Libre cours
Naim KAMAL

Probablement qu’au moment où vous aurez entre les mains cette chronique, le chef du gouvernement, Abdalilah Benkirane, n’aura pas encore achevé sa harassante mission de constituer un nouveau gouvernement. Quelle importance pourrait-on dire du moment que gouvernement majoritaire ou pas, amputé de son quart ou pas, le pays roule. Soit. Il n’empêche que ce ne peut être sans incidences importantes sur les intérêts des citoyens et entre autres sur la préparation de la loi de Finances 2014. Mais surtout sur le moral des ministres, de leurs collaborateurs et de tous ceux qui en dépendent. En dehors de l’ancien ministre de l’économie et des Finances, Nizar Baraka qui a été recyclé avant même que sa démission ne devienne effective, tous ses anciens confrères, leurs collaborateurs et l’ensemble de ceux qui en dépendent sont dans une attente lancinante comme une douleur peut l’être.

Le regard rivé sur le téléphone. Sonnera, sonnera pas. Une sonnerie et c’est un sursaut. De temps en temps, ils le prendront pour vérifier qu’il n’est pas hors zone ou que la puce est bien en place. L’occasion pour Abdalilah Benkirane de savourer les délices de ce nouveau pouvoir et de découvrir en même temps son monde tel qu’il est. A commencer par ses amis du PJD. Entre ceux qui ne veulent pas partir et ceux qui aimeraient arriver, on joue des coudes et des relations, on se plie en quatre et on se multiplie par dix pour que l’on soit toujours dans le radar. Cocasses scènes, néanmoins, comment veuton qu’un responsable dans cette configuration soit dans un état d’esprit qui lui permette de diriger une équipe, prendre une décision ou du moins une bonne décision? Scènes qui dévoilent mieux encore Abdallah Baha. On savait que le ministre d’Etat comptait beaucoup pour le chef du gouvernement.

On devinait que leur relation avait platoniquement, ou pas, quelque chose de charnel. Les tractations de Abdalilah Benkirane avec Salaheddine Mezouar ajoutent du poivre à la moutarde et démontrent que le chef du gouvernement et son ministre d’Etat ont un rapport fusionnel. Il n’y a pas une respiration que le premier puisse faire sans le second. Tous les hommes d’Etat, quel qu’en soit le niveau, ont besoin de conseillers et de collaborateurs proches. Qu’ils savent reléguer au second plan pour garder les allures de seul maître à bord. Entre Benkirane et Baha, rien de tout cela. Leur interdépendance tourne à la tutelle doublement mauvaise. Pour le chef du gouvernement qui s’en retrouve infantilisé et finit par compromettre son charisme. Et Pour Baha qui devient de plus en plus aux yeux de ses amis comme de ses ennemis l’incarnation du mauvais génie. translate to english to spanish