Boulangeries en crise. La profession divisée
Le secteur des boulangeries fait face à la concurrence informelle et à des coûts de production élevés.

Le secteur des boulangeries, confronté à la concurrence informelle et à des coûts croissants, est divisé : certains veulent manifester, tandis que les représentants de la profession privilégient le dialogue. Le président délégué de la fédération marocaine des propriétaires de boulangeries et de pâtisseries, Houcine Azaz clarifie la situation et appelle à l'unité.

Le secteur des boulangeries traverse une crise sévère, aggravée par la montée de la concurrence informelle et divers défis économiques, notamment l'augmentation des coûts de production. Cependant, cette situation révèle aussi une fracture au sein de la profession. Alors que certains boulangers choisissent de privilégier le dialogue avec les autorités dans l'espoir de trouver des solutions durables à leurs difficultés, d'autres optent pour les manifestations afin de faire entendre leur voix. Ils prévoient d'ailleurs de se rassembler le 16 octobre prochain devant le ministère de l'Agriculture et de la Pêche pour exprimer leurs préoccupations, une date qui coïncide avec la journée internationale du pain.Houcine Azaz, président délégué de la fédération marocaine des propriétaires de boulangeries et de pâtisseries, a déclaré à l’Observateur du Maroc et d’Afrique que cette manifestation ne représente pas la position de la Fédération, qui est engagée dans des négociations constructives avec l'État. Il avertit que cela risque de compliquer la situation : « Le droit de manifester est légitime, mais cela pourrait nuire à notre position en pleine période de dialogue. Ce n'est pas le moment de se disperser, mais plutôt de rester unis dans notre lutte pour nos droits. »La prolifération de l'informel, un défi majeurHoucine Azaz reconnaît que le secteur est en crise. Un des principaux problèmes auxquels les boulangers sont confrontés est la prolifération du secteur informel, où de nombreux établissements opèrent sans licence, sans infrastructures adéquates et sans contrôle. « Ces boulangeries surgissent comme des champignons, et les commissions de contrôle, comme l'ONSSA, ne s'attaquent souvent qu'aux boulangers respectant les lois, tout en laissant l'informel prospérer », déplore-t-il.Les boulangers formels sont soumis à des charges lourdes, notamment des taxes communales, la TVA, l'IS, l'AMO et la CNSS, créant ainsi une concurrence déloyale. Azaz appelle à la mise en place d'un cadre organisé pour réguler le secteur : « Nous avons des années d'expérience, des impôts à payer et des engagements financiers. Nous ne sommes pas là pour rien. La fiscalité fixe est un fardeau pour nous, surtout lorsque d'autres ne paient rien. »Un contrat programme en attentePour faire face à ces enjeux, un contrat programme a été élaboré à partir d'une étude qui a établi un diagnostic du secteur de la pâtisserie, tant moderne que traditionnelle. Ce contrat a été approuvé par les ministères de l'Intérieur, de l'Agriculture, du Commerce, de l'Industrie et des Finances, en collaboration avec la fédération. Cependant, sa signature, prévue en 2019, a été suspendue en raison de la pandémie de COVID-19.Une réunion cruciale est prévue le 14 octobre au ministère de l'Agriculture pour avancer sur ces questions. « Plusieurs points importants seront à l'ordre du jour lors de cette rencontre », précise-t-il. Pour l'instant, le représentant des boulangers reste optimiste quant aux discussions en cours avec l'État : « Nous espérons que le contrat programme sera actualisé et validé, ce qui permettra d'améliorer les conditions de travail dans notre secteur. » Il promet également que si le dialogue n'aboutit pas, le secteur sera prêt à exprimer son mécontentement à travers diverses formes de protestation