélioration du climat de sécurité et de coopération locale peut considérablement stimuler le développement local et renforcer la démocratie participative », explique le coordinateur du Collectif pour l’usage médical et industriel du cannabis.Acteurs de la régulation du cannabisMême son de cloche du côté de Mohamed El Guerrouj, le directeur général de l'Agence nationale de réglementation des activités relatives au cannabis (ANRAC) qui s’est exprimé lors d’un point de presse à Rabat, au lendemain de l’annonce de la grâce royale. Le responsable a affirmé que cette amnistie permettra une intégration renforcée des agriculteurs, producteurs et cultivateurs dans le processus de régulation du cannabis, compte tenu de leur expertise dans ce domaine.« Cette attention royale constitue une étape décisive et un tournant vers la fin des cultures illégales en les remplaçant par des cultures légales et des activités alternatives », ajoute le responsable. Ce dernier a par ailleurs souligné l’impact psychique et social de l’amnistie royale sur le moral des populations locales des zones du kif « en créant un climat de sérénité et de tranquillité parmi ces agriculteurs et leurs familles et en dissipant les craintes exprimées sur le terrain lors des rencontres avec l'Agence », explique El Guerrouj.Stabilité sociale D’après le directeur de l’ANRAC, l’initiative royale permettra d'ouvrir de nouvelles perspectives et opportunités économiques pour la population locale et le secteur privé, tant national qu'international. « Elle contribuera à l’amélioration des revenus et des conditions de vie de cette catégorie de personnes dans un cadre légal et structuré », précise Al Guerrouj. Le responsable note par ailleurs l’importance de cette amnistie dans le processus de la régulation de la culture du cannabis et son succès.Chakib El Khayari verse dans le même sens en insistant sur l’impact de la grâce royale sur la stabilité psychologique, sociale et économique dans les zones de culture du cannabis. « La grâce royale favorise la transition vers une politique de légalisation du cannabis plus inclusive et équilibrée. Elle contribue ainsi à une meilleure intégration sociale et à une régulation plus efficace de cette culture du cannabis », note-t-il.Frein au traficLe coordinateur du collectif estime que l’amnistie royale constituera un coup de pouce décisif pour la mise en œuvre de la loi n° 13.21 sur les usages licites du cannabis. « Ceci devrait mettre fin à la relation entre les cultivateurs et les trafiquants de drogue en offrant une voie légale et régulée pour la culture et la vente du cannabis. Ce processus reflète en effet un engagement clair pour un développement durable et pour l'amélioration des conditions de vie dans les zones de culture du cannabis », conclut El Kayari.