Un oeil sur le budget algérien 2025? Fermez les yeux!
Le ministère des Finances d'Alger. Dépenser le double de ce qu'on récolte, faut vraiment oser.

Il n’y a pas mieux que le budget pour apprécier la situation économique d’un pays. Il en reflète aussi la situation politique. Le budget algérien doit faire face à ses dépenses mais aussi nourrir le Polisario, l’armer, le gâter aussi pour qu’il reste sur la ligne. Voyons cela de plus près!

La situation économique de l’Algérie est devenue vraiment inquiétante. Et le projet de budget de 2025 le montre bien. L’Etat prévoit des recettes de 63,3 milliards de dollars, grâce dit-on à l’amélioration des recettes fiscales.Or cette amélioration est due en grande partie à la dépréciation du Dinar face aux devises étrangères principalement le dollar et l’euro.

Les recettes étant connues, combien l’Etat va-t-il dépenser? Comme le déficit budgétaire représente un risque important pour l’économie, en principe, on doit y aller doucement sur la dépense.Pas du tout.L’Etat algérien y va quand même, 125,34 milliards de dollars. C’est presque le double des recettes. Et le déficit, suit, c’est mécanique: 62 milliards de dollars, soit 21,8% du PIB. Quand ont sait que des pays sont sanctionnés pour des déficits de plus de 3% du PIB, eh bien on se tient la tête.

Ici, on préfère utiliser le dollar pour une meilleure compréhension par ce qu’en dinar algérien, les chiffres sont trop gros.

Ainsi donc, le déficit sera de 62 milliards de dollars, et il faudra le financer. Comment? C’est là toute la question. En fait, il n’y a pas trente six moyens, il faut emprunter. Et le trésor public est déjà lourdement endetté. La dette nationale brute par rapport au PIB atteindrait 63,9 % du PIB en 2025. Elle était de 55,1 % en 2023, 58,8 % en 2024.

Dans ces emprunts il y a ceux qu’on appelle prêts de la banque d’Algérie (la banque centrale), autrement dit, la création de monnaie fiduciaire, ce qu’on désigne par la Planche à billet qui met en circulation des moyens de paiement qui n’ont aucune contrepartie. L’inflation adore ça, c’est son plat principal.

Le grand déficit de l’Algérie est inévitable. L’Etat doit encore augmenter les salaires du secteur public ainsi que les subventions aux denrées alimentaires de base. Le budget est en majorité dirigé vers des dépenses de fonctionnement, laissant peu de choses aux dépenses d’investissement.Par ailleurs, il faut encore une fois donner à l’armée ce qui revient à l’armée, 23 milliards de dollars pour une population estimée à 45 millions d’habitants. Par comparaison, l’Iran, pays en guerre par procuration (pour le moment) et qui fournit la Russie en matériel de guerre, avec une population de plus de 70 millions d’âmes, ne dépense que 11 milliards de dollars pour ses militaires. Un pays en paix, qui ne fabrique aucune arme, qui ne traite pas bien ses soldats dépense comme une puissance militaro-industrielle. Mais où va donc tout cet argent se demandent les Algériens.

Le budget de l’armée engloutit plus de 36% des recettes. Deux grosses liasses iront encore aux transferts sociaux et à l’augmentation des salaires. Le pays est dans une logique de recherche de paix sociale. La dynamique industrielle n’est même pas à l’ordre du jour.

Néanmoins, le déficit va enrager les prix et l’inflation va encore augmenter, annulant les augmentations de salaires. En plus, la monnaie qui se dégrade en conséquence va pousser les Algériens, qui ont une épargne, à acheter des devises, dans un mouvement de sauve-qui-peut général.

Le phénomène est déjà réel. Il faut 260 dinars algériens pour obtenir un euro sur le marché noir (le square) alors que le taux officiel, maintenu d’ailleurs artificiellement, tourne autour de 160 dinars.

La situation échappe à tout contrôle malgré les mesures administratives d’interdiction des importations de plusieurs produits et la très maigre dotation touristique des Algériens qui ne dépasse pas 100 euros par an et dont les citoyens réclamaient l’augmentation. Visiblement, ce n’est pas encore possible.

Il faut noter que le pays s’est lui-même mis en difficulté. Il a pris des décisions anti-économiques contre plusieurs pays, interdisant des échanges pour la simple raison que ces pays prennent position sur une question qui ne regarde l’Algérie ni de près ni de loin.

Le soutien au Polisario coûte, cher, très cher.D’autant plus qu’il faut entretenir un « Etat » avec son gouvernement, ses ministres, son armée, leurs vacances aux Maldives ou à la Costa Del Sol, sur le territoire algérien. C’est que les Algériens appellent la république de Tindouf.

Cependant, les Algériens ont commencé à comprendre depuis qu’ils ont vu le chef du Polisario voyager dans luxe de leur avion présidentiel et loger dans les meilleurs hôtels à leurs frais. Ils comprennent également chaque fois qu’ils vont au marché.

On sait maintenant pourquoi la planche à billet tourne à plein régime....militaire