Transition énergétique. 100 milliards de dollars en jeu
La transition énergétique au centre des débats à Marrakech

La transition énergétique au Maroc offre des opportunités de croissance, mais comporte aussi des risques. Le public appelle à un financement rapide, tandis que le privé insiste sur l'innovation et l'intégration technologique.

Lors de son intervention, à l’occasion de la 4e édition du « World Power to X Summit », Leila Benali, la ministre de la transition énergétique et du Développement durable, a plaidé pour une approche proactive, mettant en avant l'importance des projets pilotes sur le méthanol vert et les électrolyseurs. « Il est essentiel de mobiliser toute la chaîne de production pour garantir un développement rapide des technologies », a-t-elle noté. Pour elle, l'humilité face aux changements dans les politiques fiscales et industrielles est plus cruciale que jamais.Opportunités et défisFace aux bouleversements globaux, Benali a insisté sur l'accélération des financements dès 2024, affirmant que « le monde exige une croissance rapide. » Elle a également souligné l'importance d'un financement structuré et d'un environnement institutionnel transparent pour évaluer les risques.En conclusion, elle a évoqué les secteurs vitaux que sont l’électricité, l’industrie et le transport, qui tireront profit de ces innovations. « Réévaluons et accélérons nos progrès, comme le préconisent les experts internationaux », a-t-elle exhorté, invitant chacun à embrasser l'innovation et la coopération.De son côté, Ryad Mezzour, Ministre de l’Industrie, a évoqué le potentiel d'un marché de 100 milliards de dollars en lien avec les nouvelles technologies. Selon lui, une opportunité se dessine pour le Maroc, qui pourrait capter entre 3 et 4 milliards de dollars au cours des prochaines années. Pour y parvenir, il est essentiel, d’après lui, d’atteindre un taux d’intégration locale de 30 à 60 %. « Autrefois, l'objectif de valeur ajoutée se situait entre 25 et 30 %, mais l'heure est désormais à la restructuration économique pour maximiser la production locale, estimée à 30 milliards de dollars », fait-il savoir.Le sommet a été l’occasion de réfléchir à la place du Maroc comme futur leader de l’innovation dans le secteur des énergies vertes. Avec des estimations de création de 20 à 30 millions d’emplois d’ici 2030, la transition énergétique pourrait transformer le paysage économique. Toutefois, cette transformation n’est pas sans défis : on estime qu’elle pourrait entraîner la perte de 60 à 70 millions d’emplois dans d'autres secteurs.Ce qu’en pense le patronatDe son côté, Chakib Alj, président de la CGEM, a mis l’accent le rôle crucial du secteur privé et des actions citoyennes dans la transition énergétique. Selon lui, la politique actuelle est à la fois fiable et axée sur l'avenir, prête à relever des défis tels que le stockage de l'énergie et la décarbonisation des industries. Il a noté que les énergies renouvelables, qui devraient représenter 25 % de la consommation énergétique mondiale d'ici 2050, continuent de croître, créant ainsi de nombreuses opportunités d'emploi.Alj a également affirmé que le monde se trouve à un tournant, offrant des opportunités uniques pour produire des énergies renouvelables à moindre coût, en s'appuyant sur des ressources naturelles comme le soleil et la pluie. Il a mis en avant la promesse d'un marché du travail dynamique, capable de créer non seulement des emplois, mais aussi un écosystème robuste englobant des entreprises de toutes tailles.Il a insisté par ailleurs sur l'importance d'intégrer de nouvelles technologies et d'encourager l'adoption de solutions innovantes. Selon lui, le secteur privé doit être au centre de cette évolution, en œuvrant pour une amélioration industrielle et une décarbonisation stratégique, afin de participer activement à un écosystème en pleine mutation.