Payer ses impôts, Premier acte citoyen
Ahmed Charai

La question du fisc est sur toutes les lèvres, suite à une campagne de la Direction des impôts à l’adresse des professions libérales. Pour certaines d’entre elles, la sagesse a fini par prévaloir. Les syndicats ont ratifié des accords qui permettent, par le biais d’une rectification volontaire, sur une base forfaitaire, de solder les quatre derniers exercices. C’est une amnistie fiscale qui ne dit pas son nom. Mais c’est une solution qui permet aux deux parties de repartir sur de nouvelles bases et ce dès l’exercice 2018.

La presse a publié des chiffres inquiétants sur l’ampleur de l’évasion voir de la fraude fiscale. En fait l’on se rend compte que seuls les salariés et les entreprises structurées, modernes, payant leurs impôts. C’est une véritable plaie. Nous savons tous que ce sont nos impôts qui permettent de construire les routes, les écoles, les hôpitaux, d’assurer la sécurité etc… La citoyenneté commence par le paiement des impôts. Parce que c’est ce qui permet d’exiger, ensuite, des services publics de qualité, une politique de solidarité…

L’acceptabilité de l’impôt au Maroc est très faible. C’est un constat confirmé par les chiffres publiés. Les raisons invoquées n’ont que l’apparence de solides motifs. Ainsi c’est la faiblesse des services publics, en particulier l’école et la santé, qui justifierait le refus de payer ses impôts. C’est l’histoire de l’oeuf et de la poule. Si l’Etat ne collecte pas correctement les impôts, quel moyen a-t-il pour améliorer le service public ?

Il faut le reconnaitre c’est un problème culturel, des pans de la société considèrent que l’impôt est une dîme indue et tentent de s’y soustraire en faussant les déclarations sur les revenus. Dans ce contexte, la Direction des impôts ne fait que son devoir en contrôlant les contribuables. Tout en précisant que c’est le législateur qui fixe la fiscalité et non pas une direction dédiée à la collecte au service de l’Etat et de son fonctionnement.

Le contrôle des dépenses de l’Etat et de leur pertinence est institutionnalisé. C’est le gouvernement qui présente le budget, c’est le parlement qui le vote et c’est à ce même parlement d’apprécier l’action de l’exécutif. Ce n’est pas au citoyen de marquer sa désapprobation en refusant d’apporter son écot et de payer sa part à la communauté. Quant à la pression fiscale, il n’y a qu’une seule possibilité pour qu’elle baisse. Il faut que la base s’élargisse, que tous les contribuables payent.

Alors, et seulement alors, on pourra envisager une baisse sérieuse des taux. Car l’Etat a des dépenses contraignantes qu’il ne peut financer uniquement par la dette.

Le civisme fiscal est la première des réponses à l’ensemble des problématiques du Maroc. Disposant de plus de ressources, l’Etat pourra développer l’investissement public au profit de l’ensemble de l’économie ainsi que les services publics, signes de la solidarité agissante. Cette culture mérite un vrai débat, au-delà du travail de la Direction des impôts dont le contrôle est sa vocation.