Première mondiale. Lancement d’une offensive inédite à Rabat contre les armes chimiques
La conférence réunit quelque 140 participants venus de 40 Etats parties de la CWC

Le nom du Maroc restera dans les annales comme étant le pays ayant abrité la première réflexion-action de grande envergure au niveau mondial sur l’utilisation de l’IA comme arme efficace contre les armes chimiques.

Le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, Nasser Bourita a co-présidé, mardi 22 octobre à Rabat, avec le directeur général de l'Organisation pour l’Interdiction des Armes Chimiques, Fernando Arias, la séance inaugurale de la toute première conférence internationale sur l’IA et l’application de la Convention sur les armes chimiques.Axé sur le rôle de l’intelligence artificielle (IA) dans l’avancement de la mise en œuvre de la Convention sur les Armes Chimiques (CWC), cet évènement réunit plus de 140 participants étrangers, dont des représentants de plus de 40 États Parties à la Convention pour l’Interdiction des Armes Chimiques, ainsi que des experts internationaux issus des domaines de la science, de l’industrie, de la société civile et du monde académique.C’est devant cette large audience que Nasser Bourita a réaffirmé l’engagement constant du Maroc pour la gouvernance des nouvelles technologies émergentes dans le cadre multilatéral, inspiré par la Vision et les Orientations de Sa Majesté le Roi Mohammed VI.«L’organisation de cet évènement reflète la déclinaison de la vision avant-gardiste du Maroc et de l’OIAC pour aborder les défis et discuter des opportunités que l’IA présente pour la Convention et ses États Parties», a ajouté le ministre.Bourita a en outre rappelé les quatre principaux objectifs visés par le Maroc à travers son engagement pour la tenue de cette conférence. Le premier est sa volonté d’approfondir les discussions sur les nouvelles dimensions du désarmement multilatéral, suit son désir de voir la compréhension collective des défis posés par l’utilisation de l’IA se renforcer. S’y ajoute son souhait de contribuer à identifier les opportunités pour renforcer les dispositions clés de la Convention grâce à l’IA, et enfin la reconfirmation de son adhésion aux efforts internationaux pour atteindre les Objectifs de Développement Durable (ODD) en utilisant les capacités de l’IA pour promouvoir une utilisation pacifique de la chimie.Dans le cadre de ses propositions concrètes, le Maroc, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, a mis en avant le potentiel crucial de l’IA pour renforcer la transparence et la confiance mutuelle entre les États parties à la Convention. Nasser Bourita a souligné que l’IA, en améliorant les mécanismes de vérification et de coopération, peut jouer un rôle déterminant dans l’optimisation des processus de reporting et d’analyse des données, notant que ces avancées technologiques permettraient de consolider les dispositions de la CIAC, tout en garantissant que l’IA soit exclusivement utilisée à des fins pacifiques.Le ministre a également proposé de doter le Comité Scientifique Consultatif de ressources supplémentaires pour lui permettre d’explorer davantage le potentiel de l’IA, renforçant ainsi l’engagement des États Parties envers les dispositions de la Convention. «Cela contribuerait à garantir que l’IA ne creuse pas l’écart entre les États développés et en développement, mais qu’elle soit plutôt un levier pour une participation équitable aux efforts de non-prolifération», a-t-il précisé.Par la même occasion, Bourita a expliqué l’esprit de l’approche du Maroc en matière d’IA, qui s’articule autour de l’utilisation responsable et éthique de cette technologie, tout en maintenant un équilibre entre la réglementation nécessaire et l’innovation, garantissant ainsi la protection de la vie privée, le respect de la diversité culturelle et un usage éthique de l’IA.Le ministre a aussi mis en lumière les défis critiques liés à la fracture technologique et à l’impact environnemental du développement des infrastructures de l’IA, insistant sur l’importance de surmonter ces obstacles, en particulier en Afrique, où 60 % de la population n’a toujours pas accès à Internet et où moins de 2% des données utilisées dans l’IA sont localisées sur le continent.Insistant sur l’importance de la coopération internationale, Nasser Bourita a mis l’accent sur les partenariats Sud-Sud, Nord-Sud et triangulaires pour le développement des capacités en matière de l’IA dans les pays en développement, insistant sur la nécessité d’une coopération efficace pour combler la fracture numérique et éviter que l’Intelligence artificielle ne contribue à aggraver les injustices environnementales pesant sur les pays en développement.Il a ensuite relevé qu’une coopération internationale efficace permettrait de garantir que l’IA soit un outil au service de la paix et de la sécurité mondiales, tout en servant à combler la fracture technologique qui affecte particulièrement les pays en développement.Dans ses grandes lignes, les messages du Maroc convergent avec ceux lancés par le directeur général de l'Organisation pour l’Interdiction des Armes Chimiques. En prenant la parole à l’ouverture de la conférence comme lors d’une brève déclaration à la presse, le directeur général de l'Organisation pour l’Interdiction des Armes Chimiques a, lui aussi, sur la coopération international comme élément clé pour que le monde puisse tirer le meilleur de l’IA et éviter ce qu’elle pourrait engendrer de pire. Et le pire dans l’industrie chimique, ce sont les armes dont certaines peuvent être massivement destructrice. Se réjouissant des résultats enregistrés l’année dernière, Fernando Arias a insisté sur l'engagement salutaire du Maroc pour faire avancer le combat engagé contre les armes chimiques. "Le Royaume du Maroc a eu la vision, la générosité et l'initiative d'organiser cette excellente conférence qui nous offre l'opportunité d'analyser les effets positifs et négatifs de l'IA concernant les armes chimiques", a-t-il déclaré, tout en remerciant Nasser Bourita pour avoir eu l'idée d'inviter les participants à se réunir à Rabat. Arias a aussi affirmé que l’organisation qu’il dirige a achevé la destruction de l’ensemble des armes chimiques les plus dangereuses déclarées par ses membres, soit 72 tonnes au total. Voici en vidéo l’intégralité de sa déclaration. Organisé par le Maroc, en partenariat avec l’OIAC, la première Conférence Internationale de grande envergure consacrée au rôle de l’IA réunit plus de 140 participants étrangers, dont des représentants de plus de 40 États Parties à la Convention pour l’Interdiction des Armes Chimiques, ainsi que des experts internationaux issus des domaines de la science, de l’industrie, de la société civile et du monde académique.Pendant trois jours, les participants vont explorer des thèmes variés tels que les applications de l’IA dans la chimie, les défis liés à la gouvernance éthique de l’IA, et son rôle dans la lutte contre le terrorisme chimique.Pour rappel, le Maroc est le premier pays africain et arabe à avoir mis en œuvre la Recommandation de l'UNESCO sur l'éthique de l'IA. Le Royaume a également co-sponsorisé les premières résolutions de l'ONU sur l'IA et lancé, en partenariat avec les États-Unis, le "Groupe des Amis de l’Intelligence Artificielle pour le Développement Durable".Ce groupe vise à mobiliser les efforts pour accélérer la réalisation des Objectifs de Développement Durable (ODD), où l’IA, alliée à la chimie, pourrait jouer un rôle clé.Créée en 1997 pour mettre en œuvre la Convention sur les Armes Chimiques, l’Organisation pour l’Interdiction des Armes Chimiques œuvre pour un monde exempt d’armes chimiques. Avec 193 États membres, l’OIAC a reçu le Prix Nobel de la Paix en 2013 pour ses efforts exceptionnels en matière de désarmement. Aujourd’hui, l’OIAC continue de jouer un rôle central pour prévenir la réémergence des armes chimiques et promouvoir une utilisation pacifique de la chimie.