Ce n’est pas sérieux !
Ahmed CHARAI

Cela fait deux mois que le gouvernement n’a pas de majorité. D’autres démocraties ont connu des périodes semblables plus longues. Mais il s’agissait de clivages politiques importants. Entre le RNI et le PJD, les négociations tournent autour de l’architecture de l’exécutif. Mezouar et les siens ne veulent pas être de simples supplétifs complétant une majorité claudicante et c’est une position normale pour un parti qui passe de l’opposition à la majorité.

Ce qui n’est pas normal, c’est le comportement du chef du gouvernement. Devant le congrès de la jeunesse de son parti, il a renouvelé son discours stigmatisant tous les opposants, évoqué la possibilité d’aller vers des élections anticipées et réaffirmé qu’il n’était pas pressé d’arriver à un accord avec le RNI. C’est une attitude peu responsable, alors que le PJD n’est pas majoritaire et qu’il n’a pas accédé aux affaires suite à une révolution. Saâd Eddine El Othmani réitère ces vérités et salue la stabilité, l’exception marocaine.

Des gens comme El Khalfi, sont dans cette perspective, d’autres se murent dans un silence assourdissant. Le Maroc a besoin d’un gouvernement agissant. Des périls mortels sont sur la place publique : déficits structurels, faillite des systèmes de retraite, perte en compétitivité sont établis par les rapports du gouvernement lui-même. Le manque de visibilité est réel. Les investisseurs n’ont aucune raison de se risquer dans un pays au cockpit vide. Les assises de la fiscalité avaient dégagé des pistes, la caisse de compensation est un drame national, l’école est en faillite.

C’est la réponse à ces défis que les citoyens attendent. Le devoir du gouvernement est d’y répondre. Ce que nous avons, c’est une rentrée politique sans horizon. Qui va préparer la loi de Finances? Quel contenu aurat- elle et quelles réponses apportera le gouvernement à la question des déficits ?, nul n’en a aucune idée. Le chef du gouvernement refuse d’assumer sa responsabilité d’homme d’Etat et préfère le statut de leader partisan. Ce n’est pas sérieux parce que cela décrédibilise les institutions et met en péril l’avenir du pays. La politique politicienne n’est pas un mode de gouvernance. как готовить соте из овощей