Laurence Fishburne : « J’adore le Maroc, je me sens chez moi ici »

Habitué aux personnages charismatiques, autoritaires et caractériels, l’acteur américain qui privilégie les films d’action a collaboré avec les plus grands réalisateurs depuis son plus jeune âge notamment Francis Ford Coppola « Apocalypse Now » et Steven Speilberg « La couleur pourpre ». Incarnant souvent des rôles teigneux et menaçants, celui qui a séduit le grand public avec son personnage du sage Morpheus dans la trilogie Matrix, et du Dr "Ray" Langston dans la série Les , revient sur ses rôles les plus marquants, son expérience mémorable avec Spike Lee, ainsi que ses derniers films « Black Panther » réalisé par Ryan Coogler et « Last Flag Flying » signé Richard Linklater.

 

 

 

Ce n’est pas votre 1ère fois à Marrakech. Vous êtes un peu un habitué des lieux ?

 

Oui, c’est ma quatrième fois à Marrakech et ma 3e fois au festival. J’adore le Maroc, je me sens chez moi ici, tout le monde est si accueillant et chaleureux, j’adore la culture, la nourriture, l’art et l’histoire de ce pays, même avant que je ne vienne ici. Le jour où j’ai mis les pieds sur le sol marocain, je me suis dit : Ah, c’est pour cela que j’aime ce pays ! C’est toujours un honneur pour moi d’être ici, j’aime bien comment le festival s’agrandit, je veux juste revenir autant de fois que je le pourrais.

 

Vous êtes connus pour vos rôles de super héros que vous interprétez à la perfection, notamment celui de Perry White. Qu’est ce qui vous a inspiré pour ce rôle ?

 

Mon inspiration pour le rôle de Perry White dans « Man of Steel et Batman V Superman », c’était principalement Ed Bradley dans « 60 minutes ». Je le connaissais un peu, c’était une sorte de héro pour moi, j’ai beaucoup de respect pour lui.

 

 

Vous avez eu des regrets de ne pas avoir tourné dans Pulp Fiction ?

 

Non, c’était une excellente décision que j’ai prise parce que Sam Jackson me l’a volé (rires), c’est ce qu’il a fait de lui une star, j’adore ce mec, on a grandi ensemble, on a fait du théâtre ensemble à New York, on a été à l’école Spike Lee ensemble. Sam est devenu l’icône du film, et c’est ce rôle qui lui a permis en quelque sorte de devenir Samuel L. Jackson.

 

Que pouvez-vous nous dire à propos de Spike Lee ?

 

Il y a tellement de choses à dire à propos de lui, on n’aurait jamais pu faire Malcom X sans lui, il y a beaucoup d’afro-américains qui ont fait carrière dans l’industrie du cinéma grâce à lui comme le designer Wynn Thomas, la costumière Ruth E. Carter, Samuel L Jackson, ou l’actrice et réalisatrice Rosie Perez. Spike Lee est juste un géant du 7e art.

 

Qu’avez-vous retenu des leçons de l’école Spike Lee ?

 

C’était très intéressant et enrichissant. En fait, j’étais au bon endroit et au bon moment, c’est en quelque sorte ce qui nous a permis de tourner des classiques ensemble comme School Daze (1988), j’ai récemment revu ce film et j’ai été complètement bluffé par la qualité de ce film et par son message politique très fort qui parle de l’affrontement qui oppose deux groupes d'étudiants afro-américains aux idées opposées, et qui montre très bien ce conflit entre les Noirs politisés et ceux qui acceptent le statu quo, grâce à leur position sociale, leur éducation ou même leur couleur de peau.

Parlez-nous un peu de l’importance du film « Black Panther » des studios Marvel, réalisé par Ryan Coogler ?

 

C’est un film que les afro-américains et les Africains et ceux de la diaspora…en général voulaient voir depuis des centaines d’années. C’est un film qui élève le genre de super-héros à de nouveaux sommets, le premier de l'univers cinématographique Marvel à se focaliser sur un héros de couleur. Vous avez deux princes dans ce film, si vous voyer le scénario, le point de vue européen de l’histoire, vous avez toujours des princes et des rois, des princes qui se battent toujours pour une cause. Parfois, les embrouilles des Noirs sont les plus sexys !

 

Vous pensez que les choses ont changé à Hollywood maintenant ?

 

Ça n’a pas d’importance de ce que je pense, il y aura toujours plus, pas de la façon dont on voudrait ni aussi rapide que l’on souhaiterait. Mais concernant le respect de la diversité, du genre, ces choses ont forcément changé depuis que j’ai débuté dans ce métier il y a une quarantaine d’années, ça s’améliore, les gens n’essaient plus mais ils réussissent. On a différentes histoires, les choses continueront à changer, avant c’était des rêves,… je travaillais avec Kevin Spacey dans le film « Las Vegas 21 », on ne savait pas de quoi Robert Luketic parlait, mais en fait, tout a changé, comme ses conseils qui ont changé notre façon de vie, et notre rapport aux autres. Donc, dans les années à venir, les choses changeront encore et encore.

 

Vous avez tourné dans « Last Flag Flying la dernière tournée » (2017) réalisé par Richard Linklater avec Bryan Cranston et Steve Carell. Comment trouvez-vous Linklater en tant que réalisateur et cinéaste indépendant qui alterne cinéma expérimental et productions « grand public » ?

 

Oui, Linklater filme les retrouvailles de trois anciens combattants du Vietnam. Il est juste génial, vous savez, on partage un anniversaire lui et moi. Il est extraordinaire, il a fait ce film depuis le Texas, c’est un maître dans le genre, il te rend les choses tellement simples, …c’est marrant, en me décrivant une situation, il me dit : « il y a une scène où l’actrice va parler et toi tu vas écouter, et je lui ai dit : ok, je vais écouter (rires)… ».

 

Quels sont les rôles que vous rêvez de jouer ?

 

Il y en a tellement, c’est une question piège, je ne peux pas vous donner la bonne réponse, parce que si je ne le joue pas, les gens ne vont pas être indulgents avec moi.