Opinions : Téhéran finance le terrorisme alors que l'économie s'effondre en Iran

Par Struan Stevenson *

 

Malgré sa civilisation riche et ouverte, l’Iran est devenu un paria international et son régime théocratique est condamné pour ses violations des droits de l’homme et son exportation du terrorisme. En même temps, ses 80 millions de citoyens, dont plus de la moitié a moins de 30 ans, sont dans le dénuement économique total, dans un contexte de coupures de courant, de pénuries d’eau et des prix qui ont augmenté de plus de 50%.

Depuis l’entrée en vigueur, le 5 novembre, de la deuxième tranche des sanctions américaines ciblant les secteurs pétroliers et bancaires, l’Iran produit un million de barils de brut de moins par jour. Cela a coûté 2 milliards de dollars à l'économie iranienne depuis novembre, pourtant les mollahs continuent de financer le terrorisme.

La chute de l'Iran dans le chaos économique est directement imputable au Guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, et au président Hassan Rohani. Leur politique expansionnisme au Moyen-Orient les a engagées dans une guerre meurtrière en Syrie aux côtés de Bachar al-Assad, et dans le soutien dispendieux aux milices extrémistes en Irak, au Yémen et au Liban. Dans ce dernier pays, plus de 750 millions de dollars sont versés annuellement au Hezbollah qui agit comme une force supplétif pour le compte de Téhéran. Cette situation n'est plus tenable.

Combiné à la corruption du système, il n'est pas surprenant qu’un pays qui possède la deuxième réserve mondiale de gaz et la quatrième réserve mondiale de pétrole, soit confronté à une crise économique aigue et à un mécontentement populaire grandissant. Des millions d'Iraniens sont descendus dans la rue depuis plus d'un an pour protester contre l’incurie des mollahs et les dépenses injustifiées dans la belligérance et la terreur. Pour se maintenir au pouvoir, les Gardiens de la révolution islamique ont sévit cruellement contre les manifestants et les grévistes, avec des dizaines de personnes tués et quelques 12 000 personnes arrêtées après la vague de protestation déclenchée depuis janvier 2018.

Pour détourner l'attention du public, les autorités ont organisé un certain nombre de procès d’hommes d'affaires. Plusieurs ont été exécutés pour contrebande, notamment Vahid Mazloumi, qualifié de « sultan de la monnaie » et Hamid Darmani, qualifié de « sultan de la bitume ». Trente-trois autres hommes d’affaires ont été emprisonnés pour corruption.

Or la véritable corruption est l’œuvre des institutions financières qui sont contrôlées par les Gardiens de la révolution et les fondations du Guide suprême. Vingt-huit banques et secteurs industrielles couvrant l'acier, l'aluminium et la production automobile ont été confisqués après la révolution de 1979 et remis aux fondations islamistes. En 2013, la Fondation du Guide suprême a été évaluée par Reuters à plus de 95 milliards de dollars. Ces fondations ne paient pas d'impôt et n'ont aucune responsabilité quant à la façon de dépenser leur argent. Les Gardiens utilisent ces fondations pour diffuser la révolution islamique dans les pays du Moyen-Orient et finance les usines de fabrication de missiles balistique et le projet nucléaire.

La mainmise des Gardiens sur l'économie iranienne est désastreuse. On estime qu’il y a 75 000 projets de construction inachevés en Iran, parce que l'argent alloué dans le budget du gouvernement n’est jamais dépensé pour ces projets. Ce dernier doit 150 milliards de dollars aux entrepreneurs et ses dettes ne cessent d’augmenter. La destruction des capacités de production iraniennes qui en résulte est considérable. Trente-huit sociétés cotonnières ont fermé l'année dernière. Un millier d'usines fabriquant des réfrigérateurs, des téléviseurs, des textiles etc. ont jeté l’éponge. Le chômage de masse a été le résultat inévitable, avec 1,2 million de chômeurs de plus en Iran chaque année, principalement parmi les jeunes. Selon les chiffres publiés dans la presse iranienne, le salaire mensuel moyen d'un travailleur ne suffit aujourd'hui que pour une semaine. Cela amène beaucoup de gens à vendre leurs organes, reins et moelle osseuse, pour subvenir à leur besoin. Rien qu’à Téhéran, 20 000 personnes dorment dans la rue, dont 5 000 femmes.

Selon le Fonds monétaire international, en 2018 l'Iran a eu une croissance négative de 1,5%. Il prévoit une croissance négative de 3,6% pour 2019 et une diminution de 97 milliards de dollars du PIB.

Le régime islamiste n'offre aucune solution à la crise économique et ne montre aucun signe de vouloir changer sa politique axée sur la déstabilisation et l’expansion régionale. La société iranienne est confrontée au chaos et le régime n’a pas la capacité de réformer l'économie. Au lieu de cela, les mollahs se concentrent sur la diabolisation du principal mouvement d’opposition démocratique, les Moudjahidine du Peuple.


* Struan Stevenson, eurodéputé de 1999 à 2014, est coordinateur de la « Campagne pour le changement en Iran ».

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